Marre de ces mollusques !! – Par Rony Akrich

Aujourd’hui, la populace victimaire cĂ©lĂšbre l’idĂ©al des droits de l’homme et de la libertĂ© en vocifĂ©rant les slogans mais jamais bien au-delĂ . Elle est une bonne Ă©lĂšve, elle mĂ©prise toute forme de responsabilitĂ© contraignante et d’impĂ©ratif mobilisant, elle conçoit le tout selon son propre intĂ©rĂȘt et sans jamais transgresser sa loi, surtout. Beaucoup renoncent Ă  l’union des liens sacrĂ©s, ils prĂ©fĂšrent vivre cĂŽte Ă  cĂŽte mais, grand dieu, sans fidĂ©litĂ© officielle, seulement officieuse. On n’exige plus de construire mais de « kiffer grave », plus de responsabilitĂ© mutuelle mais « de s’la jouer solo ». Beaucoup perdent foi en l’idĂ©al de servir et de protĂ©ger leur identitĂ©, leur souverainetĂ©, leur indĂ©pendance, ils ne se sentent plus vraiment prĂȘts Ă  s’engager ni mĂȘme Ă  dĂ©fendre les valeurs d’une richesse singuliĂšre.

La sociĂ©tĂ© post moderniste se dĂ©pouille et dĂ©construit pratiquement toutes les formes d’obligation et d’engagement constitutifs des particularismes nationaux.
Nous devons nous hisser au-dessus de cette mĂȘlĂ©e douloureuse.
Au sein mĂȘme de la congrĂ©gation juive, si pieuse et si religieuse, le risque demeure et reste important. Certains esprits, principalement chez ceux qui se refusent Ă  reconnaitre les temps nouveaux du peuple d’IsraĂ«l, poursuivent la promotion d’une religion au service du seul ordre et contentement individuel. Il nous faut entendre et comprendre le projet Divin, transmis Ă  travers la Torah, comme une reconstruction, non point de l’individu pour l’individu, mais bien de la nation des HĂ©breux.
Ces derniers doivent tĂ©moigner, par leur propre restauration nationale, devant les peuples, de la rĂ©elle possibilitĂ© Ă  rĂ©dimer le monde et Ă  affranchir l’HumanitĂ©.
La Torah se fonde, essentiellement, sur l’alliance abrahamique et le contrat Divin, si elle possĂšde un sens et un devenir, c’est celui de la mobilisation et de l’engagement de toute l’assemblĂ©e d’IsraĂ«l. Seulement, et seulement alors, le singulier pourra jouir de l’usufruit de sa foi, symbolisĂ© par l’épisode Ă©pique de la sortie d’Egypte, racontĂ© dans le Texte biblique. Lors de la confiscation de l’agneau idolĂątrĂ© par les Egyptiens, les HĂ©breux font preuve d’une toute premiĂšre unitĂ© nationale et ce, durant plusieurs jours, puis, tous ensemble ils vont le sacrifier au nez et Ă  la barbe de leurs tortionnaires. Ces actes de rĂ©sistance, dans le seul intĂ©rĂȘt du groupe, vont commencer Ă  dĂ©terminer l’idĂ©ologie d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral au service du projet Divin.

Cet engagement constitue la base et le fondement de la Foi, confiante, fidĂšle et vraie, il est sa ligne de fond et son but ultime.

Le Talmud (Tamid 32a) rapporte qu’Alexandre le Grand demanda aux Sages juifs: «Qu’elle est la dĂ©finition du sage? » Ils lui rĂ©pondirent: «Celui capable d’anticiper les lendemains.» Augurer de l’avenir ne signifie pas ĂȘtre prophĂšte, le sage est celui capable d’entendre et de comprendre l’actualitĂ©, d’imaginer des scĂ©narios possibles quant aux diffĂ©rentes probabilitĂ©s du devenir et de l’avenir.
Prenons le verset: «Heureux est l’homme toujours prudent» (Mishle 28,14), dans le traitĂ© de Guitin p.55b, Rashi explique la prudence de la personne comme une volontĂ© de prendre soin, de prendre en compte les consĂ©quences Ă©ventuelles, veiller sur ses faits et gestes et ne jamais causer de dommages collatĂ©raux. On pense, bien sĂ»r, Ă  cette veille de seconde guerre mondiale, oĂč les apprĂ©ciations erronĂ©es et insidieuses des maitres Ă  penser tant assimilationnistes qu’orthodoxes entrainĂšrent des millions de Juifs vers les chambres et les fours. Un enseignement probant et nĂ©cessaire Ă  l’apprĂ©ciation d’une rĂ©alitĂ©, souvent annonciatrice, pour des sages prĂȘts Ă  entendre les appels des lendemains. Nul mal Ă  tenter de vouloir ĂȘtre un sage aux accents prophĂ©tiques, un militant contre tout immobilisme et un Ă©claireur des temps nouveaux.

Voyons donc les mutations sociétales de notre occident contemporain.
Essayons, Ă  travers elles, de dĂ©chiffrer les penchants et les dispositions de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne. La sociĂ©tĂ© occidentale et moderne Ă©volue, en principe, autour de trois pivots capitaux qui traitent de l’Humain et de ses droits singuliers: libertĂ©, personnalitĂ© et intimitĂ©. Voici des valeurs absolues, celles qui vous donnent l’impression de ne plus jamais pouvoir ĂȘtre violĂ©es. Leur Ă©cho sur le monde et la culture est palpable dans Ă  peu prĂšs toutes les matiĂšres de l’existence, depuis la justice, l’éducation, la littĂ©rature et les arts jusqu’au quotidien du tout un chaque-un.

L’intimitĂ© de l’ĂȘtre vivant occupe une place de choix, elle rĂ©flĂ©chit sa coquille, c’est-Ă -dire son refuge, elle est ce lieu oĂč l’on se sent le plus accompli, car le plus protĂ©gĂ©. Nous pouvons dĂ©signer l’individualisme comme l’attribut Ă©vident de nos sociĂ©tĂ©s modernes, il recĂšle en son sein tous les symptĂŽmes d’une pathologie maligne. La question de ‘sociĂ©tĂ© en bonne santé’ demeure pertinente et Ă  propos lĂ  oĂč le profit personnel conditionne l’ordre absolu, oĂč les alliances bĂ©nĂ©ficiaires soutiennent fĂ©rocement leurs privilĂšges, Ă  l’encontre de tout avantage pouvant servir les intĂ©rĂȘts de tous. La conscience collective de l’individu peut trĂšs bien ne pas ĂȘtre cohĂ©rente avec la conscience collective que reprĂ©sente un peuple et, moins encore, avec la conscience collective de l’HumanitĂ© tout entiĂšre.

On s’interroge souvent sur les origines de ce concept suprĂȘme, modĂ©rateur et normatif de « sociĂ©tĂ© » prĂ©sentĂ© par Mr Durkheim.
La rĂ©ponse se situe surement dans le domaine des notions morales, certainement pas dans les actes, car dans ceux-ci, l’idĂ©e de conscience collective parait plus confuse, plus difficile et moins judicieuse, naturellement plus mentale que morale. Compte tenu de la situation, un trouble progressif nĂ©vrotique se dĂ©veloppe au sein de tout le monde occidental. ‘Elle’ n’est jamais vraiment ‘Elle-mĂȘme’, quant Ă  ‘Lui’, il n’est jamais vraiment ‘Lui-mĂȘme’, malgrĂ© cela, ‘Il et Elle’ campent sur leur positions et, par voie de consĂ©quence, le « Nous » tant attendu se fait de plus en plus rare.
Peut-ĂȘtre n’est-il pas inopportun de signaler un certain nombre d’effets secondaires au terrorisme de ces derniĂšres annĂ©es, sans foi ni loi, il frappe les grandes citĂ©s du monde libre. Evidemment, le climat de peur et d’angoisse, les inspections sĂ©curitaires omniprĂ©sentes et incessantes sont brusquement devenues une rĂ©alitĂ© quotidienne qui participe, de maniĂšre importante, au ressenti d’inquiĂ©tude. Pour aller plus loin, le terrorisme semble apporter une certaine mĂ©tamorphose dans le mode de vie occidental, soudainement, il parait normal de pouvoir s’intĂ©resser Ă  autrui, d’échanger ses sentiments, ses ressentis. Il est Ă©vident que les concepts de ‘vie privĂ©e et d’individualisme’ ne tiendront plus jamais le mĂȘme haut du pavĂ©, car, au vu et au su des Ă©vĂšnements traumatisants, ces soi-disant valeurs se sont avĂ©rĂ©es inconsĂ©quentes.
Le pĂ©nible dans cette affaire c’est que, dorĂ©navant, il ne sera plus possible de s’évader dans la seule hypothĂšse individualiste. Le tout nouvel impĂ©ratif de l’homme sera de dĂ©visager l’HumanitĂ©, face Ă  face, de scruter la Terre telle que nous l’avons transformĂ©e, puis de s’engager vers une rĂ©elle prise de responsabilitĂ© collective et pratique.
Or, si les sociĂ©tĂ©s modernes prennent, vĂ©ritablement, conscience de ces nĂ©cessitĂ©s, elles seront trĂšs rapidement les tĂ©moins d’un individualisme qui ne suppose plus l’émiettement des ĂȘtres, l’ostracisme, l’égotisme fanatique, la dĂ©tĂ©rioration des rapports humains, la ruine de la solidaritĂ©.

Ainsi comprennent-elles, sans dĂ©tour aucun, que la science, dont nous sommes peut ĂȘtre devenus les maĂźtres, a probablement dĂ©chargĂ© l’homme de ses besognes laborieuses, mais, non moins, assujetti l’individu Ă  la dure raison de ses seuls avoirs, fait de l’homme un objet. Certes la matiĂšre, Ă  sa façon, comble les appĂ©tits, cependant elle dĂ©clenche aussi, sur son passage, une dĂ©prĂ©dation inouĂŻe de l’environnement. L’ĂȘtre postmoderne est insouciant car totalement inconscient de ses agissements, ce sont pourtant chacun de ses gestes qui modĂšlent son univers.
Voici venu le temps, pour lui, d’amĂ©liorer le caractĂšre de chacune de ses relations avec autrui, le pouvoir de gĂ©nĂ©rer une sociĂ©tĂ©, la meilleure possible, afin de ne plus Ă©pancher son dĂ©nuement sur ses tiers et calomnier sa rĂ©alitĂ© dont il est l’unique responsable.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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