Lâenregistrement qui a Ă©tĂ© publiĂ© hier sur la chaine 12 dans « lâĂ©dition principale » est trĂšs difficile, peut-ĂȘtre le plus dur que nous ayons entendu. Dans une conversation avec un membre du MDA, on entend les moments dâhorreur au cours desquels Sharon-Aloni Konio, ses deux filles Emma et Yuli, sa sĆur Daniel et sa fille Amelia ont Ă©tĂ© kidnappĂ©es. Dans une interview spĂ©ciale, Sharon revient sur le mĂȘme enregistrement revient aussi dans sa maison du kibboutz Nir Oz, qui faisait autrefois partie de leur paradis, Ă travers les ruines, elle rĂ©ussit Ă voir la vie dâautrefois, les souvenirs avec son mari David, restĂ© Ă Gaza, si proche et si loin en mĂȘme temps.
« Câest Ă©trange Ă dire, mais je me sens chez moi ici (Ă Nir Oz). Câest notre maison », dit-elle en continuant Ă marcher Ă travers les ruines. Elle regarde le trampoline sur lequel David jouait avec les filles. Il est dĂ©sormais complĂštement brĂ»lĂ©e. « MĂȘme quâils (les terroristes) ont brĂ»lĂ© cela. Je me dis quâest-ce que ça leur a apportĂ© ? Quel Ă©tait lâintĂ©rĂȘt de le brĂ»ler ? »
« Maman non ! Ne meurs pas ! »
Lors de ce terrible Shabbat, ils ont Ă©tĂ© enfermĂ©s dans lâabri : Sharon, David, leurs deux filles de 3 ans, la sĆur de Sharon, Daniel, et sa fille Amelia, 5 ans, aprĂšs plusieurs tentatives des terroristes pour forcer la porte, ont commencĂ© Ă incendier la maison. Les membres de la famille, Ă©touffĂ©s dans la piĂšce, ont dĂ©cidĂ© dâouvrir la fenĂȘtre et de tenter de sâenfuir.
« David est sorti le premier », rĂ©pĂšte-t-elle. « Il a sautĂ©, a mis Yuli et est ensuite venu chercher sa mĂšre. Puis jâai vu trois terroristes arriver. Je lui ai dit : âPrenez la fille et fuyez.â Jâai criĂ© Ă Daniel (sa sĆur) âferme la fenĂȘtreâ, un terroriste a tirĂ© deux coups de feu qui ont touchĂ©, Dieu merci, la vitre en fer. »
Elle le raconte calmement, mais lâenregistrement qui lui est parvenu rĂ©cemment montre Ă quel point il y avait de la haine et du mal pur. « OĂč ĂȘtes-vous ? », lui a demandĂ© un opĂ©rateur de MDA. « A Nir Oz », a-t-elle rĂ©pondu, « Nous sommes en train de mourir Ă©touffĂ©s ». Nous avons des terroristes devant la maison. » En arriĂšre-plan, on entend la petite fille crier : « Maman, non ! Ne meurs pas! »
Sharon demande de lâaide. Elle crie « Sauvez nous ! » et tousse Ă cause de la fumĂ©e de sa maison qui a brĂ»lĂ© alors quâelle Ă©tait Ă lâintĂ©rieur. LâopĂ©ratrice essaie de poursuivre la conversation et les filles crient. Les terroristes ont rĂ©ussi Ă rentrer Ă lâintĂ©rieur. « Viens avec nous ! », chargent-ils devant les filles hurlant de terreur. « Y a-t-il du monde Ă lâintĂ©rieur ? Y a-t-il des enfants ? », demandent-ils â la conversation est interrompue.
Une incertitude paralysante
Sharon a Ă©tĂ© kidnappĂ©e seule, mais juste avant dâĂȘtre transfĂ©rĂ©e Ă Gaza, David, qui Ă©tait dĂ©tenu avec Yuli et dâautres membres du kibboutz, lâa remarquĂ©e et a commencĂ© Ă lui crier dessus. Les terroristes les ont chargĂ©s ensemble sur le chariot. Daniel et Amelia ont Ă©tĂ© kidnappĂ©s avec leur mĂšre dans un autre vĂ©hicule. Ce nâest quâau bout de dix jours quâils seront rĂ©unis et les parents terrifiĂ©s sauront ce qui est arrivĂ© Ă leur petite fille qui a Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e dâeux.
Pendant 49 jours, ils ont Ă©tĂ© dĂ©tenus ensemble jusquâĂ ce que Sharon soit libĂ©rĂ©e avec les deux filles. Son jeune frĂšre Ariel et sa compagne Arbel Yehud ont Ă©galement Ă©tĂ© kidnappĂ©s avec eux. Ă cette Ă©poque â et mĂȘme jusquâĂ aujourdâhui â David ne savait pas quâEthan, son frĂšre jumeau, Ă©tait encore en vie. « Quand il Ă©tait en captivitĂ©, il ne pouvait pas se regarder dans le miroir », explique Sharon. « Il a dit : âDes jumeaux identiques, je vois Eitanâ. Cette similitude qui les relie est trop douloureuse. »
« Ne mâabandonne pas »
« Nous avons tenu bon chaque minute dont nous disposions », se souvient Sharon. « Je lui ai dit quâil Ă©tait le meilleur homme que jâai connu dans ma vie. Et mĂȘme lĂ , il savait plaisanter et mâa dit : âIl est temps que tu comprennes çaâ. Il mâa dit que jâĂ©tais en train de mourir de peur. Il mâa pris Ă part et a demandĂ© : « Ne mâabandonnez pas » puis ils lâont emmenĂ©.
Depuis, elle nâa plus aucune nouvelle. « à quoi suis-je censĂ©e mâaccrocher ? Ă quel espoir dois-je mâaccrocher ? », demande-t-elle, la gorge serrĂ©e. « Ils me disent : âIl nây a pas de nouvelles, câest aussi une bonne nouvelleâ, est-ce de lâespoir ? ». Avec le peu de force qui lui reste, elle essaie de se battre. Ne pas abandonner David comme il le lui avait demandĂ©. Elle sâexprime lors des manifestations des familles des kidnappĂ©es et Ă la Knesset devant des Ă©lus en criant jusquâĂ la derniĂšre goutte de ses forces.
« Câest gĂ©nial que nous soyons de retour â et je vous en serai Ă©ternellement reconnaissante », prĂ©cise-t-elle. « Mais cela ne sâarrĂȘte pas Ă nous. Le pĂšre de mon enfant est assis lĂ bas. Cela me permet de continuer pendant mes dĂ©pressions mentales. » Dans la tĂȘte, les deux scĂ©narios vont et viennent : « Dans le premier scĂ©nario, jâimagine quâil revient, les filles courent vers lui et nous pleurons toutes. Dans le deuxiĂšme scĂ©nario, je dois accepter lâamĂšre nouvelle. Comment puis-je leur annoncer ça ? Papa est mort et il ne reviendra pas. Elle pleure et dit : « Elles nâarrĂȘtent pas de dire « papa est Ă Gaza chez les mĂ©chants . Pourquoi ne me laissent-ils pas y retourner. ?  »
Elle se bat comme une lionne, mais ses pouvoirs psychiques sâĂ©puisent. Elle sait que les enfants ont besoin dâune mĂšre qui fonctionne. Elle sourit autant que possible et la nuit, aprĂšs les avoir couchĂ©s, les cauchemars arrivent. « Il nây a pas de nuits », dit-elle en larmes. « Câest regarder Gaza et se rendre compte que câest Ă moins de dix minutes de route de moi. Câest si proche, mais ce nâest pas le cas. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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