MON ÊTRE SI INOUÏ ! – Rony Akrich

Pour comprendre le monde spirituel, celui qui se situe au niveau de l’ñme, de l’esprit, de la vie psychique, celui en rapport avec la vie intĂ©rieure de l’ñme dĂ©gagĂ©e des sens, avec les fonctions supĂ©rieures de l’esprit, il nous faut l’entendre ici et maintenant. Ne pas le chercher dans l’au-delĂ  des mers ou dans les cieux. C’est en soi qu’il se trouve, lĂ  qu’il attend patiemment le rendez-vous essentiel. Il s’agit d’une opĂ©ration mentale exprimant le besoin d’investigation, d’élucidation, la dure nĂ©cessitĂ© de devoir rĂ©flĂ©chir, creuser, scruter et imaginer. Nombre d’erreurs, de fautes et de regrets restent consĂ©quents du refus catĂ©gorique de l’Humain Ă  se rencontrer, non de maniĂšre infantile et Ă©goĂŻste, mais au travers d’une exigence perpĂ©tuelle Ă  rĂ©vĂ©ler les aspects sublimes de son ĂȘtre. L’écoute vigilante des clameurs de l’ñme, l’espoir incessant Ă  vivre les percĂ©es et le flux des torrents de son cƓur. Ce n’est certes pas une quĂȘte primaire d’inspiration cĂ©leste, ni une tiĂšde expĂ©rience mystique, mais un rĂ©el labeur de peine et de sueur. 

Il est difficile de faire parler l’ñme, elle, qui se trouve quelque part dans les brouillards de l’inconnu. Une grande partie de l’existence est consacrĂ©e aux appĂ©tits dĂ©risoires et aux nĂ©cessitĂ©s puĂ©riles qui absorberont peu Ă  peu puis totalement l’ĂȘtre humain. AttirĂ© par ces forces de pesanteur, il n’aspire plus qu’à survivre, qu’à satisfaire ses besoins de primate. Une telle rencontre exige une conscience et une sensibilitĂ© de soi pour soi, ne pas hĂ©siter Ă  transcrire, Ă  classer l’ensemble des Ă©motions et des Ă©preuves. 

L’Humain demeure en quĂȘte de son propre verbe intĂ©rieur, de sa conscience, de l’intimitĂ© de son Ăąme. Toutes les expĂ©riences vĂ©cues gravent la conscience d’un sillon indĂ©lĂ©bile, mais ne rĂ©pondent pas toujours aux aspirations sourdes du vibrato de l’ĂȘtre intĂ©rieur. C’est au magma de la vie qu’il faut accorder une pleine libertĂ© de mouvement et d’expression. La cohĂ©rence de cet ouvrage vise Ă  la rĂ©vĂ©lation substantielle de l’ĂȘtre intime, de ce magma originel oĂč il s’impatiente Ă  lui octroyer une densitĂ©, une figure, un devenir. 

Nul ne doit craindre la bataille, tous devront finalement, un jour ou l’autre, se prĂ©parer Ă  extraire de leur sein les infidĂ©litĂ©s du cƓur et de la raison, et pouvoir ainsi se retrouver au plus vrai d’eux-mĂȘmes. 

Quelquefois une quĂȘte de soi, une recherche de sa propre vĂ©ritĂ© entraĂźne l’homme vers des positions extrĂȘmes ; ne plus accepter les certitudes absolues exhibĂ©es comme la finalitĂ© du bon, du bien et du sacro-saint. Les parterres fleuris par les masses sont trop souvent recouverts d’un conformisme d’idĂ©es et de maniĂšres de faire ne satisfaisant que la matiĂšre brute et le superficiel. Aucune concession n’étant rĂ©ellement possible, les conflits deviennent incessants, et le chemin poursuivi Ă  contre-courant demeure la seule issue parmi ceux et celles qui persistent Ă  solliciter la personnalitĂ©. RĂ©ussir Ă  se protĂ©ger de cette diffĂ©rence d’entitĂ© aux faveurs d’une moralitĂ© sans appel, d’une volontĂ© Ă©purĂ©e et d’une authenticitĂ© dans le suivi. Le combat ne doit pas se matĂ©rialiser par un orgueil ou une humilitĂ© exacerbĂ©s, mais Ă  travers l’unique exigence d’une reconnaissance de la vĂ©ritĂ© profonde ainsi que d’une sincĂšre volontĂ© Ă  Ă©lucider cette derniĂšre. 

Il faut se tenir prĂȘt Ă  fondre sur ces moments opportuns, lĂ  oĂč l’ĂȘtre s’entrouvre et laisse poindre les gerbes de lumiĂšres rayonnantes qui n’attendaient que nous. 

SimultanĂ©ment, Ă©veiller l’ñme grĂące Ă  une Ă©tude intelligente et profonde des textes traditionnels, un engagement sensible et positif au sein d’un ordinaire dissociĂ© du « bruit » ambiant. Les sons assourdissants et les lumiĂšres aveuglantes provoquant, plus qu’on ne le pense, des dĂ©sordres de la rĂ©flexion et les dĂ©fectuositĂ©s du bon entendement. Lorsque l’individu se dĂ©nie et s’obstine Ă  ne plus labourer les champs de son ĂȘtre, nul doute que les chemins parcourus rencontrent ceux de la perdition. Au fil du temps, sa conception et son estimation des choses se brouillent, la rĂ©alitĂ© ainsi apprĂ©ciĂ©e devient le guide fossoyeur de ces innombrables tentatives Ă  percevoir les desseins de son existence. Les consĂ©quences seront ainsi doubles : d’une part, des situations, des conflits qui ne sont pas nĂ©cessairement les siens, mais le fourvoient et l’entraĂźnent vers l’échec. D’autre part, l’expression d’une colĂšre plus ou moins violente concernant ses rendez-vous manquĂ©s avec lui-mĂȘme, avec la Vie. 

La principale relation demeure envers et contre tout cette sollicitude Ă  l’égard de soi-mĂȘme, chacun y est porteur d’une Ăąme vivante, d’un trĂ©sor de vĂ©ritĂ© et de bontĂ©, d’une crĂ©ativitĂ© sans bornes et d’une sagesse incommensurable. 

Il faut vaincre le cynisme et la pesanteur des inconsistances, partir Ă  la recherche de ses propres empreintes, rĂ©flĂ©chir promptement et saisir avec dĂ©licatesse ses Ă©motions. Savoir se frayer un chemin au travers nos rĂȘves, au travers le flot dĂ©ferlant de faire-part dĂ©livrĂ©s depuis les gorges profondes de l’ñme. L’attitude adoptĂ©e face Ă  la nature et la substance de la personnalitĂ© nous interpelle; quelle serait donc la signification rĂ©elle de ce « moi » omniprĂ©sent ? Serait-ce  la personne dans toute sa simplicitĂ© initiale et commune ? Ou bien la personne crĂ©atrice, adaptable, maĂźtresse de son devenir et actrice de son milieu ? Les deux propositions, aussi justes  soient-elles, ne doivent pourtant pas nous empĂȘcher de dĂ©crypter le sens de leur implication l’une envers l’autre sur l’ñme vivante. Le caractĂšre le plus naturel est bien entendu celui de l’enfant, dĂšs cet Ăąge les comportements sont spontanĂ©s, libĂ©rĂ©s des carcans, lĂ , l’enfance s’écoule comme un long fleuve tranquille. Elle peut s’émouvoir sans critique, dĂ©couvrir sans frontiĂšres, courir les espaces et permettre Ă  la graine de germer le plus naturellement du monde Ă  l’abri des turbulences existentielles. 

Cette pĂ©riode de l’enfance est un moment clĂ© car elle reste une source de joie, de confiance, d’amour et de crĂ©ativitĂ©. Elle permet aux forces essentielles de la vie une rencontre avec l’étendue infinie, lĂ  oĂč le mouvement incessant et perpĂ©tuel de l’existence ne peut se heurter aux contingences de la seule raison. Sa victoire le transporte alors vers l’autre horizon, celui dans lequel l’ñme vivante jaillit et se conjugue avec le monde des lois et des limites. C’est alors que la maturitĂ© s’acquiert, se construit et mĂšne Ă  plus de rĂ©flexion, de remise en question, quant à  la responsabilitĂ© partagĂ©e et les comportements pratiques de l’humain. Elle ouvre les arcanes de l’ñme pour mieux se proposer Ă  l’autre, Ă  la sociĂ©tĂ©, prendre la direction de l’autre dimension de la vie, celle oĂč le dialogue s’engage avec tous. 

Nature et maturitĂ© ont indĂ©niablement besoin l’une de l’autre, l’adulte sans l’enfant ne serait plus qu’un pragmatique anĂ©anti et l’enfant sans l’adulte un petit ĂȘtre noyĂ© par ses fantasmes et perdu dans les tempĂȘtes de son ĂȘtre. La relation entre ces deux mondes paraĂźt essentielle et surtout irrĂ©versible car source d’équilibre, l’adulte protĂšge et donne un sens Ă  l’enfant alors que ce dernier rĂ©veille et vivifie l’adulte.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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