« Nous avons Ă©chouĂ©. Maintenant, nous allons tous les tuer » : s’exprime l’officier le plus haut gradĂ© blessĂ© pendant la guerre

« Nous avons Ă©chouĂ©. » C’est le premier mot que prononce le lieutenant-colonel Roman Gofman, depuis son lit Ă  l’hĂŽpital Shamir Assaf Harofeh de Tserifin. Puis, dans le mĂȘme souffle, il poursuit : « Nous nous sommes battus comme des lions et avons rĂ©ussi Ă  les arrĂȘter. Maintenant, nous allons les tuer tous. »

Le gĂ©nĂ©ral de brigade Gofman, commandant du Centre d’entraĂźnement au sol (GTC) Ă  Tzeelim, est l’officier le plus haut gradĂ© de Tsahal blessĂ© depuis le dĂ©but de la guerre. Dans sa premiĂšre interview depuis sa blessure, Goffman a racontĂ© hier les Ă©vĂ©nements du shabath noir  lorsque les terroristes du Hamas ont infiltrĂ© les localitĂ©s environnantes . « J’étais chez moi, Ă  Ashdod », a dĂ©clarĂ© Gofman, « nous nous sommes rĂ©veillĂ©s avec une sĂ©quence d’alarmes. J’ai compris qu’il s’agissait d’une sĂ©quence inhabituelle et j’ai appelĂ© le commandement sud. De la conversation avec eux, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’une sorte d’initiative de notre part, mais d’un grand Ă©vĂ©nement. J’ai dĂ©cidĂ© de quitter la maison et de venir aider dans la division de Gaza. J’ai enfilĂ© l’uniforme, j’ai pris l’arme, j’ai rĂ©cupĂ©rĂ© mon chauffeur et nous avons couru lĂ -bas. »
Pendant le voyage, alors que personne dans le systĂšme militaire ne comprenait encore l’ampleur de l’incident, Goffman a continuĂ© Ă  recueillir des informations. « J’ai compris de mes amis de la police qu’il y avait une infiltration de terroristes Ă  SdĂ©rot , se souvient-il. Je me suis dit : ‘D’accord, allons-y et c’est comme ça que je suis arrivĂ©. »

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Goffman et son chauffeur furent parmi les premiers Ă  arriver Ă  Sderot. Il Ă©tait 7h15 ou 7h20. « GrĂące Ă  l’enquĂȘte menĂ©e par les policiers volontaires que j’ai rencontrĂ©s aux carrefours de la route, j’ai rĂ©alisĂ© qu’il y avait une voiture blanche qui roulait et tirait sur des civils. J’étais face Ă  un dilemme : dois-je repartir, organiser mes forces et retourner Ă  Sderot ? PrĂȘt Ă  combattre, ou Ă  aller chercher les terroristes ? Ensuite, j’ai reçu des messages sur mon tĂ©lĂ©phone indiquant qu’il y avait apparemment des infiltrations dans plusieurs autres endroits. J’ai rĂ©alisĂ© qu’à chaque seconde, les terroristes dans la ville assassinaient des civils, et j’ai dĂ©cidĂ© de ne pas attendre et aller de l’avant.
« Nous avons commencĂ© Ă  avancer Ă  l’intĂ©rieur de la ville, d’intersection en intersection. Certains Ă  pied et d’autres dans des vĂ©hicules. J’ai rassemblĂ© une petite force – moi et quelques policiers volontaires. Lorsque nous Ă©tions prĂšs du CollĂšge Sapir, j’ai reconnu des personnages Ă  l’intersection de Shaar HaNegev.
 » Parce que j’avais peur des tirs Ă  double sens et que je ne pouvais pas dire de loin s’il s’agissait de policiers ou de terroristes, nous n’avons pas ouvert le feu. La scĂšne au carrefour Ă©tait surrĂ©aliste : pleine de voitures en feu, des dizaines de civils morts et fumants sur la route. Je voulais surprendre les terroristes que je voyais et ne pas me placer directement devant eux. Je suis sorti de la voiture, j’ai continuĂ© Ă  pied et les volontaires de la police m’ont suivi. Quand je suis arrivĂ© Ă  une distance d’environ 150 mĂštres des personnages, j’ai rĂ©alisĂ© qu’il n’y avait pas le choix et que j’allais ĂȘtre exposĂ©. J’ai criĂ© « Hé », et l’un d’eux a poussĂ© un cri en arabe et a ouvert le feu. J’ai tirĂ© un tir Ă  fragmentation dans la direction des trois personnages. Deux d’entre eux sont tombĂ©s. Nous avons continuĂ© la bataille avec eux, puis nous avons commencĂ© Ă  recevoir des tirs venant de plusieurs autres directions.
Lors de l’échange de tirs, le gĂ©nĂ©ral de brigade Goffman a reçu une balle dans la cuisse gauche et a commencĂ© Ă  saigner. « Je me suis retirĂ© et de lĂ , mon Ă©vacuation a Ă©tĂ© gĂ©rĂ©e par le major Omri Quezdo, qui, comme moi, a sautĂ© hors de la maison avec beaucoup de dĂ©brouillardise lorsqu’il a appris l’incident. Il m’a mis un garrot, m’a secouru vers Ashkelon et m’a transfĂ©rĂ© dans une ambulance qui m’a emmenĂ© Ă  l’hĂŽpital Barzilai. Il est revenu, a continuĂ© Ă  se battre, a Ă©galement Ă©tĂ© blessĂ©, et maintenant il repose ici, dans deux piĂšces Ă  cĂŽtĂ© de moi.
Le gĂ©nĂ©ral de brigade Goffman refuse de qualifier son acte d’hĂ©roĂŻque : « Vous ĂȘtes seul, il n’y a personne d’autre sur le terrain, vous comprenez qu’à chaque minute que vous attendez, de plus en plus de civils sont assassinĂ©s. vous comprenez l’ampleur du tableau, le prix que nous avons payĂ© et la quantitĂ© inimaginable de victimes »
Goffman a subi trois interventions chirurgicales Ă  la jambe blessĂ©e et est sur le point de subir une quatriĂšme opĂ©ration. « Nous allons nous en sortir. Je vais rĂ©cupĂ©rer dans quelques semaines et retourner dans l’armĂ©e », est-il convaincu. Entre-temps, le lieutenant-colonel Kobi Heller, qui devait le remplacer cet Ă©tĂ© en tant que commandant du MLI, a Ă©tĂ© remplacĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu.
Goffman voit le point positif de ce grave dĂ©sastre dans la conduite de ceux qui ont stoppĂ© l’infiltration continue des terroristes. « Un systĂšme s’est effondré » et Ă  sa place, comme le phĂ©nix, est apparu un systĂšme dĂ©centralisĂ© de citoyens, de commandants, de policiers et de soldats, qui a rĂ©ussi Ă  arrĂȘter les terroristes et Ă  permettre une releve  organisĂ©e de maniĂšre indĂ©pendante. Sans ce systĂšme dĂ©centralisĂ©, les terroristes auraient atteint des niveaux plus profonds. Avec toute la tristesse et la douleur terrible, il y a aussi de quoi ĂȘtre fier.
« Dans ma base, dans l’armĂ©e, il n’y a pas un commandant, pas un seul officier d’état-major, qui n’ait sautĂ©, combattu, avec des histoires dix fois plus significatives que la mienne. Le gĂ©nĂ©ral de brigade du Nahal, le lieutenant-colonel Yonatan Steinberg  zal, Ă©tait dans son prĂ©cĂ©dent poste de commandant du centre de formation tactique de l’armĂ©e. Le commandant de l’unitĂ© multidimensionnelle, le lieutenant-colonel Roi LĂ©vy zal , Ă©tait dans son prĂ©cĂ©dent poste de commandant du centre de formation des pompiersi.
Tous deux tombĂšrent au combat en faisant preuve de bravoure et de fĂ©rocitĂ©. Les commandants des centres actuels, qui les ont remplacĂ©s, le colonel Tal Ashur et le colonel Sion Bloch, ont Ă©galement sautĂ© sur le terrain et combattu. Tous les chefs de mes branches (Ra’anim) dans l’armĂ©e sont venus de chez eux et ont combattu. Les gens de l’AcadĂ©mie militaire sont pour moi une grande fiertĂ© et je reçois Ă©galement des centaines, voire des milliers de messages sur mon tĂ©lĂ©phone portable, de rĂ©servistes qui se sont entraĂźnĂ©s avec nous Ă  l’AcadĂ©mie militaire au cours de la derniĂšre annĂ©e. Ils parlent de ce Ă  quoi ils se prĂ©paraient, une guerre multi-arĂšnes. Ils sont pleins d’enthousiasme, de combativitĂ© et de confiance en eux. »
Le général de brigade Gofman (46 ans), marié et pÚre de trois enfants, a grandi dans le corps blindé. Il est connu au sein de Tsahal comme un « cheval de course », en raison de sa recherche intransigeante du contact et de son esprit de décision.
L’officier supĂ©rieur, qui a immigrĂ© en IsraĂ«l Ă  l’ñge de 13 ans et demi en provenance de BiĂ©lorussie, a Ă©tĂ© victime de violence de la part de ses camarades de classe, et s’est spĂ©cialisĂ© dans la boxe et a mĂȘme Ă©tĂ© classĂ© deuxiĂšme en IsraĂ«l pour son poids. « Mon entraĂźneur de boxe », a-t-il dĂ©clarĂ© dans une interview accordĂ©e au supplĂ©ment Yom Kippour du « Yediot Ahronoth » en 2022, « m’a fait mĂ©moriser la phrase qui est devenue une devise dans ma vie : ‘Quand une menace ou un dĂ©fi survient, ne fermez pas les yeux quand l’adversaire frappe. »

RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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