Lynch à Herzliya : neuf adolescents arrêtés après une agression d’une violence inouïe

C’est une scène qui glace le sang. Un adolescent de 16 ans, roué de coups dans un parc public d’Herzliya, par un groupe de neuf jeunes âgés de 14 à 16 ans, qui l’avaient attiré dans un guet-apens sous prétexte d’une “sulha” — une réconciliation. La rencontre devait apaiser un différend banal entre lycéens. Elle s’est transformée en lynch collectif, filmé par les caméras de sécurité, et diffusé sur les réseaux sociaux.

Les faits se sont déroulés en début de semaine dans le quartier résidentiel d’Herzliya Pituach. Selon le rapport de la police du district de Tel-Aviv, les assaillants avaient planifié leur attaque. “Ils ont contacté la victime via les réseaux sociaux, lui ont proposé de s’expliquer dans un jardin public, puis l’ont encerclé et frappé avec une brutalité extrême”, explique le porte-parole de la police, inspecteur Gal Itzhaki.

Les images, désormais entre les mains des enquêteurs, montrent une dizaine de garçons en sweat-shirts foncés donnant des coups de pied et de poing à leur camarade, à terre, sans défense. Les cris des passants se mêlent à la violence des coups. “C’était un carnage”, confie une témoin à la chaîne N12. “Le garçon criait à l’aide, mais personne n’osait s’interposer.”

Les policiers du poste de Glilot ont arrêté les neuf suspects à leur domicile dès l’aube. Lors des perquisitions, des téléphones portables et des vêtements tachés de sang ont été saisis. Le juge pour mineurs a ordonné leur détention provisoire, estimant qu’ils représentaient “un danger pour la sécurité publique”.

La victime, hospitalisée à l’hôpital Meïr de Kfar Saba, souffre de fractures multiples et d’un traumatisme crânien léger. Ses parents ont remercié les équipes médicales et dénoncé une “culture de la violence” qui gangrène les lycées. “Ce ne sont pas des enfants perdus, ce sont des prédateurs en puissance”, a déclaré la mère du jeune garçon.

Selon l’enquête, le mobile du passage à tabac tiendrait à un différend amoureux, aggravé par des échanges humiliants sur les réseaux sociaux. Mais les enquêteurs parlent surtout d’un “effet de meute” alimenté par TikTok et des défis viraux glorifiant la violence. “Ces jeunes voulaient mettre en scène leur domination, pas résoudre un conflit”, estime le psychologue pour adolescents Dr. Shlomi Amiel.

Les autorités israéliennes réagissent avec inquiétude. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a demandé un renforcement immédiat de la présence policière autour des établissements scolaires. “Ce n’est pas une simple bagarre, c’est une tentative de meurtre. Israël doit redevenir un pays où l’on a peur de la loi, pas de ses enfants”, a-t-il déclaré.

La mairie d’Herzliya a annoncé l’ouverture d’un programme spécial de médiation scolaire et la mise en place de psychologues dans les collèges. Mais sur les réseaux, la colère monte : “Où étaient les adultes ? Où sont les valeurs ?”, s’indignent des parents.

L’affaire relance aussi le débat sur la responsabilité pénale des mineurs en Israël. Actuellement fixée à 14 ans, elle est souvent jugée “trop clémente” face à la multiplication des violences juvéniles. La députée Limor Son Har-Melech (Otzma Yehudit) a déposé une proposition de loi pour abaisser l’âge de responsabilité à 13 ans en cas de crime violent.

Le phénomène des “lynchs scolaires” n’est pas isolé. Depuis le début de l’année, la police a recensé 43 agressions collectives impliquant des mineurs. “Les smartphones ont remplacé les cours de morale”, déplore l’éditorialiste Hagai Segal. “On se filme en frappant au lieu de réfléchir avant d’agir.”

Ce drame choque d’autant plus qu’il survient dans une période où la société israélienne se cherche entre fermeté et compassion. Tsahal, symbole de discipline et de solidarité, est souvent citée comme contre-exemple : “Nos soldats de 18 ans protègent le pays, pendant que nos adolescents de 15 ans le déshonorent”, résume un officier de réserve.

L’adolescent agressé, toujours hospitalisé, a tenu à témoigner depuis son lit :

“Je croyais qu’ils voulaient faire la paix. Quand j’ai vu leurs yeux, j’ai compris qu’ils voulaient me briser. J’ai eu peur de mourir.”

Un silence lourd s’installe en Israël autour de cette affaire, miroir d’une jeunesse violente, désorientée, et d’une société qui peine à trouver la juste mesure entre liberté et autorité.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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