La récente déclaration d’Emmanuel Macron a fait l’effet d’un électrochoc à Jérusalem. Le président français a osé mettre sur le même plan les Israéliens enlevés et détenus à Gaza et les terroristes palestiniens incarcérés pour le massacre du 7 octobre. Une comparaison qui dépasse le champ politique : elle touche au cœur de la morale. Assimiler des civils kidnappés à des assassins qui ont égorgé des bébés, c’est franchir une ligne rouge.
Cette équivalence scandaleuse ne surgit pas dans le vide. Elle s’inscrit dans un climat européen où l’antisémitisme, trop souvent banalisé, trouve parfois des relais politiques. Celui qui brouille la frontière entre victime et bourreau, volontairement ou non, offre en réalité une caution idéologique aux forces les plus dangereuses.
Mais au-delà du discours français, c’est aussi l’attitude israélienne qui interroge. Alors que certains en Israël préfèrent accuser Tsahal de « crimes contre des innocents », l’essentiel n’est pas dit : un soldat qui défend sa patrie contre une organisation terroriste meurtrière n’est pas comparable à un terroriste qui égorge des civils. Cette vérité élémentaire devrait être martelée, partout et en toutes langues.
Or, la hasbara – la communication publique israélienne – reste défaillante. Faute d’une stratégie unifiée, les messages officiels se dispersent entre différentes unités de communication, parfois contradictoires, souvent tardifs. Résultat : pendant que nos ennemis imposent un narratif simpliste et homogène, Israël offre au monde une cacophonie où l’essentiel se perd.
Pour Danit Barbibay, trois réformes s’imposent :
- La création d’une autorité nationale de communication indépendante, dotée de moyens, capable de répondre en temps réel sur toutes les scènes – diplomatiques, médiatiques, numériques.
- L’adoption d’un narratif national clair et partagé, qui rappelle inlassablement la différence morale entre la légitime défense et le terrorisme.
- Un investissement massif dans la diplomatie publique, formant non seulement les responsables politiques, mais aussi les citoyens prêts à porter la voix d’Israël sur les réseaux sociaux et dans les forums internationaux.
« Nous dépensons des milliards pour notre défense et notre renseignement, mais nous négligeons l’un de nos atouts stratégiques majeurs : la bataille de l’opinion », résume l’experte. Dans un monde où les perceptions façonnent la politique, gagner la guerre des idées est aussi vital que remporter une bataille militaire.
Cette lutte n’est ni de gauche ni de droite, ni religieuse ni laïque. Elle concerne tous les Israéliens – Juifs et Arabes, nouveaux immigrants et citoyens de longue date. Car le terrorisme, lui, ne distingue pas les victimes. Si Israël ne redresse pas sa voix, d’autres continueront à la déformer. Et lorsque la vérité se tait, le mensonge triomphe.
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