Le 6 juin dernier, sur la place du marché de Neuilly-sur-Seine, le rabbin Elie Lemmel avait été violemment agressé par un Palestinien en situation irrégulière. Sans l’intervention rapide de trois hommes présents sur les lieux, l’attaque aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Deux mois plus tard, la ville et les autorités de l’État ont tenu à leur rendre hommage. Le 27 août, une cérémonie solennelle a eu lieu au square Mermoz en présence de nombreuses personnalités, où les trois « courageux » ont reçu une médaille pour acte de bravoure.
Une agression brutale en plein jour
Le 6 juin, en plein après-midi, le rabbin Elie Lemmel, figure respectée de la communauté juive, se trouvait attablé à la terrasse de la brasserie Le Havane, au cœur de Neuilly. Soudain, un homme l’a attaqué par derrière, lui assénant un coup violent à la tempe avec une chaise métallique. L’agresseur, un Palestinien en situation irrégulière en Allemagne, a tenté de prendre la fuite.
Le choc de la scène, en plein centre-ville et en pleine journée, avait bouleversé la population locale. « Nous avons vu le rabbin s’effondrer, c’était d’une violence inouïe », avait témoigné un passant. L’incident avait immédiatement été qualifié d’acte antisémite, confirmant une fois de plus la montée en puissance d’une haine ciblant les Juifs de France.
Trois hommes se dressent face à la haine
Alors que l’agresseur cherchait à s’enfuir, trois hommes n’ont pas hésité à intervenir. Stéphane Godet, Vincent Gicquel et Philippe Grelet ont poursuivi et neutralisé l’assaillant, permettant à la police de l’arrêter quelques minutes plus tard. Leur courage a été salué par la communauté juive et par les autorités, qui ont souligné que leur geste avait probablement évité un drame plus lourd.
Le rabbin Lemmel, encore marqué par la violence du choc, leur a exprimé sa profonde gratitude. « Ils m’ont sauvé la vie », a-t-il déclaré lors de la cérémonie. Leur intervention illustre ce que de nombreux responsables communautaires appellent « la solidarité silencieuse », une résistance citoyenne face à la barbarie antisémite.
Une cérémonie solennelle à Neuilly
Le 27 août, la ville de Neuilly-sur-Seine a organisé une cérémonie d’hommage au square Mermoz. Autour du maire Jean-Christophe Fromantin, plusieurs figures religieuses et politiques étaient présentes : le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, le président du Consistoire central Elie Korchia, le président du Consistoire de Paris Joël Mergui, ainsi que le président du CRIF, Yonathan Arfi.
Dans un moment de forte émotion, le préfet des Hauts-de-Seine, Alexandre Brugère, a remis aux trois hommes la médaille pour « acte de courage et de dévouement ». « Ce qui est vrai ici dans les Hauts-de-Seine l’est partout en France », a-t-il déclaré. « Les forces de l’État, préfets, policiers, gendarmes, magistrats, sont en première ligne contre cette horreur absolue qu’est l’antisémitisme. »
Estrosi, Bayrou et la résonance nationale
Cette cérémonie ne s’inscrit pas dans un isolement local : elle résonne dans un contexte national marqué par une recrudescence inquiétante des actes antisémites. Quelques jours auparavant, à Nice, un rabbin avait été insulté par un touriste suisse et une synagogue avait subi une tentative d’intrusion par des militants propalestiniens. François Bayrou, maire de Pau, avait quant à lui dénoncé « la haine antisémite » après l’abattage d’un arbre planté en hommage à Ilan Halimi.
Ces événements dessinent une réalité sombre : l’antisémitisme, loin de disparaître, gangrène toujours la société française. La cérémonie de Neuilly en devient d’autant plus symbolique, marquant la reconnaissance officielle de ceux qui osent s’interposer face à la haine.
La justice et la République en question
L’agresseur du rabbin Lemmel, arrêté grâce à l’intervention des trois hommes, doit désormais répondre de ses actes devant la justice. Mais au-delà de la responsabilité individuelle, c’est toute la capacité de la République à protéger ses citoyens qui est interrogée. « Nos concitoyens juifs doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls, que la République est à leurs côtés », a affirmé le préfet Brugère.
Pour beaucoup, ces paroles doivent se traduire par des actes concrets : renforcement de la sécurité des lieux de culte, sanctions exemplaires contre les auteurs, expulsion systématique des étrangers coupables d’actes antisémites. Sans cela, préviennent plusieurs responsables, la défiance des Juifs envers les institutions pourrait s’accroître, nourrissant des départs massifs vers Israël.
Une cérémonie comme acte de résistance
La remise de médailles à Stéphane Godet, Vincent Gicquel et Philippe Grelet n’est pas seulement un geste honorifique. Elle rappelle que, face à l’antisémitisme, chacun peut agir. Ces trois hommes ordinaires ont incarné une résistance citoyenne à un moment critique. En les décorant, la ville de Neuilly et l’État envoient un message : le combat contre la haine ne se gagne pas seulement avec des lois, mais aussi avec du courage.
Cette reconnaissance publique constitue un signe d’espoir. Elle montre qu’au-delà de la peur et de la résignation, la solidarité peut triompher. Et qu’au cœur même des actes les plus sombres, des citoyens ordinaires peuvent incarner la lumière.
Conclusion : un combat collectif
L’agression antisémite du rabbin Elie Lemmel, comme tant d’autres en France, rappelle la persistance d’une haine séculaire. Mais la réaction des trois hommes qui se sont interposés prouve que cette haine peut être contenue, combattue et vaincue par la solidarité. La cérémonie de Neuilly-sur-Seine est plus qu’un hommage : c’est un acte de résistance, une affirmation que la République, malgré ses failles, peut encore se dresser contre l’antisémitisme.
Pour Israël comme pour les Juifs de diaspora, ce type de reconnaissance est essentiel. Il rappelle que si la haine subsiste, elle n’est pas universelle. Et qu’à côté des agresseurs, il existe encore des hommes prêts à risquer leur sécurité pour défendre la dignité humaine.
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