La menace terroriste vise toutes les religions en Europe, mais aujourd’hui, quel pays est le plus sĂ©curisĂ© pour les institutions juives ?

L’attaque terroriste mortelle sur l’épicerie kasher Hyper Cacher Ă  Paris en 2015 a Ă©tĂ© un tournant pour les communautĂ©s juives de France et ses voisins de toute l’Europe.

CombinĂ©e Ă  l’attaque sur le siĂšge de Charlie Hebdo le mĂȘme mois, l’attaque de l’ Hyper Cacher a marquĂ© le dĂ©but de l’opĂ©ration Sentinelle de France – une opĂ©ration militaire nationale massive qui a entraĂźnĂ© le dĂ©ploiement de 10 000 soldats et 4 700 policiers et gendarmes pour protĂ©ger les civils et les sites sensibles.

‘Ce dimanche matin [aprĂšs les attaques], le prĂ©sident François Hollande a rencontrĂ© tous les dirigeants des communautĂ©s juives et a dĂ©clarĂ© qu’il disposait de 10 000 soldats pour protĂ©ger chaque bĂątiment de la communautĂ© juive Ă  partir de ce jour 
 l’école, la synagogue et le CCM ont Ă©tĂ© protĂ©gĂ©s ‘, a dĂ©clarĂ© Robert Ejnes, directeur exĂ©cutif du Conseil reprĂ©sentatif des institutions juives françaises, Ă  The Jerusalem Post, ce jeudi.

‘À partir de ce jour, nous vivons sous la sĂ©curitĂ© de l’Etat’, a-t-il dĂ©clarĂ©.

En 2016, suite Ă  une sĂ©rie d’attaques islamistes, le gouvernement français avait accru la mobilitĂ© de son opĂ©ration de sĂ©curitĂ© afin d’atteindre plus de sites.

Aujourd’hui, le personnel de sĂ©curitĂ© fait des rondes entre les Ă©coles juives et les synagogues plutĂŽt que d’ĂȘtre en permanence stationnĂ© devant eux.
Et rĂ©cemment, le gouvernement français a annoncĂ© qu’il voulait rendre les forces encore plus mobiles.

‘Nous devons respecter cette dĂ©cision’, a dĂ©clarĂ© Ejnes. ‘C’est le rĂŽle du gouvernement de protĂ©ger tous ses citoyens’.

La décision du gouvernement français de déployer les soldats de maniÚre plus souple reflÚte le changement de cibles potentielles au cours des deux derniÚres années.
Alors que les Juifs ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme la cible principale, aujourd’hui tout le monde est considĂ©rĂ© comme vulnĂ©rable.

Ejnes a dĂ©clarĂ© que la tendance changeante de l’émigration française vers IsraĂ«l reflĂšte ce changement. AprĂšs la fusillade dans une Ă©cole juive de Toulouse en 2012, de nombreux Juifs avaient quittĂ© la France pour aller vivre en IsraĂ«l.

‘Nous avons vu les chiffres croĂźtre parce que les juifs en France ont estimĂ© qu’ils n’étaient plus en sĂ©curitĂ© et qu’ils devenaient des cibles spĂ©ciales.
Il y a eu une augmentation des incidents antisémites et les Juifs se sont sentis comme des cibles primaires », a-t-il expliqué.

En effet, en 2015, l’alyah française a atteint un record de
8.000 migrants.

Mais en 2016, elle est tombé à 5.000.

‘Nous pensons que cela est dĂ» Ă  la gĂ©nĂ©ralisation des attaques’, a dĂ©clarĂ© M. Ejnes.
‘Les juifs ont commencĂ© Ă  avoir l’impression qu’ils Ă©taient des cibles comme tout le monde et non la cible principale’.

Il a ajoutĂ©, cependant, qu’il croyait toujours que la communautĂ© juive Ă©tait une cible principale et qu’il fallait accorder une attention particuliĂšre Ă  sa sĂ©curitĂ©.

Un expert en sécurité du CongrÚs juif européen, qui a tû son nom, a fait écho à ce sentiment.
‘Aujourd’hui, le but des attaquants est de faire autant de dĂ©gĂąts que possible sans vĂ©rifier qui sont les gens’, a-t-il dĂ©clarĂ© en soulignant la rĂ©cente attaque terroriste sur le boulevard Las Ramblas animĂ© de Barcelone.

‘Ils recherchent des cibles faciles’, a-t-il ajoutĂ©.
‘Aujourd’hui, ils [terroristes] sont contre la communautĂ© en gĂ©nĂ©ral 
leur objectif est de voir une Europe musulmane.

‘Si les Juifs Ă©taient une cible dĂ©finie, aujourd’hui, l’ennemi les traite comme des citoyens comme tout le monde. Aujourd’hui, si un juif, un musulman ou un chrĂ©tien se promĂšnent dans la rue, ils peuvent ĂȘtre frappĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. Tout le monde est une cible. ‘

Le rabbin Eliezer Wolff, juriste rabbinique d’Amsterdam, a dĂ©clarĂ©: «AprĂšs les attentats terroristes il y a deux ans en France, nous avons tous compris que, de maniĂšre drastique, nous devions augmenter la sĂ©curité».

Rav Wolff a donnĂ© Ă  titre d’exemple la directive qu’il a reçue des autoritĂ©s pour sĂ©curiser les fenĂȘtres Ă  son beit midrash (salle d’étude) avec des matĂ©riaux anti-balles qui ont Ă©tĂ© installĂ©s Ă  la place des gardes de sĂ©curitĂ© qui Ă©taient stationnĂ©s lĂ -bas.

Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a dĂ©clarĂ©: ‘Il y a eu un coup de semonce aprĂšs ce qui s’est passĂ© en France, et depuis, les mesures de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© renforcĂ©es’.

En Italie, a-t-il dit, les autoritĂ©s ont fortement investi dans la protection des institutions juives, assurant une sĂ©curitĂ© 24 heures sur 24. ‘Il existe une sĂ©curitĂ© plus Ă©levĂ©e. Plus de personnel de sĂ©curitĂ©, plus de gardes. L’atmosphĂšre gĂ©nĂ©rale a changĂ© – pas seulement parmi les Juifs ‘, a-t-il dĂ©clarĂ©.

Comme d’autres communautĂ©s juives, ceux en Italie mettent en Ɠuvre leurs propres mesures de sĂ©curitĂ© en plus de celles fournies par l’Etat.

Di Segni a dĂ©clarĂ© que la communautĂ© juive dans la capitale italienne avait vĂ©cu sous la crainte d’attaque puisque des terroristes palestiniens ont tuĂ© un garçon de deux ans et ont blessĂ© 37 autres Ă  l’entrĂ©e de la Grande Synagogue de Rome en 1982. ‘Avant cela, nous Ă©tions habituĂ© Ă  cela 
 mais ce qui s’est passĂ© maintenant, c’est qu’ils frappent la communautĂ© en gĂ©nĂ©ral, et maintenant, la communautĂ© Ă©largie a une meilleure comprĂ©hension des dangers. ‘

Dans certains cas, la sécurité est devenue si forte que les touristes juifs ont des difficultés à entrer dans les Synagogues en Europe.

‘Nous avons reçu de nombreuses plaintes de Juifs qui voulaient visiter les synagogues et n’avaient tout simplement pas pu entrer’, a dĂ©clarĂ© Rabbi Pinchas Goldschmidt, prĂ©sident de la ConfĂ©rence des rabbins europĂ©ens.

‘C’est regrettable. Il devrait y avoir une politique de la porte ouverte.

Mais avec la situation aujourd’hui, je ne vois pas une alternative. Nous devons nous assurer que ceux qui viennent prier puissent ĂȘtre assurĂ©s de leur sĂ©curitĂ© ‘, a-t-il dĂ©clarĂ©.

Goldschmidt a rappelĂ© que le Rav David Lau d’Ashkenazi a subit environ 15 minutes d’interrogatoire avant d’ĂȘtre autorisĂ© Ă  pĂ©nĂ©trer dans une synagogue Ă  Prague.

Alors que la majoritĂ© des dirigeants de la communautĂ© juive qui ont parlĂ© en radio ont louĂ© les autoritĂ©s de leurs pays, selon Gady Gronich, chef d’état-major du prĂ©sident de la ConfĂ©rence des rabbins europĂ©ens, certains estiment que les autoritĂ©s ont essayĂ© de passer un peu rapidement sur les prĂ©occupations de sĂ©curitĂ© concernant les juifs.

‘Nous n’acceptons pas cela, parce que nous sommes citoyens du pays et nous ne voyons pas le problĂšme de la sĂ©curitĂ© des Juifs comme notre entreprise seulement’, a dĂ©clarĂ© Gronich sur JP.

Goldschmidt a mentionné la Suisse comme un pays dont la petite communauté juive aimerait voir plus de coopération du gouvernement sur ses besoins de sécurité.

Goldschmidt, qui est le rabbin en chef de Moscou, a dĂ©clarĂ© qu’en Russie aussi, il souhaiterait davantage de soutien du gouvernement.

Là, la sécurité des synagogues est financée par la communauté juive, a-t-il dit.

Au cours des derniĂšres annĂ©es, la majoritĂ© des attentats terroristes en Europe Ă©taient commis dans l’ouest, et les pays les plus touchĂ©s, comme la France et la Belgique, sont plus propices aux dangers, notamment ceux posĂ©s par les extrĂ©mistes islamiques.

‘Je pense que les communautĂ©s dans de nombreux pays dialoguent avec leurs gouvernements et je pense que la comprĂ©hension par les gouvernements europĂ©ens de leurs responsabilitĂ©s Ă  l’égard de chacun de leurs citoyens augmente, et ne diminue pas’, a-t-il dĂ©clarĂ©.

‘Nous avons vu ces derniĂšres annĂ©es que beaucoup d’attaques terroristes Ă©taient contre les institutions juives’, a dĂ©clarĂ© Gronich, qui est basĂ© Ă  Munich. ‘S’ils [les autoritĂ©s] nous sĂ©curisent, ils peuvent en mĂȘme temps rĂ©duire le nombre d’attaques terroristes, parce que nous sommes au moins une des cibles’.

Cette question a été soulevée en février à la Conférence annuelle de Munich sur la sécurité, qui en partenariat avec la Conférence des rabbins européens, fut la premiÚre fois que la conférence ait conviée une institution juive.

‘C’était la premiĂšre fois que les problĂšmes juifs Ă©taient inscrits Ă  l’ordre du jour’, a dĂ©clarĂ© M. Gronich. ‘Nous avons clairement indiquĂ© que nous recherchions la coopĂ©ration, le soutien et le travail ensemble.’

L’Allemagne, a-t-il dit, est un exemple d’un pays oĂč les problĂšmes de sĂ©curitĂ© juive sont abordĂ©s avec le soutien total de la police et des autoritĂ©s.

Pour la Grande Bretagne, c’est tout autre. Le Community Security Trust, le principal groupe de surveillance du Royaume-Uni sur l’antisĂ©mitisme, a Ă©voluĂ© Ă  partir de diverses initiatives d’autoprotection juives britanniques et a Ă©tĂ© officiellement dĂ©signĂ© comme organisation Ă  but non lucratif en 1994. La police et le gouvernement les reconnaissent comme un modĂšle unique.

‘Il y a quinze ans, les gens devaient ĂȘtre convaincus de notre travail, mais au fil du temps, personne ne doit plus convaincre de l’importance de ce travail’, a dĂ©clarĂ© Mark Gardner, directeur des communications de CST.

Depuis 2010, le gouvernement britannique a soutenu les efforts de CST, fournissant des fonds pour les gardes de sĂ©curitĂ© qu’il gĂšre.

Et aujourd’hui, une subvention gouvernementale de ÂŁ 13,3 millions paie pour les gardes de sĂ©curitĂ© pour les Ă©coles juives, dont le surplus est destinĂ© aux gardes des synagogues et des autres institutions juives.

Au cours de la derniÚre année, le CST a ouvert une salle de contrÎle de sécurité 24 heures sur 24 pour surveiller les emplacements dans tout le pays grùce à des caméras et des liaisons radio.

Gardner a dĂ©clarĂ© que le grand public s’est rĂ©signĂ© au fait que le terrorisme est devenu une partie commune de la vie.

‘Il n’y a rien comme le niveau d’intĂ©rĂȘt mĂ©diatique autour de ces attaques qui existait’, a-t-il dit. ‘Nous apprĂ©cions que ce soit la situation actuelle et, par consĂ©quent, des mesures de sĂ©curitĂ© doivent ĂȘtre mises en place. Heureusement, nous les avons dĂ©jĂ  mis en place, car il faut beaucoup de temps pour construire et pour que la communautĂ© comprenne. ‘

De X ou juste


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