La mort d’Elinor Maimon, une jeune Franco-Israélienne de 19 ans retrouvée sans vie lors de vacances au ski dans les Alpes françaises, aurait dû susciter un minimum de retenue, de compassion et de dignité. Elle a au contraire déclenché, sur les réseaux sociaux français, une vague de commentaires glaçants, mêlant sarcasmes, complotisme et réjouissance à peine dissimulée face à la disparition d’une jeune Juive. Ces réactions, visibles publiquement sous des publications relayant le décès, constituent en elles-mêmes un signal d’alarme sur l’état de l’antisémitisme en France.
Elinor Maimon vivait à Jérusalem depuis environ trois ans avec sa famille, dans le quartier de Har Homa. Sa mort a conduit les autorités israéliennes, via le ministère des Affaires étrangères, à organiser le rapatriement de son corps en Israël pour l’enterrement. L’affaire relève à ce stade d’un fait divers tragique. Mais ce sont moins les circonstances du décès que les réactions qu’il a suscitées qui interpellent profondément.
Sous une publication annonçant sa mort, plusieurs internautes français n’ont pas exprimé de condoléances, mais au contraire une hostilité décomplexée. Certains se sont empressés de relativiser le drame, parlant d’un « simple accident » qui ne mériterait pas d’attention. D’autres sont allés beaucoup plus loin, insinuant que la victime ne méritait pas l’empathie parce qu’elle était israélienne, voire juive. Le glissement est brutal : la mort d’une jeune femme devient un prétexte à régler des comptes idéologiques.
Des commentaires évoquent cyniquement le fait que « les autres morts ne sont pas israéliens », sous-entendant que la vie d’une Juive aurait moins de valeur ou, à l’inverse, ne devrait susciter aucune émotion. D’autres ironisent lourdement, affirmant que « si c’était un Arabe qui mourait, on ferait la fête », projetant ainsi leur propre haine et leur obsession identitaire. Certains sombrent dans un complotisme grotesque, allant jusqu’à suggérer que des services israéliens seraient impliqués, même dans un accident de ski, révélant un imaginaire obsessionnel où Israël devient responsable de tout, y compris de la mort de ses propres ressortissants.
Plus inquiétant encore, certains commentaires nient purement et simplement l’identité de la victime. Le terme « franco-israélienne » est tourné en dérision, comme si l’appartenance à Israël annulait toute autre identité et justifiait le mépris. Derrière ces mots, une logique bien connue se dessine : celle qui consiste à refuser aux Juifs toute individualité, pour les réduire à une entité collective honnie.
Ces réactions ne sont ni marginales ni isolées. Elles s’inscrivent dans un climat où la déshumanisation des Juifs progresse sous couvert de discours politiques ou pseudo-moraux. La mort d’Elinor n’est pas traitée comme celle d’une jeune femme, d’une fille, d’une sœur, mais comme un événement idéologique. L’émotion disparaît, remplacée par le sarcasme, l’accusation et parfois même la jubilation.
Ce phénomène révèle un seuil franchi. Se réjouir, même implicitement, de la mort d’une jeune Israélienne de 19 ans n’est plus seulement une opinion radicale : c’est un symptôme d’une société où l’antisémitisme se banalise, se verbalise et s’affiche sans honte. Les réseaux sociaux jouent ici un rôle d’amplificateur, offrant un espace où la haine s’exprime sans filtre, souvent sous couvert d’humour noir ou de prétendue lucidité politique.
Il ne s’agit pas de quelques propos maladroits. Il s’agit d’un climat. Un climat dans lequel la compassion devient conditionnelle, accordée ou refusée selon l’identité de la victime. Un climat où certains Français estiment normal de commenter la mort d’une jeune Juive comme on commenterait une statistique ou un fait insignifiant.
Pour la communauté juive, ces réactions sont vécues comme une blessure supplémentaire. Elles confirment un sentiment de plus en plus répandu : celui d’être non seulement menacée physiquement, mais aussi moralement exclue de l’empathie collective. Lorsque la mort d’une jeune fille de 19 ans devient un objet de sarcasme, c’est toute la notion d’humanité partagée qui vacille.
L’affaire Elinor Maimon ne se limite donc pas à un drame individuel. Elle agit comme un révélateur brutal. Non pas seulement de la haine de certains internautes, mais de l’acceptation croissante de cette haine dans l’espace public numérique français. Une réalité que beaucoup préfèrent encore nier, jusqu’au prochain nom, au prochain visage, à la prochaine vie fauchée.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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