Netanyahu écarte Tzahi Hanegbi de la tête du Conseil national de sécurité : « J’assume ma part du désastre du 7 octobre »

C’est une décision à la fois symbolique et politique.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a démis Tzahi Hanegbi de ses fonctions de chef du Conseil national de sécurité (Conseil du NSC – “Malmal”), poste clé qu’il occupait depuis 2023.
Hanegbi, figure historique du Likoud et proche de Netanyahu depuis trois décennies, a reconnu sa « part de responsabilité » dans les défaillances ayant conduit à la tragédie du 7 octobre 2023, tout en appelant à une enquête complète sur les manquements sécuritaires de l’époque.

« Le terrible échec du 7 octobre, dont je suis aussi partenaire, doit être examiné en profondeur », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Il faut en tirer les leçons pour restaurer la confiance du public et renforcer l’unité d’Israël. »

Un départ sous tension

Selon plusieurs sources politiques israéliennes citées par Israel Hayom et Kan 11, la décision du Premier ministre fait suite à de profonds désaccords internes sur la conduite de la guerre à Gaza et sur la ligne diplomatique vis-à-vis du Qatar.
Hanegbi s’était récemment opposé publiquement à plusieurs choix stratégiques du gouvernement, notamment à la volonté de Netanyahu de marginaliser le chef du Mossad, David Barnea, et le général Zohar Zimri, dans la gestion des négociations autour des otages.

Fragilisé par un grave problème cardiaque survenu en 2024 — un infarctus suivi d’un triple pontage —, Hanegbi était revenu à son poste il y a quelques mois seulement, bien décidé à poursuivre son engagement.

« Notre force réside dans notre unité. Elle a brisé les illusions de nos ennemis », a-t-il écrit, saluant “l’héroïsme des combattants” qui ont permis de tenir les lignes face à la coalition d’attaques venues de Gaza, du Liban et du Yémen.

Une rupture politique

Le renvoi de Tzahi Hanegbi marque un tournant dans la gouvernance sécuritaire israélienne.
Longtemps fidèle du Likoud, il a été l’un des rares au sein de l’appareil d’État à reconnaître publiquement la nécessité d’une commission d’enquête indépendante sur les failles du 7 octobre — position perçue comme un affront à la ligne défensive du Premier ministre.

En interne, Hanegbi plaidait pour une réforme du renseignement et une coordination plus étroite entre Tsahal, le Shin Bet et le Conseil de sécurité nationale.
Netanyahu, lui, redoutait qu’une telle enquête publique affaiblisse son autorité en pleine guerre prolongée contre le Hamas et le Hezbollah.

La guerre n’est pas finie

Dans sa déclaration de départ, Hanegbi a rappelé que “la campagne multizones” imposée à Israël depuis le 7 octobre 2023 “n’est pas terminée”.
Il a insisté sur le fait que le retour des otages et le désarmement complet du Hamas devaient rester “des priorités absolues, diplomatiques ou militaires”.

« Tant qu’une roquette peut partir de Gaza, la guerre n’est pas terminée », a-t-il martelé.

Le Premier ministre a annoncé que Gil Reich, jusqu’ici adjoint de Hanegbi, assurerait l’intérim à la tête du Conseil de sécurité nationale.

L’ombre du 7 octobre

Le limogeage de Tzahi Hanegbi intervient alors qu’Israël entre dans la deuxième phase du processus de reconstruction sécuritaire.
De plus en plus de voix, y compris au sein de la droite, demandent des comptes sur les “défaillances systémiques” qui ont permis au Hamas de frapper si violemment ce jour-là.
La position de Hanegbi — reconnaître publiquement l’échec — contraste avec la prudence d’un Netanyahu soucieux de ne pas admettre de faute avant la fin de la guerre.

En réalité, cette éviction illustre une fracture profonde entre deux visions du pouvoir en Israël :
celle du pragmatisme responsable, incarnée par Hanegbi, et celle du commandement politique absolu, incarnée par Netanyahu.

Un loyaliste devenu dissident

Tzahi Hanegbi n’est pas un novice. Fils de Geula Cohen, ancienne figure du sionisme révisionniste, il a servi comme ministre dans les gouvernements Sharon, Olmert et Netanyahu.
Toujours fidèle à la cause sécuritaire israélienne, il n’a jamais ménagé ses critiques envers ceux qui — au sein même du Likoud — “confondent loyauté politique et soumission idéologique”.

Sa sortie du gouvernement pourrait annoncer une recomposition silencieuse des équilibres autour de Netanyahu, déjà fragilisé par les divisions internes à la coalition et la pression internationale sur le dossier des otages.

Hanegbi laisse derrière lui une déclaration lourde de sens :

« Restaurer l’unité nationale est la condition de la victoire d’Israël. »

Une phrase qui sonne à la fois comme un constat d’échec et comme un message d’espoir : dans un pays fracturé par la guerre et les querelles politiques, le courage de reconnaître la faute est souvent le premier pas vers la réparation.

Sources : Israel Hayom, Kan 11, Ynet, Jewish Breaking News, Times of Israel.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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