Netanyahou interrompt son témoignage pour un exercice sécuritaire majeur : un signal rare dans un contexte de tensions régionales

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a demandé ce mardi la suspension temporaire de son témoignage dans le cadre du procès dit des « dossiers des milliers », afin de participer à ce qu’il a qualifié de « très grand exercice sécuritaire », lié à un scénario d’attaque massive de missiles contre Israël. Une requête inhabituelle, acceptée par les juges, qui intervient sur fond de tensions régionales croissantes et de préoccupations sécuritaires accrues.

La demande a été formulée en pleine audience, lorsque le Premier ministre s’est levé pour expliquer qu’un exercice stratégique d’envergure nationale était en cours et nécessitait sa participation à distance, par téléphone et via Zoom. Netanyahou a précisé que l’exercice concernait notamment le déploiement d’hôpitaux de campagne dans le nord du pays, dans l’hypothèse d’une attaque de missiles de grande ampleur. Selon ses déclarations, un exercice de cette nature n’aurait pas été organisé depuis près de quinze ans.

Les juges ont accepté la requête et ont décidé, afin de permettre cette interruption, d’avancer la pause déjeuner prévue à l’audience. Cette décision judiciaire, rare dans le cadre d’un procès pénal, souligne le caractère exceptionnel attribué à l’événement sécuritaire évoqué par le Premier ministre.

Si Netanyahou n’a pas fourni de détails opérationnels précis, ses propos ont néanmoins attiré l’attention, car ni Tsahal ni les hôpitaux du nord du pays n’avaient communiqué publiquement sur l’existence d’un tel exercice avant l’audience. De facto, la déclaration du chef du gouvernement a constitué une révélation indirecte de la tenue de manœuvres sécuritaires sensibles, dans un contexte régional particulièrement tendu.

Depuis plusieurs semaines, Israël observe avec attention les évolutions militaires autour de ses frontières, notamment au Liban, en Syrie et face à l’Iran. Les menaces de frappes de missiles, qu’elles soient directes ou via des organisations soutenues par Téhéran, font partie des scénarios régulièrement évoqués par les responsables sécuritaires israéliens. La référence explicite à un exercice simulant une attaque de missiles de grande ampleur a renforcé l’impression que les autorités se préparent à des scénarios extrêmes.

Sur le plan politique et judiciaire, l’interruption du témoignage de Netanyahou n’est pas anodine. Le Premier ministre est actuellement engagé dans une phase cruciale de son procès, où chaque audience est scrutée tant par ses soutiens que par ses opposants. Pour ses défenseurs, la priorité donnée à la sécurité nationale est légitime et reflète la réalité d’un pays confronté à des menaces constantes. Pour ses détracteurs, en revanche, cette suspension alimente les critiques sur la confusion entre responsabilités institutionnelles et situation personnelle du chef du gouvernement.

Dans sa déclaration aux juges, Netanyahou a insisté sur le caractère indispensable de sa participation à l’exercice. « Il s’agit d’un exercice très important, le dernier de ce type ayant eu lieu il y a quinze ans », a-t-il expliqué, laissant entendre qu’il s’agissait d’un entraînement de niveau stratégique, impliquant plusieurs institutions civiles et militaires. La mention explicite des hôpitaux de campagne suggère un scénario de frappes massives visant des zones civiles, avec un nombre élevé de victimes potentielles.

Cette référence n’a pas manqué de susciter des réactions dans les milieux sécuritaires et médiatiques, certains soulignant que la préparation du front intérieur est redevenue une priorité centrale depuis le 7 octobre. La guerre en cours a mis en évidence la vulnérabilité des infrastructures civiles et l’importance de la coordination entre l’armée, les services d’urgence et le système de santé.

Du côté judiciaire, la décision d’accepter la suspension temporaire du témoignage a été présentée comme une mesure pragmatique, tenant compte des responsabilités uniques du Premier ministre en période de crise. Les juges ont toutefois veillé à encadrer strictement l’interruption, en la limitant à une demi-heure et en réorganisant le calendrier de l’audience.

L’épisode illustre une fois de plus la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve Israël, où les enjeux sécuritaires s’entremêlent en permanence avec les débats politiques et judiciaires. Il met également en lumière la difficulté de séparer, dans un tel contexte, le rôle institutionnel du Premier ministre de sa situation personnelle devant la justice.

Alors que les tensions régionales restent élevées et que les menaces militaires continuent de peser sur le pays, l’exercice évoqué par Netanyahou rappelle que les scénarios les plus graves ne sont pas théoriques. L’interruption du témoignage, aussi brève soit-elle, apparaît ainsi comme un symbole de la réalité israélienne actuelle : un État en alerte permanente, contraint de jongler entre la gestion des crises sécuritaires et le fonctionnement normal de ses institutions démocratiques.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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