Par Infos-Israel.News

Dans l’ombre des avions de chasse survolant l’Iran, un drame personnel s’est joué à Ramat Gan. Alors que Liron Topaz, PDG de l’entreprise « TAT Israel », travaillait toute la nuit à assurer le fonctionnement continu de la chaîne de production à Kiryat Gat, un missile iranien détruisait l’appartement de sa sœur. « Elle est descendue au refuge en pyjama, et quelques minutes plus tard, elle n’avait plus de toit. »

Mais au-delà de cette tragédie personnelle, l’histoire de TAT Israel incarne la résilience industrielle israélienne. Car selon Topaz, « aucun avion F-15 ou F-16 dans le monde ne peut voler sans les systèmes que nous produisons ici, à Kiryat Gat ». Systèmes de refroidissement, régulation thermique, révision de moteurs, réparation de turbines : TAT fournit à la fois les grandes compagnies aériennes et l’armée de l’air israélienne, sans interruption depuis le 7 octobre.

Une usine au cœur de l’effort de guerre

Depuis l’attaque de Gaza, puis le déclenchement de la guerre avec l’Iran, l’entreprise fonctionne 24/7. L’espace aérien a été brièvement fermé, des opérations complexes de maintenance ont dû être relocalisées, et les priorités logistiques ont changé brutalement. Topaz témoigne d’une mobilisation exceptionnelle : « On a fait revenir des retraités, on a embauché des étudiants via Ort, des femmes techniciennes travaillent à nos côtés. »

L’entreprise se charge notamment de la maintenance de composants critiques pour les systèmes de défense comme le Dôme de fer ou Honda David, ainsi que pour des drones et des avions furtifs. « Quand un avion décolle et que je sais que nos turbines sont dedans, je suis ému. Ce n’est pas juste de la mécanique. C’est du patriotisme. »

Le modèle de réussite israélien

Basée à la fois à Kiryat Gat et à Gedera, TAT Israel est une filiale de TAT Technologies, cotée à la bourse de Tel Aviv et au Nasdaq. Dirigée par le général (réserve) Amos Malka et par le PDG Yigal Zamir, la maison mère a enregistré une hausse de 25 % de son chiffre d’affaires et une explosion de 80 % de ses bénéfices nets au dernier trimestre.

Depuis 2020, l’action a bondi de 670 %, valorisant l’entreprise à plus de 1,3 milliard de shekels. « Mais au-delà des profits, insiste Topaz, il y a le facteur humain. Tous les matins, je parle aux employés un à un. Certains ont perdu des proches le 7 octobre. D’autres ont tout perdu sous les missiles. Notre réponse, c’est de bosser plus fort. »

Un avenir stratégique

Malgré le retrait de la holding FIMI, qui détenait 51 % du capital et a réalisé une plus-value de plusieurs centaines de millions, Topaz reste confiant : « Nous allons doubler nos revenus dans les trois prochaines années. Nous préparons les systèmes des avions du futur. »

L’usine a récemment intégré l’entreprise Chromalloy, fusion réussie selon Topaz, grâce à un management de terrain et un esprit familial. « Mes valeurs viennent de la culture d’entreprise que j’ai connue chez A.L. Group. Ici, je répète chaque jour que les gens sont le vrai moteur de notre réussite. »

L’indépendance industrielle, un enjeu vital

Alors que la dépendance israélienne aux composants étrangers a souvent posé problème, notamment en période de conflit, TAT milite pour une production 100 % israélienne. « La guerre nous a appris qu’on ne peut plus dépendre de fournisseurs à l’étranger. Nous devons retrouver l’autonomie de production. Made in Israel n’est pas juste un slogan, c’est une stratégie de survie. »

Récemment, le stand israélien au Salon du Bourget à Paris a été bloqué pour des raisons politiques. « C’est injuste, mais cela ne nous arrêtera pas. Le monde a besoin de nos technologies, de nos composants, et surtout de notre capacité à tenir sous la pression. »

Liron Topaz, entre deux briefings et sessions de soutien à ses employés, continue à regarder le ciel avec une émotion discrète. Chaque avion qui décolle est une preuve de plus que la startup nation n’est pas qu’un slogan marketing, mais une réalité faite de boulons, de sueur, de savoir-faire et de courage.


 

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