Une série de neuf incendies simultanés a plongé Beer Sheva dans la panique durant la nuit. Les flammes, déclenchées dans des cages d’escaliers, des armoires électriques et des abris souterrains, ont piégé des familles entières dans leurs appartements. Les équipes de pompiers ont réussi à sauver quinze personnes, dont des enfants et des bébés. Les premières constatations laissent craindre un enchaînement volontaire d’incendies — une hypothèse qui fait frémir une ville déjà éprouvée par l’insécurité grandissante.
L’événement a débuté vers minuit, lorsque les lignes d’urgence du centre 102 ont été saturées d’appels affolés. Des résidents des rues HaAliya, Derech Shimshon, Rav Uziel, Tabenkine, Tel Hai, Chougala, Moria, la place Radak et Derech HaMeshahrerim signalaient tous le même scénario : une odeur de fumée dense, des flammes soudaines dans le hall d’entrée, une montée de fumée suffocante dans les étages et des cris étouffés de voisins coincés derrière leurs portes.
En quelques minutes, neuf immeubles de trois à cinq étages étaient en proie aux flammes, un fait exceptionnel même pour une grande ville. Les pompiers, déployés en équipes multiples, ont dû effectuer des sauvetages verticaux, ouvrir des portes verrouillées par la chaleur, et guider des familles paniquées dans des cages d’escalier entièrement remplies de fumée. Certains habitants ont été extraits par les fenêtres au moyen d’échelles et de nacelles, d’autres ont été récupérés à bout de souffle dans les couloirs enfumés.
Le rapport préliminaire des équipes sur place décrit des foyers de feu allumés délibérément dans les zones sensibles des bâtiments : armoires électriques, entrées d’immeubles, abris, caveaux. Autant de points stratégiques permettant d’embraser rapidement un immeuble et de piéger les occupants. Ce mode opératoire répété sur neuf sites différents a immédiatement conduit les enquêteurs à ouvrir une enquête criminelle.
À leur arrivée, les pompiers ont dû gérer une situation particulièrement dangereuse : des couloirs remplis de fumée toxique, des installations électriques en feu, des murs fissurés par la chaleur, et des habitants terrifiés qui tentaient d’ouvrir leurs portes malgré l’instruction stricte de rester confinés. Les équipes ont ordonné à de nombreux résidents de s’enfermer dans leurs appartements, de calfeutrer les portes avec des serviettes humides, de fermer les fenêtres et de rester dans les pièces les plus internes de leur logement.
Grâce à ces instructions strictes — et à l’intervention rapide des secours — aucune victime n’a été déplorée. Les quinze personnes évacuées, dont plusieurs bébés incommodés par la fumée, ont été prises en charge par les équipes médicales présentes sur les lieux. Les services d’urgence ont salué la discipline des habitants, qui a permis d’éviter une catastrophe beaucoup plus lourde.
Du côté de la police et des enquêteurs incendie, le ton est grave. « Nous examinons très sérieusement la possibilité d’un acte criminel coordonné », indiquent les forces de l’ordre. Les enquêteurs ont été dépêchés sur chaque site afin d’analyser les résidus, les points d’ignition et les éventuels accélérateurs qui auraient pu être utilisés pour attiser les flammes.
Beer Sheva, ville du Néguev au caractère mixte et dynamique, n’est pas étrangère aux tensions sécuritaires. Mais un scénario d’incendies multiples, déclenchés de manière si précise et si rapide, fait penser à une vague volontaire — une « campagne » criminelle qui pourrait avoir plusieurs motivations : vandalisme extrême, règlement de comptes, acte terroriste localisé, ou attaque ciblant des zones résidentielles précises.
Les habitants, eux, restent sous le choc. Des familles réveillées en pleine nuit ont dû se réfugier dans des pièces étouffantes, des enfants ont été évacués en pyjama par des fenêtres, des mères ont couru dans les escaliers noircis par la fumée avec des bébés dans les bras, des personnes âgées ont dû être portées jusqu’aux ambulances. « On ne comprenait rien, la fumée est montée d’un coup », raconte un résident. « On a pensé que c’était une fuite électrique. Puis on a appris que le même scénario s’était produit dans d’autres rues. Là, on a compris que quelque chose de grave se passait. »
Les autorités locales ont appelé au calme tout en promettant des mesures renforcées de sécurité. Le maire a demandé un renforcement de la présence policière nocturne et une analyse rapide des images de surveillance disponibles. Dans un contexte où l’insécurité intérieure occupe une place croissante dans les préoccupations israéliennes — et où les groupes criminels, nationalistes ou opportunistes cherchent à exploiter la fragilité générale — la question de la sécurité urbaine devient une priorité nationale.
La nuit d’incendies à Beer Sheva, bien que sans pertes humaines, révèle une vulnérabilité inquiétante : en quelques minutes, un ou plusieurs individus déterminés ont pu mettre en péril neuf bâtiments et des centaines de familles. C’est un avertissement.
Pour Israël, dont la résilience repose sur une vigilance constante, cette attaque — si elle s’avère intentionnelle — rappelle qu’au-delà des menaces extérieures, des dangers existent aussi au cœur même des villes. La rapidité d’action des secours a évité le pire. Mais la question demeure : qui a allumé ces feux, et pourquoi ?
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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