Les propos retenus dans le texte du prophète Isaïe informent Jérusalem du futur bon dénouement des épreuves traversées.

Cette triste Histoire d’Israël s’était répandue aux sons des chagrins et du désespoir et voilà, soudain, les cieux s’éclaircissent et promettent à nos exilés le retour, et des jours meilleurs.

Oh! Combien notre génération peut être sensible à cette lecture qui lui rappelle tout autant les jours d’antan et de maintenant!

 

« Consolez, consolez Mon peuple, dit votre Dieu.  » (Isaïe 40,1).

 

Au cours de la longue épopée des Hébreux tant en Terre Sainte que dans le désert des peuples, les gardiens du Texte Sacré ne cessèrent de blâmer le peuple pour ses écarts et ses transgressions. Assurément, ils ne portaient aucune hostilité, ni aucune haine envers leurs frères, leurs reproches exprimaient une réelle inquiétude et une seule et même volonté, celle de pouvoir les raccompagner au sein de leur famille naturelle.

Les réprimandes concernant les fautes de la nation n’étaient guère tendres, ils avaient devant eux un peuple têtu, « à la nuque roide », et beaucoup refusaient de pratiquer la loi Divine.

De temps à autre, leurs allocutions étaient parsemées de sanglots longs, et leur cœur contrit par la peine.

Leur objectif était, exclusivement, le retour, le repentir des enfants d’Israël, apporter une vraie réponse à leurs justes questions.

Le bien-être spirituel est inséparable du bien de l’avoir matériel, il fallait permettre aux enfants d’Israël d’accéder au sens profond de la plénitude, ici, maintenant et pour l’éternité.

Pour mieux faire, nous avons besoin de maîtres dont l’étoffe et la compréhension excédent la ‘main courante’, d’authentiques héros de l’esprit, obnubilés à jamais par la passion de défendre Israël. Ceux-là se délectent des formules de mots bonifiants, ils aiment conjuguer les verbes de la consolation lorsqu’ils rappellent les qualités du peuple de D.ieu. Le père comme le maître, tout éducateur, admoneste et réprimande l’enfant ou l’élève, mais réussir à le pousser vers le meilleur de lui-même sera le fruit de deux vertus: l’amour et la confiance qui lui seront offertes.

Oui, nous affirmons sans l’ombre d’un doute, qu’alors, les chemins vers la pureté et la sainteté seront accessibles à tous et mis en valeur par le plus grand nombre.

La lente ascension de la terre vers le firmament peut enfin se réaliser, car nos Hébreux auraient décidé de filer du bon coton!

 

Certes, ces Sages emplis d’un amour incommensurable et d’une grâce infinie ne furent jamais les plus nombreux. Car d’autres, moins perspicaces mais plus en vogue, appréhendaient les propos prometteurs et expressions de tolérance comme des compliments préjudiciables. On craignait dans ces milieux très ‘craignants’ d’amollir l’esprit juif et qui plus est, de l’engager à délaisser l’impératif du devoir se « contrire » et se repentir.

 

Nous voilà pourtant au temps du retour, envers et contre tous les détracteurs de l’Histoire, Juifs et nonJuifs d’ailleurs. Il est temps de se ragaillardir, il est temps de croire sincèrement au devenir d’Israël:

 

« Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps d’épreuve est fini, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur double peine pour toutes ses fautes. » (2).

 

Aujourd’hui, la seule vertu véritable et blason de nos sages sera cet amour incandescent et inconditionnel pour le peuple des Hébreux. Tous, sans aucune exception, si ce n’est ceux qui abandonnent l’assemblée, seront entrepris par ces sentiments, ces vertus, ces valeurs louant les enfants d’Israël. Tous voudront rejoindre les rangs de l’Amour, de la Confiance, de la vérité Divine, nul ne se refusera le droit à l’émotion du cœur.

Ils sont venus, ils sont tous là, témoins de la résurrection de la terre et du peuple, tous veulent louer l’Éternel et encourager Israël.

Il s’agit d’un enseignement du Rav Abraham Yitzhak Hacohen Kook dans une étude appelé à bon escient: ‘La consolation d’Israël’ (Maamarei HaRéïya 279). En clair, s’il est de notre devoir de réconforter les endeuillés suite aux drames qui les touchent, à fortiori devons-nous consoler et relever la Nation des drames qui l’ont blessée.

 

Expliquons-nous, de quelle consolation s’agit-il?

Pour cela, il nous faut entendre et traduire cette partie du verset: «Son temps d’épreuve est fini, et que son crime est expié». La levée d’écrou est pour maintenant, nous sommes au temps de la libération, dehors les arbres bourgeonnent, la terre est humide et les cieux laissent passer les rayons chaleureux du soleil.

C’est bien le printemps, celui de notre Histoire, il survient après une dure et longue hibernation:

 

«C’est à cause de nos fautes que nous avons été exilés. » (Prière des jours de fêtes).

 

Cette règle est maintes fois réitérée dans le chapitre biblique, à travers chacun de ses rappels, il nous faut clairement entendre la leçon. L’exil n’explique pas le châtiment, évident, conséquent de nos crimes. Il n’est pas non plus un acte de représailles Divines, son rôle est d’abord et avant tout, purificateur.  Nous y avons perdu, sans appel, notre dimension nationale, c’est-à-dire notre souveraineté et notre indépendance politique, en exil nous avons souffert les douleurs de la lente agonie. Les évènements comme les peuples, tous ont participé, tout au long des siècles, au gommage de nos erreurs. Et nous revoilà sur le devant de la scène, pas peu fiers, alors que nul ne nous attendait plus, ensemble nous découvrons et décuplons nos forces afin de rebâtir la promesse.

Une nouvelle vie pour notre Peuple saint, une nouvelle chair pour notre Terre saine et un nouveau souffle pour notre noble Torah.