Le résultat des élections présidentielles en France (dont le premier tour aura lieu dans une semaine, le 10 avril) semble acquis d’avance : comme en 2017, à en juger par tous les sondages, Emmanuel Macron et Marine Le Pen entreront dans le second rond. Cela nous permet de supposer avec une certitude à presque 100 % que Macron restera propriétaire de l’Elysée pendant encore 5 ans.
Dans le même temps, 56 % des 180 000 participants à une enquête en ligne du journal Le Figaro ont répondu qu’ils ne considéraient pas la victoire de Macron comme acquise d’avance.
Les derniers sondages montrent quelques changements dans le sentiment français. Premièrement, l’effet de la guerre en Ukraine s’estompe progressivement. Au cours des premières semaines de la guerre – lorsque Macron faisait la une des journaux, parlant presque quotidiennement avec Poutine – la cote d’approbation du président a sensiblement augmenté. Désormais, le thème ukrainien passe au second plan et l’électorat revient au cœur de l’agenda : l’économie, l’émigration, la sécurité. Si le 9 mars, 32 % des sondés considéraient la crise ukrainienne comme le facteur le plus important des prochaines élections, aujourd’hui 24 % le pensent. Évidemment, d’ici le 10 avril, cette part diminuera encore plus.
Selon un sondage commandé par la publication économique Les Echos le 1er avril , Macron peut compter sur 28 % des suffrages au premier tour. Cet indicateur n’a pas changé depuis longtemps. Le président sera soutenu par 65 % de ceux qui ont voté pour lui en 2017, et 31 % de ceux qui voulaient voter alors pour le chef du Parti républicain de centre-droit François Fillon. Ce dernier a ensuite abandonné la course en raison d’un scandale de corruption.
Le grand jeu se joue désormais dans le camp des rivaux de Macron. La semaine dernière, la cote de Marine Le Pen a fortement remonté et s’est arrêtée aux alentours de 20 %. Le chef des nationalistes est soutenu à gauche par le chef du parti de la gauche radicale « La France invaincue » Jean-Luc Mélenchon. Au cours des 7 derniers jours, il a augmenté de 2 %, réduisant l’écart avec Marine Le Pen de 8 % à 5 % (15 % contre 20 %). Mais Mélenchon a l’électorat le moins fiable : seuls 56 % sont sûrs de voter pour lui, tandis que Len Pen compte 67 % de partisans convaincus, et Macron 74 %.
La cote d’écoute d’Eric Zemmour – seule grosse surprise de ce début de campagne présidentielle – ne cesse de chuter. Les électeurs nationalistes le quittent pour Marine Le Pen. Il y a deux semaines, 55 % de ses électeurs de 2017 étaient prêts à voter pour elle, et 28 % préféraient Eric Zemmour. Aujourd’hui c’est déjà 65 % contre 20%. 10 % de son électorat revient à Le Pen. Ils espèrent que dans le nouveau débat avec Macron, elle ne commettra pas les erreurs de 2017.
Marine Le Pen était et reste la principale alliée de Vladimir Poutine dans l’arène politique française. Le 31 mars, on lui a demandé dans une interview à la chaîne France2 si Poutine pouvait redevenir un allié de la France. « Bien sûr, » répondit-elle. Cela dépend de ce qui est discuté. Une grande puissance peut être à la fois alliée dans l’un et adversaire ou concurrente dans l’autre. Elle entend faire preuve de pragmatisme (« la Russie ne bougera pas ») et compte sur la coopération avec Moscou en cas de poussée du terrorisme islamiste en France. Bien qu’il ne soit pas precisé en quoi la Russie pourrait l’aider ici. La victoire de Le Pen à l’élection présidentielle d’avril pourrait briser l’unité de l’Occident face à la menace d’agression de Poutine. Et c’est sans doute le principal espoir de Poutine.
En tout cas, les chances de Marine Le Pen de l’emporter au second tour sont très faibles. En cas de duel Macron-Le Pen, la majorité des électeurs de gauche votera pour le premier. Et ils sont au moins 25 %. Sans oublier les 9 % de partisans de la cheffe des « Républicains » Valérie Pecresse.
Selon les sondages, au second tour, Macron l’emporte sur Marine Le Pen avec un score de 55 % – 45 %. Il n’y a jamais eu un si petit écart avec l’extrême droite : lors des dernières élections, Macron l’a emporté avec une marge de 24 %.