InvitĂ©e au micro dâune chaĂźne israĂ©lienne, la voix dâun proche du pouvoir a retenti comme un avertissement brutal. Dr. Haggai Ben-Artzi, beau-frĂšre du Premier ministre, a dĂ©clarĂ© que lâaccord rĂ©cemment conclu avec le Hamas â destinĂ© Ă libĂ©rer des otages et Ă instaurer une trĂȘve â Ă©quivaut, selon lui, à « signer de nos propres mains la prochaine prise dâotages, le prochain massacre, les prochaines exactions ». Ses propos, sans concession, frappent par leur radicalitĂ© : Ben-Artzi dit avoir combattu « pendant quarante ans » lâidĂ©e immorale, selon lui, de libĂ©rer des terroristes, et prĂ©dit que chaque Ă©change alimente une dynamique mortelle que lâĂtat paiera plus cher Ă la longue. La sĂ©quence de son intervention a Ă©tĂ© reprise par les mĂ©dias et par la chaĂźne qui lâa invitĂ©e. (YouTube)
Le diagnostic quâil propose repose sur une mĂ©moire historique â la rĂ©fĂ©rence presque inĂ©vitable Ă lâĂ©change pour Gilad Shalit (2011) â et sur des consĂ©quences tangibles : des militants libĂ©rĂ©s ont, selon plusieurs analyses, contribuĂ© Ă la montĂ©e de nouvelles menaces aprĂšs avoir retrouvĂ© la rue et les rĂ©seaux. Les observateurs qui rappellent le prĂ©cĂ©dent Shalit soulignent que la libĂ©ration dâun millier de dĂ©tenus en 2011 a produit, dans les annĂ©es qui ont suivi, des retours Ă lâaction et des complots dont certains ont Ă©tĂ© attribuĂ©s Ă dâanciens dĂ©tenus libĂ©rĂ©s lors de cet Ă©change. Lâhistoire, Ă©crivent The Guardian et Time, nâefface pas la rĂ©alitĂ© opĂ©rationnelle : chaque concession comporte un coĂ»t stratĂ©gique quâIsraĂ«l a dĂ©jĂ payĂ©. (The Guardian)
Pourtant, la tonalitĂ© de Ben-Artzi ne se contente pas dâun raisonnement froidâ: elle mĂȘle colĂšre morale et dĂ©fi personnel. Il affirme avoir Ă©tĂ© ostracisĂ© par le passĂ© â qualifiĂ© de « rĂ©actionnaire », « fanatique » ou « messianique » lorsquâil avait dĂ©noncĂ© dâautres accords â mais il assume ces accusations si cela permet, prĂ©vient-il, dâĂ©viter « un dĂ©sastre plus vaste ». Son scĂ©nario est prĂ©cis et sombre : un Gaza dĂ©truit, des populations dĂ©placĂ©es, la « marche du retour » transformĂ©e en mouvement de masse vers IsraĂ«l si la situation humanitaire nâest pas gĂ©rĂ©e â et face Ă un million de personnes qui marcheraient vers les villes israĂ©liennes, dit-il, lâĂtat serait dans lâimpossibilitĂ© dâouvrir le feu sans un coĂ»t politique et moral inouĂŻ. Ces images serviraient, selon lui, la stratĂ©gie du Hamas et de ses soutiens, qui tireraient parti de la pression humanitaire pour lĂ©gitimer des revendications maximalistes. (Omm)
Ce diagnostic radical oblige Ă une double lecture â humanitaire et stratĂ©gique â que la classe politique doit assumer sans intoxication Ă©motionnelle. Oui, ramener les otages est un impĂ©ratif moral et national incontournable : lâunitĂ© autour de ce devoir a Ă©tĂ© la seule colonne vertĂ©brale du pays ces deux derniĂšres annĂ©es. Mais les avertissements de Ben-Artzi rappellent que la rĂ©ussite ponctuelle dâune opĂ©ration humanitaire ne garantit pas automatiquement la sĂ©curitĂ© Ă long terme. Lâexigence raisonnable est donc de transformer la trĂȘve en fenĂȘtre de consolidation : contrĂŽle strict des listes dâĂ©change, mĂ©canismes de surveillance multilatĂ©raux, garanties internationales pour empĂȘcher le retour Ă lâactivitĂ© terroriste des personnes libĂ©rĂ©es, et un plan clair de dĂ©mantĂšlement des capacitĂ©s militaires du Hamas. Sans ces garde-fous, la paix temporaire risque de se muer en simple pause avant la prochaine tragĂ©die â un prix que la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, qui a tant dĂ©jĂ payĂ©, ne peut accepter de repayer aveuglĂ©ment.
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RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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