Alors que Donald Trump a réussi à imposer une cessation des hostilités entre Israël et l’Iran après une semaine d’escalade dramatique, les capitales européennes se réveillent désorientées, marginalisées, et à peine informées des développements cruciaux. Pour l’Union européenne, le constat est cruel : ni partenaire déterminant, ni même médiateur de confiance. Une fois encore, les décisions stratégiques ont été prises sans elle.
D’un côté, les images de frappes israéliennes chirurgicales sur les installations de Fordow et Natanz, de l’autre, les déclarations triomphantes de Trump révélant la présence d’agents israéliens sur les sites ciblés. Et entre les deux ? L’Europe, réduite à commenter les événements plutôt qu’à les influencer.
En France, Emmanuel Macron a choisi une ligne critique. Il a publiquement condamné les frappes américaines, estimant qu’elles n’avaient « aucune base juridique ». Le président français, qui s’était d’abord montré plus nuancé vis-à-vis des frappes israéliennes, a ensuite changé de ton face aux faits accomplis. Cette position ambiguë illustre l’isolement croissant de Paris dans le dossier moyen-oriental. En défendant une légalité internationale que plus personne ne respecte, Macron s’adresse à une audience en déclin.
Outre-Rhin, le chancelier allemand Friedrich Merz a été plus clair : il a exprimé un soutien sans équivoque à l’opération israélo-américaine, déclarant que « Israël a fait le sale boulot pour nous tous ». Une position courageuse, mais peu relayée en Europe. Dans un climat de prudence diplomatique, Berlin semble être l’exception plutôt que la règle. Si l’Allemagne affirme sa solidarité avec l’allié israélien, elle peine à entraîner l’Union derrière elle.
Le cas britannique frôle la caricature. Le Premier ministre Keir Starmer, fraîchement rentré d’une rencontre avec Trump lors du G7, assurait qu’aucune frappe n’était prévue. Moins de 48 heures plus tard, les installations nucléaires iraniennes étaient dévastées. Londres, pourtant partenaire historique de Washington, n’avait reçu qu’un bref message juste avant les frappes. Une mise à lécart humiliante, symbolique de l’affaiblissement du Royaume-Uni sur la scène géopolitique mondiale.
Cette mise hors-jeu ne se limite pas aux capitales. L’Union européenne elle-même a été tenue à l’écart des tractations. Aucune réunion d’urgence à Bruxelles, aucun rôle dans la déescalade. Les émissaires européens à Téhéran n’ont obtenu ni concessions ni accès à des négociations substantielles. Pire encore : selon plusieurs sources américaines, les rencontres organisées par les Européens n’ont servi qu’à endormir la vigilance de l’Iran avant l’offensive.
Les manifestations pro-iraniennes à Londres, Berlin ou La Haye révèlent un autre malaise : celui d’une opinion publique qui, pour une partie, prend fait et cause pour le camp de la République islamique. Des drapeaux de Khamenei ont flotté dans les rues européennes, au moment même où Tsahal neutralisait des chefs des Gardiens de la révolution. La fracture est profonde entre les réalités stratégiques et les perceptions idéologiques.
L’Europe apparaît ainsi divisée, timorée, et fondamentalement absente des décisions historiques. Tandis que Trump et Netanyahou discutent d’avenir, que les Iraniens digèrent leur défaite et que les Saoudiens se réjouissent en silence, Bruxelles rédige des communiqués.
La prochaine étape sera la réunion de l’OTAN à La Haye. Là, les dirigeants européens tenteront de sauver les apparences. En promettant 5 % de dépenses militaires, en parlant d’un « ordre international fondé sur des règles » que plus personne n’écoute, et en priant pour être de nouveau pris au sérieux.
Mais la réalité est là : l’Europe, en crise de vision et de volonté, s’efface. Et le monde avance sans elle.
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