Ce Ce qui compte, ce nâest pas combien possĂšderons-nous mais quelle sorte de bĂ©nĂ©diction offrirons-nous avec nos biens. Chaque objectif sanctifie les moyens pour y parvenir, la sagesse juive, câest aussi de gagner de lâargent, mais le faire Ă©quitablement et ĂȘtre heureux de notre part: si nous ouvrons un peu les yeux et dĂ©passons le rĂȘve stupide que le monde essaie de nous vendre « La richesse est synonyme de bonheur ». Nous trouvons que quiconque agit avec Foi et respecte les lois Divines jouit de beaucoup plus que lâargent gagnĂ©. La Torah, Dieu nous en prĂ©serve, ne prĂȘche pas la pauvretĂ© et respecte mĂȘme la rĂ©ussite matĂ©rielle, le succĂšs physique nâest pas lâessence de tout, mais son rĂŽle est de soutenir et de faciliter la vie de lâesprit, de la pensĂ©e, de lâintellect. Si vous le comprenez vraiment, il est beaucoup plus facile de faire preuve de compassion dans les affaires et de vouloir que tout le monde soit bon.
Les lois sociales sont lĂ©gifĂ©rĂ©es sans faire rĂ©fĂ©rence Ă la protestation du coĂ»t de la vie qui dĂ©ferle aujourdâhui. La manifestation et la frustration reflĂštent une rĂ©elle difficultĂ© et, mĂȘme sâil existe des Ă©lĂ©ments politisĂ©s ou anarchistes qui prennent un mauvais tournant, la revendication demeure juste, lĂ©gitime, voire autorisĂ©e.
Pour les jeunes couples (et pas seulement eux), la rĂ©alitĂ© Ă©conomique de la vie est presque impossible, les loyers, les jardins dâenfants, les couches, le carburant, les prix des denrĂ©es alimentaires, etc., sont excessivement Ă©levĂ©s et injustifiables. Il est important de le dire: rien nâest ici le fruit dâun pur hasard mais bel et bien le produit dâune politique Ă©conomique capitaliste, compĂ©titive et, uniquement, intĂ©ressĂ©e par ses dividendes.
La finance extrĂȘme sâest emparĂ©e de nous et voit devant elle des chiffres, des graphiques et des cibles, en lieu et place, dâĂȘtres de chair et de sang avec leurs besoins, leurs Ă©motions, si lourdes Ă supporter.
Ă cet Ă©gard, il devrait y avoir un changement, il y a quelque chose de consternant au-devant de tant dâindiffĂ©rence et dâimpuissance dans la routine de lâobjet humain.
OĂč est la clameur des hommes souffrant la souffrance dâautrui, la douleur partagĂ©e par tous et exigeant lâamĂ©lioration de la vie, sinon la ruine?
Il ne fait aucun doute que beaucoup de gens vivent modestement et subissent encore et toujours le fardeau des dépenses et de la dette nationale. Mais, en tant que société, il est évident que nous vivons bien au-dessus de nos moyens et nous sommes, par voie de conséquence, tout aussi responsables des crises financiÚres à répétition.
Nous nous plaignons de notre situation, mais dans un mĂȘme temps, prĂšs de 2 millions dâIsraĂ©liens voyagent Ă lâĂ©tranger, et nous possĂ©dons deux fois plus de biens que nos parents Ă notre Ăąge. MalgrĂ© tous ces nouveaux Ă©tats de fait, lâindividu demeure un Ă©ternel insatisfait. Nous nâavons aucun moyen de payer pour tout cela. Nous sommes devenus des accros heureux, la superficialitĂ© culturelle et sociale (en particulier chez les jeunes), qui se reflĂšte dans la recherche de diffĂ©rentes marques, nous appauvrie.
Quel Ă©tait le problĂšme avec le âkova tembelâ, le pantalon trois-quarts et des sandales bibliques?
Est-il vraiment nĂ©cessaire de sâhabiller dâun vĂȘtement onĂ©reux car Ă la mode? Est-ce que le tĂ©lĂ©phone portable et le paquet de cĂąbles dispendieux sont vraiment un besoin si vital?
Toutes ces choses nous ont-elles rendu plus heureux, ou au contraire, malheureux?!
Est-ce que tout est noir?
Est-ce vraiment un endroit insupportable pour vivre?
Non bien sûr !
Mais cela ne veut pas dire quâil nây a rien Ă faire et Ă changer, cela ne signifie pas que lâon doive accepter une politique de lâautruche. En tant que Juifs, il nous faut reconnaitre, envers et contre tout, le bon, le bien et le beau prĂ©sent parmi nous.
Allons plus loin.
Il me semble que ce qui dĂ©range vraiment les manifestants, ce nâest pas seulement le droit au logement, la baisse du coĂ»t des jardins dâenfants, ni mĂȘme les faibles salaires.
Le fondement intime, des manifestations populaires, est un profond dĂ©sir de vie meilleure et, pas nĂ©cessairement et uniquement dâun point de vue matĂ©riel. Les gens sentent, en leur Ăąme et conscience, quâil existe une qualitĂ© et une beautĂ© de vie qui leur demeure Ă©trangĂšre. ExtĂ©rieurement, cela se traduit par une protestation et des revendications sur lâemploi, sur une meilleure Ă©conomie sociale, car ainsi va la tradition ouvriĂšre face aux pouvoirs rĂ©gnants.
Cependant ce sentiment de rĂ©volte prend source aux abysses de lâĂȘtre humain, au siĂšge de son Ăąme.
Rabbi Kook Ă©crit dans les 8 kvatzim:« Il faut bien saisir ce quâest la chose spirituelle, qui contrit le cĆur, lâattriste et prĂ©cipite la vie, sans aucune conscience causale des raisons de cette nervositĂ© et de cette amertume. Pour la plupart, lorsque vous recherchez et trouvez la raison de cet Ă©tat dâesprit, elle nâest quâune cause superficielle. Et la vĂ©ritĂ© est beaucoup plus profonde que tout ce qui paraĂźt et est impressionnante dâĂ©vidence. Cette tristesse spirituelle est la matiĂšre du chant de lâĂąme, lâaffirmation que lâĂąme aspire Ă la libertĂ©. Elle se bat au milieu de toutes les contraintes qui lâoppressent, elle veut une vie de libertĂ©, une vie noble supĂ©rieure, claire et propice, elle ne les trouve point du fait dâune fragilitĂ© matĂ©rielle qui lâenferme. LĂ est le secret de sa tristesse. » (7- 220)
Vivre une existence sans sens, ignorante du passĂ©, falsifiant lâidĂ©al, dans un total dĂ©ni du CrĂ©ateur et de la CrĂ©ation, pour qui, pour quoi?
Comment accepter, plus longtemps, de rĂ©duire au silence notre voix intĂ©rieure, la voix de lâĂąme, sans ressentir, nĂ©cessairement, un sentiment de suffocation et de platitude.
La quĂȘte de « justice sociale » vient donc des profondeurs de lâĂȘtre, de sa nĂ©cessaire libertĂ© Ă pouvoir faire valoir les temps enchantĂ©s.
Câest Ă proprement parlĂ© une rĂ©elle dĂ©livrance de lâĂąme qui requiert la justice au sein de lâĆuvre crĂ©atrice. Une intĂ©gritĂ© qui cherche Ă comprendre et Ă remplir son rĂŽle particulier national et universel dans le monde. Oser dĂ©laisser ces questions fondamentales, pour un confort matĂ©riel, dont le rĂŽle sera de nous empĂȘcher de nous offrir corps et Ăąme Ă ce qui compte vraiment, provoquera, sans aucun doute, ce sentiment de rĂ©pression et de mal-ĂȘtre.
Jâai passĂ© ma vie dâĂ©tudiant Ă militer, manifester, crier, revendiquer, de manifs en manifs nous devenions cette cĂ©lĂšbre jeunesse française contestataire. Nous vivions, respirions cet atmosphĂšre, emplis de rĂȘves, fourbus dâespoir, rien ni personne nâaurait pu nous dĂ©loger de notre foi en un monde meilleur. Une des choses qui me rĂ©chauffait le cĆur Ă©tait de voir ces gens assis et parlant, juste participer et Ă©changer. Il nây avait pas Facebook, ni tĂ©lĂ©phones portables ni mĂȘme de SMS. On se retrouvait face Ă face, on partageait nos Ă©motions, on discutait des idĂ©es. On Ă©prouvait, tout simplement, le sens secondaire de la chaleur humaine.
Aujourdâhui, les mĂ©dias en tout genre perturbent la bonne communication collective, notre gĂ©nĂ©ration post-moderne, distante et morcelĂ©e, nâa plus vraiment foi en le devenir de lâHomme.
OĂč est donc la vĂ©ritĂ©, lâauthenticitĂ©?
A mon humble avis, dans le rassemblement contingent des forces humaines, aussi plurielles soient-elles!
Nul substitut, et pas de meilleur remĂšde, que cette âchaleur humaineâ dont je vous parle plus haut. Il me semble que ce qui manque vraiment aux manifestants contemporains est une mĂȘme communication simple et agrĂ©able, capable de rassembler, en tous lieux, autour dâun programme dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, bien plus que le loyer bon marchĂ© ou le prix du carburant. Bien que notre monde Ă©volue, la reconnaissance de la condition humaine nâest toujours pas au programme des pouvoirs, quels quâils soient. Les besoins humains fondamentaux nâont guĂšre changĂ©, nous aspirons Ă©ternellement aux relations humaines et avons toujours eu besoin dâamitiĂ© et dâamour. Si nous nous donnions plus, et devenions moins Ă©goĂŻstes, moins alambiquĂ©s et moins expĂ©ditifs, nous pourrions ainsi Ă©prouver aussi moins de colĂšre et de frustration dans une sociĂ©tĂ© et un Ă©tat mal dans leur peau.
La Torah nous enseigne, trĂšs clairement et trĂšs explicitement, ce quâest la justice sociale. Selon elle, cette derniĂšre ne pourra ĂȘtre atteinte que lĂ oĂč il y aura un Amour social spontanĂ© et dĂ©clarĂ©. Dans le monde moderne, la charitĂ© est perçue comme exploitante et humiliante, et lĂ rĂ©side la raison essentielle pour laquelle les hommes se rassemblent et crient Ă tue-tĂȘte cette proclamation:
« Nous voulons la justice et non la charité ». (Tsedek et non Tsédaka)
Lâexigence de transcender le « moi » privĂ©, prĂ©occupĂ© par les affaires du monde, avec ses difficultĂ©s et ses exigences, pour le bĂ©nĂ©fice des autres, est ce qui nous rapproche vraiment du CrĂ©ateur. Selon la foi dâIsraĂ«l, Il donne et octroie continuellement, et selon Sa lĂ©gislation altruiste. Lâhomme doit se confronter Ă la mesure de Ses traits.
Donner de lâAmour est un acte de transcendance par rapport Ă la nature physique de lâhomme.
Les lois matĂ©rielles Ă©noncent: ce qui tâappartient et ce qui lui appartient. Les lois spirituelles sont certes importantes, pour les premiers besoins matĂ©riels Ă fournir, mais elles ne se prĂ©occupent guĂšre dâaccumuler au-delĂ de ce dont le besoin est. Pour atteindre ce sublime sommet, nous devons transcender la nature animale-physique et dĂ©terminĂ©e avec laquelle nous sommes nĂ©s, travailler et pratiquer la donation et le raffinement des caractĂšres. Dans la nature, nul animal nâoffrirait sa nourriture Ă un autre animal (qui nâest pas membre de sa famille immĂ©diate), les soi-disant « émotions-autres » qui tĂ©moignent dâune incapacitĂ© relative Ă ressentir le chagrin, les besoins ou la dĂ©tresse des autres animaux. Seul lâhumain, relativement libre de ses mouvements et de sa pensĂ©e, est Ă mĂȘme de souffrir la souffrance dâautrui ou de se rĂ©jouir de sa joie. Ce que je nomme â Amour.
Bien sĂ»r tout commence par soi, sinon comment pourrait-on octroyer et offrir Ă autrui ce que nous ne possĂ©dons pas pour nous-mĂȘmes!
Si le texte biblique nous montre la finalitĂ© de la CrĂ©ation, le chemin nâen reste pas moins ardu, mais jamais impossible, pour lâindividu, cet HĂ©breu en marche vers une « Justice Sociale ».
Elle sera la source de sa rĂ©demption et Ă travers elle, la possibilitĂ© de sâĂ©pancher enfin, sur lâensemble de lâHumanitĂ©
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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