Le conflit discret entre l’Égypte et le Qatar s’est étendu cette semaine au domaine religieux : alors que l’Organisation mondiale des savants musulmans, basée à Doha et affiliée aux Frères musulmans, a publié récemment une fatwa appelant à la « nécessité d’un djihad armé contre Israël », le mufti d’Égypte a rejeté fermement ce décret religieux, avertissant contre une dérive vers le chaos et la destruction.


Une fatwa appelant à l’intervention militaire

Fin mars, l’organisation religieuse basée à Doha a émis une fatwa affirmant qu’il était obligatoire pour les États musulmans d’intervenir militairement pour soutenir la « résistance palestinienne », en l’occurrence le Hamas et d’autres groupes armés de Gaza. Elle appelle également à l’annulation de toute normalisation avec Israël.

Cette fatwa a été rédigée par le cheikh Dr. Ali al-Qaradaghi, actuel dirigeant de l’organisation, fondée par le défunt cheikh Youssef al-Qaradawi, ancien chef spirituel des Frères musulmans, connu pour avoir justifié les attentats-suicides du Hamas.

La fatwa appelle à un blocus terrestre, maritime et aérien d’Israël et à une intervention militaire directe ou indirecte (via des mercenaires, soldats ou fourniture d’armements).

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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La réponse du mufti d’Égypte : « Seuls les États ont cette légitimité »

Une semaine après cette déclaration, le mufti d’Égypte, Nazir Mohammed Iyad, a publié une réponse officielle via Dar al-Ifta, l’autorité islamique centrale égyptienne :

« Le djihad est un concept juridique précis en islam, avec des conditions, des fondements et des objectifs bien définis. Aucune entité ou groupe non étatique n’a le droit d’émettre de tels décrets sans violer les principes fondamentaux de la charia et menacer la stabilité des sociétés musulmanes. »

Il poursuit :

« Soutenir le peuple palestinien est un devoir religieux, moral et humain — mais uniquement dans un cadre qui sert réellement ses intérêts, et non des agendas idéologiques irresponsables qui aggravent la souffrance et causent la destruction. »

« L’un des principes fondamentaux de la charia est que la déclaration de guerre et de djihad relève exclusivement de l’autorité politique légitime d’un État. Toute tentative de court-circuiter cette légitimité est un appel au chaos et à l’anarchie. »

Enfin, il conclut :

« Appeler au djihad sans tenir compte de la réalité politique, militaire et économique de la Oumma est irresponsable. La charia appelle à peser les intérêts et les préjudices, et met en garde contre les décisions hâtives. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un sérieux effort pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza — pas d’aventures qui creusent encore davantage la crise. »