Trois quarts d’heure d’attente suivis de deux fouilles et de trois barrages : voilà ce à quoi ont eu droit les femmes non accréditées par la presse pour pouvoir assister à la messe en l’honneur du Père Jacques Hamel en la cathédrale Notre Dame de Paris, ce 27 juillet au soir, messe présidée par Son Éminence le Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris.

La raison : pour fouiller les femmes, seule une femme policière était réquisitionnée. Moyennant quoi, parquées, nous avons dû attendre, voyant  nos congénères masculins passer avec une vitesse exaspérante.

Première réaction devant cette affluence : satisfaction de voir de nombreuses personnes se déplacer pour assister à cette cérémonie en réalité organisée suite au carnage de l’église Saint-Etienne du Rouvray mardi 26 juillet 2016, au cours duquel notamment le père Jacques Hamel a été égorgé par deux djihadistes.

Satisfaction qui ne dura pas, m’étant sans doute attendue à une affluence qui déborderait la place.

Ce ne fut pas le cas. Et c’est du reste le malheureux premier constat regrettable qu’il fallait faire : la France est chrétienne. Mais à force de bafouer ses origines, il semble que les fidèles n’osent plus s’en revendiquer comme il se doit.

Une fois entrée dans la cathédrale, la circulation était au contraire étonnamment aisée. C’est ainsi que j’ai pu voir le nombre et la variété des notables venus assister à cette messe.

Le Président François Hollande, bien sûr. Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, Najat Vallaud Belkacem, Pierre Delanoë. Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, François Fillon, François Bayrou, Valery Giscard d’Estaing, Rama Yade, Brigitte Kuster, Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan, pour ne citer qu’eux parmi les nombreux politiques présents. Mais aussi François Clavairoly, President de la Fédération protestante de France. Gil Taieb, Vice-Président du CRIF, Ahmet Ogras, Vice-Président du Conseil Français du Culte musulman.

Curieux sentiment que j’ai éprouvé à les voir assis côte à côte, non loin des fidèles et du « commun des mortels ». Cette proximité a de façon bien heureuse rappelé l’humilité que nous devrions avoir, non seulement devant l’horreur du dernier attentat, comme de celle des crimes qui l’ont précédé et qui le suivront. Humilité aussi devant la spiritualité des lieux : croyant ou non, catholique ou non, on peut difficilement y rester insensible. Mais aussi humilité devant ce constat qui ne souffre pas la contradiction : nous n’avons pas réussi à éviter ces drames. Et il n’est pas certain que nous sachions éviter les prochains.

Ne nous leurrons pas en imaginant que cette humilité a habité les esprits de tous les politiques présents.

Mais hier soir, il fallait nous tourner non vers le premier rang de l’assemblée, mais vers les hommes d’église qui aux côtés du Cardinal André VING-TROIS, nous ont rappelé ce qu’il fallait retenir ce soir : un message d’unité envoyé à la face des terroristes.

Au rebours de beaucoup, je ne suis pas contre les cérémonies d’hommage. Il est assez rare, malheureusement, que le message véhiculé soit superflu à rappeler. Mais ce qui est exaspérant et criminel, ce sont les silences, actions et omissions qui les précèdent et les suivent.

Pour en revenir à la cérémonie, il faut d’abord rappeler les propos du Cardinal :

« Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un dieu de la mort, qui se réjouirait de la mort de l’homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l’invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l’humanité cède à leur mirage. »

Et se concentrer intensément sur le fait qu’il fallait, de toute façon, que les hommes politiques de tous partis soient présents. Nous sommes déjà appauvris en messages de force à opposer aux barbares pour que nous puissions nous payer le luxe de nous dispenser de ces images envoyées à la face du monde : la classe politique française s’est réunie ce jour en la cathédrale Notre-Dame de Paris, haut lieu du catholicisme français, dans cette France laïque mais bon sang de bon soir chrétienne ! Elle s’est réunie pour déplorer le massacre de l’un des leurs : non seulement car il était Français, mais aussi car il était catholique. Ne croyez pas terroristes que nous considérons les catholiques comme des Français de seconde zone. Voilà ce qu’il fallait faire dire .

Oui il fallait se concentrer sur cette nécessité pour oublier l’espace de quelques heures les erreurs, omissions,  maladresses impardonnables des politiques qui étaient là, et qui ont permis cela …

Les terroristes, les islamistes, séviront partout.

Mais on n’ose plus trop le nier à présent : la France était un des pays européens les plus propices aux attentats.

Immigration déraisonnée, en quantité comme en qualité.

Moyens donnés aux policiers insuffisants, sous tous les mandats présidentiels.

Tolérance inacceptable des autorités françaises qui ont accepté que l’autorité de l’État soit bafouée. Manifestations inacceptables des pro-palestiniens depuis 2014 en France. Acceptation des manifestations nihilistes de tous genres pendant l’état d’urgence.

Propos inacceptables de ministres en place.

Faut-il rappeler les propos de Bernard Cazeneuce, de l’été 2014  sur sa sympathie envers les palestiniens ? Combien de temps François Hollande pense encore pouvoir gérer cette schizophrénie qui consiste à soutenir officiellement Israël, à le féliciter pour ses prouesses en matière de sciences et de lutte contre le terrorisme, à solliciter sa collaboration et à dans le même temps permettre que des décisions inacceptables soient rendues à l’Unesco ? Est-ce un hasard si les manifestations violentes de l’été 2014 ont proliféré en France ? Pays qui s’est permis de croire qu’elle avait compétence pour reconnaître la Palestine par son Parlement ?

Comment garder dans son gouvernement un ministre qui a affiché sa sympathie pour le mouvement B.D.S. ? Peut-on raisonnablement croire que le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a évolué depuis le temps où il écrivait à Christiane Taubira, alors Ministre de la Justice, que « la question de l’abrogation de la circulaire Alliot-Marie mérite indéniablement d’être posée » ?

Faut-il aussi rappeler notre désolation lorsque nous apprenons régulièrement que les terroristes qui ont sévi étaient fichés S ?

Que sommes nous censés penser, alors que nous disposons déjà de peu de moyens, que la guerre s’annonce rude, que les pistes sont hélas pauvres, lorsque ce ministre de la justice Urvoas ose, pour rejeter l’idée de Nicolas Sarkozy d’enfermer les individus menaçants, « la France ne peut concevoir le combat contre le terrorisme, contre la radicalisation, qu’autrement qu’avec les armes du droit » ?
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/07/28/25002-20160728ARTFIG00089-urvoas-a-sarkozy-je-refuse-cette-volonte-de-8220guantanamoisation8221-de-notre-droit.php
Et http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/07/27/01016-20160727ARTFIG00300-terrorisme-les-nouveaux-defis-de-la-justice.php

Que penser lorsque l’on apprend qu’après la tolérance inadmissible donnée aux hippies de Nuit Debout et aux mouvements contre la loi Travail, la marche blanche en hommage aux victimes des attentats de Nice prévue pour ce dimanche est interdite par la Préfecture ?

Les Français ne sont pas si déraisonnables : ils peuvent comprendre dans l’absolu que les impératifs de sécurité l’emportent.

Mais alors listons les manifestations autorisées pendant l’état d’urgence et les effectifs policiers mobilisés en conséquence.

Listons également les rassemblements qui auront lieu le prochain jour et voyons si par un souci inhabituel de justice dans ce pays on peut repartir de façon plus équitable ces effectifs, déjà pressurisés par ailleurs …

Non, décidément, il fallait beaucoup d’abnégation pour mettre tout cela de côté pendant ces instants consacrés à la mémoire du Père Jacques Hamel. Solange Hendi

Par Melle Solange Hendi pour Alyaexpress-News

Photos et vidéo : Solange Hendi