Le président Emmanuel Macron a choisi un ton de défiance envers Israël. Dans un message publié le 2 septembre, il a assuré qu’« aucune offensive, tentative d’annexion et déplacement de populations n’enrayera la dynamique » enclenchée autour de la reconnaissance d’un État palestinien. Une déclaration qui, en Israël, est interprétée comme une provocation diplomatique et une récompense indirecte au Hamas, responsable du massacre du 7 octobre 2023.
Ce message survient à l’approche d’un rendez-vous hautement symbolique : la conférence internationale prévue le 22 septembre au siège de l’ONU à New York, co-présidée par la France et l’Arabie saoudite. Paris compte y formaliser officiellement sa reconnaissance de la Palestine, en même temps que plusieurs pays européens. La date choisie n’est pas anodine : elle correspond à Roch Hachana, le Nouvel An juif, ce qui accentue encore l’effet de contraste et d’irritation en Israël.
Lors de son échange avec Mohammed Ben Salmane, prince héritier saoudien, Emmanuel Macron a martelé que la France ne se laisserait pas intimider. Il a dénoncé par ailleurs la décision américaine d’interdire aux responsables palestiniens l’accès à l’Assemblée générale des Nations unies, qualifiant cette mesure d’« inacceptable ». Paris exige que ces délégations puissent participer, « conformément à l’accord de siège » signé avec l’ONU.
Pour le chef de l’État français, la reconnaissance palestinienne s’inscrit dans une stratégie globale : obtenir un cessez-le-feu permanent, libérer tous les otages, faciliter un afflux massif d’aide humanitaire vers Gaza et instaurer une mission internationale de stabilisation. « Nous travaillons aussi pour que le jour d’après, le Hamas soit désarmé et exclu de toute gouvernance de Gaza, que l’Autorité palestinienne soit réformée et renforcée et la bande de Gaza pleinement reconstruite », a-t-il ajouté.
En Israël, la réaction est immédiate et sans appel. Des voix politiques dénoncent une « récompense au terrorisme », rappelant que c’est bien le Hamas — et non Israël — qui a déclenché la guerre par son offensive sanglante du 7 octobre. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui revient, selon Jérusalem, à légitimer ceux qui continuent d’appeler à la destruction d’Israël.
Cette position française crispe également Washington. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a réaffirmé auprès du ministre français Jean-Noël Barrot l’« opposition ferme » des États-Unis à toute reconnaissance unilatérale. L’administration américaine craint que ce geste ne fragilise encore davantage la stabilité régionale et n’encourage les factions armées palestiniennes.
Derrière les discours officiels, un fossé diplomatique se creuse. Là où Paris prétend agir au nom de la paix et du droit international, Israël et ses alliés perçoivent une dangereuse complaisance. Le choix de co-présider avec Riyad cette conférence est, pour Jérusalem, une nouvelle preuve d’alignement français sur une vision qui marginalise la sécurité israélienne au profit d’un symbole politique.
Ce bras de fer dépasse le seul cadre bilatéral franco-israélien. Il s’inscrit dans une lutte plus large entre deux visions du Moyen-Orient : celle qui privilégie une reconnaissance palestinienne avant même qu’un accord de sécurité n’existe, et celle qui considère qu’aucune solution viable ne peut être imposée sans tenir compte de la menace terroriste.
En s’entêtant, Emmanuel Macron prend le risque de transformer la conférence de New York en scène de confrontation. Car si la France veut y voir un tournant diplomatique, Israël et une partie de ses alliés occidentaux y lisent déjà une rupture de confiance. Un choix qui, à terme, pourrait laisser Paris isolé dans un Moyen-Orient où les accords d’Abraham avaient pourtant ouvert la voie à une coopération régionale inédite.
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