MystÚre vieux comme Israël : Qui est la petite fille de 8 ans enterrée avec le soldat de la Hagana ?

Un mystĂšre datant de l’époque de l’établissement d’IsraĂ«l attend toujours d’ĂȘtre rĂ©solu, mais personne n’a de piste, mĂȘme 75 ans plus tard.

L’histoire commence Ă  JĂ©rusalem en 1948, des mois avant la crĂ©ation de l’État, alors que la guerre d’indĂ©pendance avait dĂ©jĂ  commencĂ© et que le mandat britannique touchait Ă  sa fin.

Dans la nuit du 12 fĂ©vrier, les Britanniques ont arrĂȘtĂ© quatre combattants de la Hagana qui gardaient un guet prĂšs de la porte Mandelbaum Ă  JĂ©rusalem et les ont mis dans une voiture. Au bout d’un court trajet en voiture, les combattants ont Ă©tĂ© jetĂ©s du vĂ©hicule Ă  la porte de Damas, et le lendemain, leurs corps ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s Ă  cĂŽtĂ© de la porte des Lions aprĂšs avoir Ă©tĂ© assassinĂ©s par une foule palestinienne.

L’un des combattants Ă©tait Shimon Nissani, le propriĂ©taire d’un atelier de menuiserie dans le quartier de Bet Israel qui n’était mĂȘme pas censĂ© ĂȘtre au poste de garde mais Ă©tait prĂ©sent parce qu’il avait Ă©changĂ© des quarts avec un autre membre de la Hagana, Pinhas Spiegelman. GrĂące Ă  l’échange, Spiegelman a Ă©tĂ© sauvĂ©.

Une fille se fait enterrer avec Nissani

L’histoire de l’enterrement de Nissani est comme tirĂ©e d’un film. En raison de la situation sĂ©curitaire dĂ©licate de l’époque, les enterrements au mont des Oliviers n’ont eu lieu qu’à certaines heures, et Nissani a Ă©tĂ© emmenĂ© pour ĂȘtre enterrĂ© avec d’autres corps de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es ces derniers jours.

Nissani, qui est nĂ© en Perse, devait ĂȘtre enterrĂ© dans le complot sĂ©farade, mais alors que les brancardiers Ă©taient occupĂ©s avec une tombe diffĂ©rente, ils ont commencĂ© Ă  se faire tirer dessus et ont Ă©tĂ© forcĂ©s de fuir la zone. En raison des circonstances, Nissani a Ă©tĂ© rapidement enterrĂ© dans une tombe voisine, et non dans la parcelle dans laquelle il devait ĂȘtre enterrĂ©, et les personnes qui l’enterraient se sont Ă©chappĂ©s.

Un instant avant qu’ils ne quittent les lieux, Isaac, le beau-frĂšre de Nissani, s’arrĂȘta. Il avait repĂ©rĂ© le corps d’une fillette de huit ans laissĂ©e au sol sans ĂȘtre enterrĂ©e. Selon les actes de dĂ©cĂšs du comitĂ© sĂ©farade, son nom Ă©tait Rachel, fille de Victoria Haim.

Prenant une dĂ©cision rapide, Isaac a dĂ©terrĂ© la tombe fraĂźche de Nissani, a enterrĂ© la petite fille avec lui et les a recouverts ensemble sans pierre tombale, ni identification. MĂȘme s’il a Ă©tĂ© enterrĂ© dans un complot diffĂ©rent, Ă  ce jour, les archives de la Chevra Kadisha montrent que Nissani est enterrĂ© dans le complot sĂ©farade.

La famille de Nissani trouve une petite fille dans sa tombe

Au cours des 19 annĂ©es qui ont suivi, alors que les Jordaniens contrĂŽlaient le mont des Oliviers, la famille de Nissani n’a pas pu visiter sa tombe. A la fin de la Guerre des Six Jours, sa famille tente de retrouver son lieu de repos. Parce que l’emplacement rĂ©el de sa tombe n’a Ă©tĂ© Ă©crit nulle part et parce que le cimetiĂšre a Ă©tĂ© fortement endommagĂ© pendant le contrĂŽle jordanien , ils n’ont pas pu trouver la tombe.

Ce n’est qu’en 1990 que la tombe de Nissani a Ă©tĂ© reconnue. C’est arrivĂ© aprĂšs que Spiegelman ait menĂ© des recherches pour trouver la tombe de son ami dĂ©cĂ©dĂ© aprĂšs de nombreuses annĂ©es de culpabilitĂ©. Une vieille photo avec des signes d’identification dont le beau-frĂšre de Nissani se souvenait, ainsi qu’un homme qui a aidĂ© Ă  son enterrement, ont aidĂ© la famille Ă  trouver le lieu d’inhumation.

Lorsqu’ils ont ouvert la tombe 42 ans plus tard, la famille a trouvĂ© les os de Nissani et les os de la petite fille, et c’est ainsi qu’aprĂšs des dĂ©cennies, ils ont pu dire dĂ©finitivement qu’il s’agissait de la tombe de Nissani.

Les deux ont Ă©tĂ© recouverts Ă  nouveau, leurs os sont restĂ©s en place et ils continuent de partager la tombe. Plus tard, une pierre tombale militaire a Ă©tĂ© placĂ©e sur la tombe avec le nom de Nissani, mais l’identitĂ© de la jeune fille est restĂ©e un mystĂšre Ă  ce jour. A part son nom et le nom de ses parents, on ne sait rien d’elle.

La Fondation Ir David a tentĂ© d’en savoir plus

Depuis 2006, la Fondation Ir David gĂšre un centre d’information qui, entre autres, aide Ă  trouver des informations sur les tombes et leurs occupants dans le cimetiĂšre et Ă  les rendre accessibles. Jusqu’à prĂ©sent, le projet a connu un grand succĂšs et des milliers de tombes, dont beaucoup Ă©taient anonymes, ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© identifiĂ©es et cartographiĂ©es.

Par dĂ©sir d’honorer la jeune fille, la Fondation Ir David est Ă©galement entrĂ©e en scĂšne dans cette affaire. La semaine derniĂšre, un panneau commĂ©moratif a Ă©tĂ© fabriquĂ© pour elle et sera placĂ© sur la tombe lors de la cĂ©rĂ©monie commĂ©morative . Afin d’obtenir plus de dĂ©tails sur sa vie et son caractĂšre, la fondation essaie de trouver des parents ou des amis qui connaissent son histoire et peuvent faire la lumiĂšre sur les dĂ©tails de l’incident ou mĂȘme participer Ă  la cĂ©rĂ©monie.

« Ces derniers mois, nous avons fait beaucoup pour essayer de localiser des informations sur l’inconnue, mais entre-temps, nous n’avons mĂȘme pas trouvĂ© de piste », a dĂ©clarĂ© Yonatan Manovich, qui gĂšre le centre d’information. « Les efforts de recherche ont impliquĂ© des bĂ©nĂ©voles de l’organisation ‘Latet Panim Lanoflim’ (donnez un visage aux morts) et des employĂ©s des archives de la municipalitĂ© de JĂ©rusalem, mais comme les efforts de recherche n’ont pas abouti Ă  une percĂ©e, nous avons dĂ©cidĂ© de nous tourner vers le grand public pour aider. »

« Les gens ne connaissent pas l’histoire », a dĂ©clarĂ© Sarah Barnea, chercheuse au Mont des Oliviers. « Il y a eu tellement d’évĂ©nements entre le vote du 29 novembre Ă  l’ONU et la crĂ©ation de l’État d’IsraĂ«l en mai. Ce sont des gens qui ont Ă©tĂ© oubliĂ©s. Nous ne savons pas qui elle est, nous ne savons rien Ă  propos de sa famille. Nous devons faire quelque chose en son honneur.

Barnea a entendu parler de l’histoire de la jeune fille lors d’une visite Ă  la sƓur de Nissani, Leah. « C’est vraiment dĂ©chirant qu’il n’y ait personne pour aller sur la tombe et honorer sa mĂ©moire », a-t-elle dĂ©clarĂ©. « J’ai pensĂ© que le moment Ă©tait venu de faire quelque chose pour elle. »


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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