Mahmoud Abbas : Comment le prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne est devenu millionnaire

La bataille pour la succession au sein de l’AutoritĂ© palestinienne (AP)  est devenue trĂšs Ă©lĂ©mentaire car Mahmoud Abbas a rejetĂ© la demande de quatre États arabes – l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – de faire la paix avec son Ăąpre rival Muhammad Dahlan. Certains de ces États veulent voir Dahlan comme le prochain prĂ©sident de l’AP.
Bien que certains membres du Fatah considĂšrent le rejet par Mahmoud Abbas de la demande arabe comme un acte de « suicide politique », Abbas ne montre aucun signe de stress. Sur l’insistance de l’Egypte et de la Jordanie, craignant le Hamas, il a suspendu les Ă©lections dans  les territoires  et a consenti au retour au Fatah d’une partie du peuple proche de Dahlan. Quant Ă  Abbas, il a rĂ©pondu Ă  la plupart des demandes de l’Égypte et de la Jordanie. Cependant, mĂȘme ainsi, il ne veut pas tolĂ©rer Muhammad Dahlan.

Le Premier ministre de l’AutoritĂ© palestinienne Riyad al-Maliki affirme que les relations avec les États arabes sont en parfait Ă©tat.

Cette semaine, Ahmed Qurei (Abu Ala), membre du ComitĂ© exĂ©cutif de l’OLP, a rĂ©vĂ©lĂ© comment Mahmoud Abbas est devenu prĂ©sident de l’AP. Peut-ĂȘtre que cela Ă©clairera la maniĂšre dont le prochain prĂ©sident de l’AP sera nommĂ© en l’absence d’élections dans les territoires.

Dans un entretien avec l’agence de presse  palestinienne Amad le 10 septembre 2016, Qurei a dĂ©clarĂ© que c’était lui qui avait proposĂ© Abbas comme candidat au poste et l’avait amenĂ© à Yasser Arafat  sur son lit de mort au Mukata Ă  Ramallah la nuit avant d’ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  l’hĂŽpital de Paris.

Dans la conversation, Arafat n’a pas suggĂ©rĂ© que Mahmoud Abbas devrait ĂȘtre son remplaçant ; bien qu’il ne puisse pas exprimer d’opposition Ă  Abbas, avec qui il avait eu de forts dĂ©saccords dans le passĂ©. La conversation a Ă©tĂ© amicale et la question de la succession n’a pas du tout Ă©tĂ© soulevĂ©e.

Qurei a dĂ©clarĂ© qu’aprĂšs la mort d’Arafat, tous les membres de la direction du Fatah ont acceptĂ© la nomination d’Abbas comme son successeur parce qu’ils lui faisaient confiance.

Les entreprises de la famille Abbas

L’amĂšre bataille de succession au sein du Fatah et le fait qu’Abbas ait rejetĂ© la demande des pays arabes concernant Dahlan ont incitĂ© les parties prenantes Ă  rĂ©vĂ©ler publiquement  le lien pouvoir-richesse d’Abbas et de ses fils.  Les hauts responsables du Fatah et des pays arabes ressentent la faiblesse politique du prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne  et maintenant, des informations sont divulguĂ©es aux mĂ©dias sur la corruption de son  gouvernement.

Dans un rapport publiĂ© le 11 septembre 2016, le journaliste Ă©gyptien Hussein Yousef d’Al-Masri Al-Youm a soulignĂ© l’activitĂ© commerciale de Mahmoud Abbas et de ses deux fils, Yasser et Tareq. [2]

Bien que son rapport donne de nombreuses informations sur le sujet, les médias sociaux palestiniens publient  déjà depuis longtemps divers documents sur la corruption de la famille Abbas. [3]

Le rapport de Yousef dĂ©crit l’empire commercial de la famille, basĂ© sur les relations d’affaires elles-mĂȘmes et leurs relations avec les États et les grandes entreprises du monde entier, qui bĂ©nĂ©ficient toutes aux deux fils d’Abbas en termes de leur affaires.

Les deux fils d’Abbas possĂšdent un consortium de grandes entreprises appelĂ©  » Falcon  » qui a repris  » le commerce de Cisjordanie  » et son marchĂ© du travail. Abbas soutient le groupe et a mis en place de nombreuses conditions favorables qui lui donnent un avantage sur les autres entreprises.

Le consortium Falcon compte plusieurs sociétés qui le composent :

La sociĂ©tĂ© Falcon Cigar and Tobacco. The Falcon Electrical and Mechanical Company (qui possĂšde des succursales dans la soi-disant « Cisjordanie », en Jordanie et aux Émirats arabes unis). Abbas a collecté  890 000 $  d’aide pour cela. The Falcon International Media Company. La sociĂ©tĂ© d’investissement gĂ©nĂ©ral Falcon, dont les bĂ©nĂ©fices totalisent  60 millions de dollars. La compagnie d’assurance Al-Mashreq, qui compte 11 succursales dans  les territoires, avec une fortune estimĂ©e à 35 millions de dollars. SociĂ©tĂ© de projet et de dĂ©veloppement Al-Khayar al-Awal, dirigĂ©e par Yasser Abbas.

Tareq Abbas est le vice-prĂ©sident des affaires corporatives de la SociĂ©tĂ© arabe palestinienne d’investissement   (APIC). Il est Ă©galement prĂ©sident du Sky Advertising, Public Relations and Event Management Board de la sociĂ©tĂ©, vice-prĂ©sident des centres commerciaux arabes  palestiniens et prĂ©sident de l’Association palestinienne de la publicitĂ©. [4]

Le rapport  Al-Masri Al-Youm affirme que la famille Abbas a accumulĂ© sa richesse pendant de nombreuses annĂ©es et que Muhammad Rashid, qui Ă©tait le conseiller Ă©conomique d’Arafat, a dĂ©clarĂ© que Mahmoud Abbas avait dĂ©tournĂ© une somme d’au moins 100 millions de dollars.

Yousef affirme que Tarek Abbas a fait passer en contrebande des antiquitĂ©s des territoires d’outre- mer et s’est occupĂ© de la vente de terres et de concessions commerciales.

Dahlan, Erekat, Fayad, Rajoub ?

Dahlan allĂšgue qu’Abbas cache en un seul endroit une somme de 600 millions de dollars sur les 1,4 milliard de dollars que le Premier ministre d’alors Salam Fayyad lui a transfĂ©rĂ© aprĂšs la mort d’Arafat.

Dans une interview avec le  site Web jordanien Amon  le 8 juin 2016, Dahlan a dĂ©clarĂ© que c’était lui qui avait arrangĂ© du travail pour les deux enfants d’Abbas avec Fayad, avec un salaire mensuel de 5000 dollars, mais aujourd’hui sa fortune s’élĂšve Ă  300 millions de dollars. [5]

Ces chiffres en dollars expliquent Ă©galement pourquoi Mahmoud Abbas, malgrĂ© son Ăąge avancĂ©, s’accroche Ă  sa position et cherche un successeur appropriĂ© pour sauvegarder l’empire Ă©conomique de ses deux fils aprĂšs sa retraite.

La corruption de la famille Abbas est le sujet brĂ»lant dans les territoires. Il est clair que quiconque succĂ©dera Ă  Abbas devra mettre de l’ordre dans la maison et Ă©liminer la corruption du gouvernement.

Au dĂ©but, Abbas voulait nommer son alliĂ© de confiance  Saeb Erekat,  qui Ă©tait secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© exĂ©cutif de l’OLP, comme son successeur. Erekat, cependant, Ă©tait considĂ©rĂ© comme une figure qui manquait de crĂ©dibilitĂ© et de popularitĂ© dans les territoires et qui aurait Ă©galement servi les intĂ©rĂȘts de la famille aprĂšs le dĂ©part d’Abbas.

L’offre de Mahmoud Abbas de nommer Erekat a rencontrĂ© une forte opposition de la part des membres du ComitĂ© central du Fatah dirigĂ© par Jibril Rajoub, qui se considĂšre comme le successeur, et Erekat a dĂ» dĂ©clarer qu’il dĂ©missionnait de son poste.

Depuis, le prĂ©sident de l’AP  recherche un candidat diffĂ©rent pour lui succĂ©der. Selon la rumeur, un autre candidat serait le gĂ©nĂ©ral Majid Freij, le chef du  renseignement gĂ©nĂ©ral palestinien, qui est Ă©galement considĂ©rĂ© comme un proche associĂ© d’Abbas. Jusqu’à prĂ©sent, cependant, Abbas n’a pris aucune mesure pour le promouvoir, comme le nommer vice-prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne. Il craint apparemment d’aller trop loin en enflammant les esprits des dirigeants du Fatah et des États arabes, qui veulent voir Dahlan comme le prochain prĂ©sident de l’AP, ce qui serait probablement au dĂ©triment des fils d’Abbas Ă  l’avenir.

Remarques

Cet article a été publié pour la premiÚre fois dans le Jerusalem Center for Public Affairs Institute for Contemporary Affairs, fondé conjointement avec la Wechsler Family Foundation.