Lynn Par, mannequin israélienne connue pour avoir été l’un des visages de l’affaire Shai Avital, se retrouve aujourd’hui au centre d’un nouveau scandale, bien plus grave. Arrêtée à Petah Tikva pour suspicion de meurtre, elle est soupçonnée d’avoir été impliquée dans la mort violente d’un homme retrouvé au pied de son immeuble. L’affaire, d’abord considérée comme un suicide, a rapidement viré au drame judiciaire dès la découverte de traces de coups de couteau sur le corps de la victime.
Les faits remontent à la mi-octobre. Selon la police, Lynn Par aurait convié trois hommes chez elle pour une soirée où la consommation de stupéfiants était de mise. Plus tard dans la nuit, un quatrième homme, identifié comme le fils d’un détenu purgeant une peine de réclusion à perpétuité pour meurtre, aurait rejoint le groupe. Une dispute éclate, les voix montent, et soudain, tout bascule : l’homme est poignardé avant de chuter, ou d’être poussé, depuis la fenêtre de l’appartement. Quand les secours arrivent, il est déjà mort. Les enquêteurs soupçonnent désormais qu’il n’a pas sauté de lui-même. Lynn Par et les trois hommes présents ont été arrêtés et placés en détention prolongée, le temps de recueillir davantage d’éléments.
Dans son entourage, les réactions oscillent entre sidération et déni. « Elle n’a rien fait, elle était simplement là », affirment ses proches, évoquant une jeune femme brisée par un engrenage qui la dépasse. Son avocate, Me Anat Yaari, de la défense publique, déclare : « Lynn est une femme sans passé judiciaire, prise dans un conflit entre voyous. Elle a collaboré pleinement avec la police et nie formellement toute implication. » Les enquêteurs, eux, n’écartent pas la possibilité d’un accord de coopération avec la suspecte : la mannequin pourrait devenir témoin de l’accusation dans une affaire plus vaste.
Ce n’est pas la première fois que le nom de Lynn Par se retrouve dans la presse pour de sombres raisons. En 2021, elle avait témoigné contre l’agent de mannequins Shai Avital, accusé d’agressions sexuelles par une trentaine de femmes (Haaretz). À l’époque, elle s’était exprimée publiquement, dénonçant « un système qui écrase les femmes » et confiant sa peur d’éventuelles représailles. « Je prie pour que cet homme ne se venge pas, disait-elle. Il a détruit la vie de tant de femmes. » Ironie tragique du destin : quatre ans plus tard, c’est elle que la justice soupçonne d’avoir participé à un crime sanglant.
Le contraste est saisissant : une jeune femme qui incarnait la parole libérée devient, à son tour, protagoniste d’une affaire criminelle. Derrière cette chute brutale se cache le miroir d’une société israélienne où la gloire, la drogue et la violence se frôlent dangereusement. L’affaire Lynn Par pose aussi la question des dérives d’un certain milieu du divertissement, où les excès sont monnaie courante et où la frontière entre prestige et précarité morale se dissout vite. La consommation de stupéfiants, les fréquentations douteuses et les soirées qui dégénèrent rappellent que le monde des paillettes n’est souvent qu’un vernis fragile sur des réalités bien plus sombres.
Sur le plan judiciaire, la police israélienne enquête pour homicide volontaire et complicité de meurtre — des chefs d’accusation passibles de la réclusion à perpétuité. Les procureurs envisagent aussi d’exploiter les éléments numériques récupérés sur les téléphones des suspects : conversations, vidéos, géolocalisations. Des preuves qui pourraient déterminer si la victime a été poussée ou si elle a chuté après avoir été poignardée. D’un point de vue légal, la défense tentera d’argumenter sur l’absence d’intention homicide, espérant faire requalifier les faits en homicide involontaire ou en obstruction de justice.
Mais au-delà de la procédure, cette affaire secoue l’opinion israélienne. Elle expose les failles d’un système médiatique fasciné par la célébrité autant qu’obsédé par sa chute. Elle révèle une culture de l’instant et du scandale, où l’ascension fulgurante d’une figure publique peut s’effondrer en un battement de flashs. Lynn Par n’est plus seulement une icône de mode : elle est devenue un symbole tragique de la désillusion, celle d’une génération qui cherche à briller sans toujours mesurer le prix du feu.
Tandis que la police poursuit ses investigations, une question demeure : s’agit-il d’une erreur de jugement, d’une simple présence au mauvais endroit, au mauvais moment — ou d’une implication réelle dans un meurtre ? Quelle que soit l’issue, l’image de la jeune femme au regard déterminé, autrefois porte-voix des victimes de l’industrie, restera entachée. Une chute vertigineuse, qui témoigne du brouillage constant entre le monde du glamour et celui du crime, entre l’innocence et la perdition.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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