À peine la première étape de l’accord achevée — avec la libération partielle des otages — le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’apprête à durcir le ton. Selon le journaliste politique Mati Tuchfeld (Israel Hayom), le chef du gouvernement prépare une vaste contre-offensive visant le “quartier général des familles d’otages”, l’opposition et une partie des médias qu’il accuse d’avoir transformé la mobilisation pour les otages en campagne politique contre son gouvernement.
Lors d’un discours prévu dans les prochains jours, Netanyahou entend dénoncer ce qu’il qualifie de “dérive politique du camp des otages”, qu’il estime « instrumentalisé par la gauche pour faire tomber le gouvernement plutôt que pour sauver les captifs ». Il s’appuiera notamment sur les huées entendues la veille lors du rassemblement en soutien aux otages, quand l’émissaire américain Steve Witkoff — proche de Donald Trump — a mentionné le rôle du Premier ministre dans la conclusion de l’accord. Ces sifflets, repris dans les médias, deviendront, selon ses conseillers, « la preuve d’une manipulation politique ».
Déterminé à reprendre la main, Netanyahou devrait réaffirmer les “objectifs intégraux de la guerre” : l’élimination complète du Hamas et la garantie que Gaza ne redevienne jamais une menace. Il soulignera que, malgré le coût moral et politique de la libération de prisonniers palestiniens, « Israël n’a pas cédé » et reste prêt, si nécessaire, à reprendre les opérations militaires — cette fois avec un « soutien international renforcé ».
Une offensive sur trois fronts
Sur le plan interne, le Premier ministre prévoit une série d’entretiens avec ses alliés d’extrême droite, notamment Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, pour consolider la cohésion de la coalition. Netanyahou leur rappellera que toute crise gouvernementale à ce stade ne ferait que « récompenser » ceux qui souhaitent la chute de la droite. Selon plusieurs sources proches du Likoud, il compte relier son message militaire à une offensive politique : accuser les partis d’opposition d’avoir adopté « une ligne de capitulation » dès le début du conflit, et présenter les manifestations de Kaplan comme « une continuation des mobilisations anti-gouvernementales sous couvert de compassion ».
Les médias, eux aussi, seront dans sa ligne de mire. Dans sa prochaine adresse au pays, Netanyahou entend les désigner comme « partenaires actifs » de la contestation, les accusant d’avoir « relayé sans filtre » les slogans du camp des otages et d’avoir cherché à créer une fracture nationale. Une stratégie classique du Premier ministre : transformer la critique en preuve de sa résistance, et souder autour de lui la droite israélienne par la dénonciation d’un “front médiatique hostile”.
Le délicat équilibre avec les partis religieux
Un autre volet de son discours s’adressera aux partis ultra-orthodoxes. Netanyahou compte rassurer ses partenaires du Shas et du Judaïsme unifié de la Torah en confirmant que les “sanctions coercitives” sur les refus de service militaire, débattues avant l’attaque iranienne, seront considérablement allégées. L’objectif : faire passer au plus vite une loi sur le service national, avec des quotas de recrutement sans précédent, mais « sans stigmatiser le monde haredi ». Selon le Premier ministre, la contrainte ne ferait que “radicaliser” une population déjà réticente, tandis qu’un “dialogue pragmatique” permettrait de renforcer l’intégration progressive.
Cette approche vise à prévenir toute fissure dans la coalition à un moment où Netanyahou a plus que jamais besoin d’unité — face aux critiques venues aussi bien de la rue que de Washington. Le Premier ministre mise sur un message simple : Israël a payé un prix douloureux pour le retour de ses enfants, mais il reste maître de son destin.
Une guerre politique après la guerre
Derrière ce virage offensif se profile un calcul électoral. En pointant du doigt les familles d’otages, l’opposition et la presse, Netanyahou cherche à recentrer le débat sur la loyauté nationale et à relégitimer son leadership dans une opinion publique divisée. Son entourage parle déjà d’un “nouveau narratif de victoire” : présenter la fin de la première phase de l’accord non pas comme un compromis, mais comme une étape vers la victoire finale contre le Hamas — et contre ses adversaires intérieurs.
À court terme, cette stratégie pourrait rallier la droite dure autour de lui. Mais elle risque aussi d’exacerber la fracture émotionnelle d’une société israélienne encore bouleversée par les mois de captivité et les drames du 7 octobre. Entre ceux qui exigent vengeance et ceux qui appellent à la réconciliation, le Premier ministre choisit clairement son camp : celui du combat politique permanent.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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