Macron intime Israël de quitter le Sud-Liban : la France au secours du Hezbollah ?

Emmanuel Macron a une nouvelle fois pris la parole sur le dossier libanais. Vendredi 29 août, le président français a salué le renouvellement du mandat de la FINUL jusqu’en 2027 et a exigé le « retrait complet » des forces israéliennes du Sud-Liban. Derrière cette posture diplomatique, une réalité dérangeante : Paris, en invoquant la souveraineté libanaise, se positionne comme garant d’un statu quo qui profite surtout au Hezbollah, véritable maître du pays.

Le chef de l’État français s’est exprimé sur X après un entretien avec le président libanais Joseph Aoun et son Premier ministre Nawaf Salam. Il a déclaré « saluer les décisions courageuses de l’exécutif libanais en faveur d’un rétablissement du monopole de la force », encourageant le gouvernement à adopter le plan de transfert des zones frontalières encore contrôlées par Israël. Dans la foulée, il a insisté : « Le retrait complet des forces israéliennes du Sud-Liban et la fin de toute violation de la souveraineté libanaise sont des conditions essentielles. »

Ces propos surviennent alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, sous pression américaine et israélienne, de prolonger une dernière fois le mandat des Casques bleus au Liban. Cette mission, qui mobilise environ 10 800 soldats depuis 1978, avait pour but de contenir l’instabilité frontalière. Elle prendra officiellement fin en 2027, selon la résolution adoptée à l’unanimité.

Pour Paris, il s’agit d’un signal « important » et d’un gage de confiance envers Beyrouth. Macron a même annoncé deux conférences internationales avant la fin de l’année : l’une en soutien aux Forces armées libanaises, l’autre consacrée au « redressement et à la reconstruction » du pays. « Sécurité retrouvée, souveraineté affirmée, prospérité bâtie : tel est l’avenir que nous voulons pour le Liban », a-t-il déclaré dans une envolée lyrique.

Mais derrière les formules diplomatiques, le malaise est évident. En réclamant un retrait israélien, Emmanuel Macron occulte la menace structurelle : le Hezbollah. Milice chiite lourdement armée, financée et dirigée par l’Iran, elle a transformé le Sud-Liban en forteresse militaire et en plateforme de tirs contre Israël. Comme le rappelle Wikipédia, le Hezbollah n’a jamais cessé de défier la résolution 1701 de l’ONU, qui exigeait son désarmement en 2006.

La France, en insistant sur la « souveraineté libanaise », feint d’ignorer que cette souveraineté est confisquée. Le gouvernement libanais, affaibli et dépendant, n’exerce plus qu’une autorité symbolique sur son territoire. Les Forces armées libanaises, auxquelles Paris promet un soutien, sont elles-mêmes infiltrées ou paralysées par le poids du Hezbollah. « Parler de monopole de la force revient à fermer les yeux sur l’existence d’un État dans l’État », analyse un expert israélien cité par Infos-Israel.News (infos-israel.news).

Cette prise de position française n’est pas anodine. Elle renvoie à une tradition diplomatique qui, depuis des décennies, fait de Paris un acteur de poids à Beyrouth. Mais elle s’inscrit aussi dans un climat international tendu : les États-Unis, alliés d’Israël, poussaient pour une fin anticipée de la FINUL, jugée inefficace. Israël lui-même critique régulièrement l’impuissance de la mission onusienne, incapable d’empêcher la prolifération de roquettes et de tunnels. « La FINUL est devenue un écran de fumée, pas une barrière », résume un responsable israélien.

Ce débat prend une dimension stratégique. Exiger le départ d’Israël du Sud-Liban, sans désarmement effectif du Hezbollah, revient à offrir une victoire symbolique à Téhéran. Car l’Iran, via sa milice, rêve d’établir une continuité territoriale jusqu’à la frontière nord d’Israël. Pour Jérusalem, cette perspective est intenable. « Nous ne quitterons pas le terrain tant que nos civils sont sous le feu », a récemment martelé un haut responsable de Tsahal, cité par RakBeIsrael.buzz (rakbeisrael.buzz).

Dans ce contexte, la posture française interroge. Soutenir le Liban est une chose. Exiger un retrait israélien sans conditionner ce geste à un démantèlement des arsenaux du Hezbollah en est une autre. C’est, en creux, demander à Israël de baisser sa garde, au profit d’un ennemi qui a juré sa destruction.

La position d’Emmanuel Macron illustre une contradiction profonde : défendre une souveraineté théorique en ignorant le fait qu’elle est déjà confisquée par un acteur armé illégal. La diplomatie française, en misant sur le « monopole de la force », risque de se heurter au mur du réel : au Sud-Liban, la seule force qui règne, ce n’est pas l’État, c’est le Hezbollah.

Au final, le débat ne se limite pas à une frontière disputée. Il engage une vision du Moyen-Orient. Faut-il privilégier une lecture diplomatique et légaliste, au risque de renforcer les ennemis d’Israël ? Ou faut-il affronter le problème de front, en admettant que la sécurité de la région passe par la neutralisation du Hezbollah et par le soutien indéfectible à l’État juif ? Tant que cette ambiguïté perdurera, la frontière nord d’Israël restera un volcan prêt à entrer en éruption.

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