La nomination de l’ancien général de division David Zini à la tête du Shin Bet, annoncée par Benyamin Netanyahou et soumise à la commission Grunis, suscite un vif débat en Israël. Officier discret, rarement présent dans les médias, Zini laisse derrière lui une carrière militaire marquée par des prises de position tranchées et un leadership reconnu sur le terrain. Ses propos, prononcés au fil de cérémonies ou de rencontres confidentielles, éclairent son approche de la sécurité nationale et de la société israélienne. Dès ses premières années comme commandant de compagnie dans la brigade Golani, il insistait sur la force de ses soldats issus de milieux éloignés du sionisme classique :
« Ils ne parlent pas de sionisme, ils l’accomplissent », déclarait-il en 1998 dans un entretien rare avec Haaretz.
Plus tard, lors d’opérations à Gaza, il soulignait l’importance d’éviter toute bavure civile, rappelant à ses hommes : « Assure-toi qu’il n’y a pas d’enfants ni de civils innocents dans un rayon de 200 mètres ».
Des témoignages recueillis par Makor Rishon confirment qu’il combinait fermeté militaire et prudence éthique, loin de l’image caricaturale de « faucon extrémiste » que lui attribue une partie de la gauche israélienne.
Le rôle qu’il accorde aux réservistes illustre sa conception d’une armée enracinée dans le peuple. « La puissance des unités de réserve ne peut être comprise que par ceux qui en font partie », affirmait-il lors d’une cérémonie de passation en 2020, cité par Israel Hayom.
Pour lui, la victoire repose sur cette « certitude de la force des citoyens-soldats », une conviction renforcée pendant la guerre d’octobre 2023. Le matin du 7 octobre, réveillé par les premiers rapports d’attaques, il courut prévenir son voisin, le commandant de la brigade Golani : « C’est la guerre ! Prépare-toi ! ».
Quelques semaines plus tard, il exhortait les soldats à maintenir leur endurance en qualifiant le conflit de « guerre des fils de la lumière contre les fils des ténèbres ».
Ces références bibliques, fréquentes dans ses discours, révèlent une vision quasi spirituelle de la mission militaire. Ses adversaires parlent de « messianisme dangereux », mais Zini revendique ce terme, rappelant que Ben Gourion lui-même voyait le projet sioniste comme une mission prophétique. « Nous sommes tous messianiques », affirma-t-il en quittant l’armée, une phrase qui, selon ses partisans, incarne plus une fidélité au destin historique d’Israël qu’une dérive idéologique.
Son opposition aux accords de libération d’otages, révélée par N12, constitue un autre marqueur de son approche stratégique. « Je suis contre les échanges de prisonniers : il s’agit d’une guerre éternelle », aurait-il confié dans un cercle restreint.
Ce refus illustre une ligne dure, qui pourrait peser lourd dans son futur rôle de chef du Shin Bet, surtout alors que la question des otages reste centrale pour l’opinion publique. Le débat est d’autant plus vif que la procédure de nomination, jugée irrégulière, a provoqué la colère de l’opposition et l’inquiétude de la procureure générale.
Pour Netanyahou, ce choix répond à la nécessité d’un profil résolu, capable de tenir tête à la menace iranienne, au Hamas et au Hezbollah. Mais pour ses détracteurs, cités par Maariv, « il risque d’importer une idéologie religieuse au cœur du renseignement intérieur ».
Entre l’éthique militaire revendiquée et les accents prophétiques de ses discours, David Zini cristallise les contradictions de la société israélienne : la tension permanente entre la défense pragmatique d’un État assiégé et la croyance en une mission historique. Son arrivée au Shin Bet marquera inévitablement un tournant, que ses alliés espèrent salvateur et que ses adversaires redoutent comme une radicalisation.
Sources : Haaretz (1998, 14.09.2025), Makor Rishon (14.09.2025), Israel Hayom (2020, 14.09.2025), N12 (14.09.2025), Maariv (14.09.2025), Infos-Israel.News
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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