Tel Aviv / Aéroport Ben Gourion, 14 juin 2025 – Le ministère israélien des Transports et l’Autorité de l’aviation civile ont confirmé ce dimanche que, jusqu’à nouvel ordre, aucun vol de retour vers Israël ne sera autorisé pour les citoyens israéliens se trouvant à l’étranger. Cette décision, exceptionnelle par son ampleur, s’inscrit dans un contexte de menace aérienne directe sur l’espace israélien, en particulier après les tirs de missiles balistiques et les attaques de drones lancées depuis l’Iran.

Selon les autorités, la fermeture partielle de l’espace aérien israélien pourrait durer plusieurs semaines, voire davantage si l’escalade militaire se poursuit. L’objectif affiché : éviter une catastrophe aérienne, notamment sur les couloirs d’approche de l’aéroport Ben Gourion, potentiellement visés par des tirs ou des infiltrations de drones.

Une priorité : la sécurité des passagers

Dans un communiqué conjoint, les ministères de la Défense, des Transports et de la Sécurité intérieure ont affirmé :

« Tant que le risque de tirs de missiles ou d’attaques de drones reste élevé, aucune autorisation de vol entrant ne sera délivrée. La vie des citoyens israéliens est notre responsabilité première. »

Cette mesure concerne tous les vols commerciaux, mais les vols militaires, médicaux ou diplomatiques peuvent être autorisés au cas par cas. Des exceptions humanitaires sont également à l’étude pour les cas urgents (maladies graves, enfants non accompagnés, etc.).

300 000 Israéliens concernés

Selon les estimations du ministère des Affaires étrangères, environ 300 000 citoyens israéliens sont actuellement à l’étranger, en vacances, en mission professionnelle ou en déplacement familial. La majorité d’entre eux se trouvent en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.

Les ambassades israéliennes ont été mobilisées pour aider les citoyens bloqués : assistance financière temporaire, prolongation de visas locaux, hébergements d’urgence dans certains cas. Une cellule de crise a été ouverte à Jérusalem pour traiter les demandes individuelles.

Témoignages d’Israéliens bloqués

La nouvelle a été reçue avec inquiétude mais aussi compréhension par de nombreux Israéliens à l’étranger.

Rami, 26 ans, en séjour linguistique à Berlin, confie :

« Bien sûr que j’aimerais rentrer. Mais je comprends que ce n’est pas le moment. Je préfère attendre que le ciel soit sûr plutôt que de risquer ma vie dans un avion ciblé. »

Sarah et Moshé, un couple de retraités actuellement en Floride, ont reçu l’aide du consulat pour prolonger leur assurance maladie :

« C’est frustrant, mais on a vécu la guerre du Golfe. On sait qu’Israël fait toujours passer la vie humaine avant tout. »

Le ciel israélien sous surveillance permanente

L’armée de l’air israélienne et le Shin Bet sont en état d’alerte maximale. Des batteries de Dôme de Fer, Dôme de David, et du système Arrow 3 ont été redéployées autour des principales installations aéroportuaires, y compris dans le sud et le nord du pays.

Les pistes de l’aéroport Ben Gourion sont protégées en permanence par des systèmes radar, des unités de défense mobile et des patrouilles spéciales. Malgré ces mesures, l’approche d’un avion commercial reste une opération risquée, notamment dans le scénario d’une attaque surprise.

Des compagnies aériennes suspendent leurs vols

El Al, la compagnie nationale israélienne, ainsi qu’Israir et Arkia, ont annulé tous leurs vols entrants jusqu’à nouvel ordre. Des dizaines de compagnies internationales ont également suspendu leurs rotations vers Israël, suivant les recommandations de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Les agences de voyages israéliennes ont reçu pour instruction de suspendre toute nouvelle réservation vers le pays. Les compagnies d’assurances annulent ou limitent aussi les couvertures pour les vols programmés dans les 14 prochains jours.

Une pression logistique et financière

La mesure pèse lourdement sur les plans des familles, mais aussi sur les entreprises, les start-ups et les institutions qui attendaient le retour de leurs employés ou étudiants.

Le gouvernement israélien a débloqué un fonds d’urgence spécial pour les citoyens bloqués, afin de couvrir les frais supplémentaires de logement ou de changement de vol, en particulier pour les familles nombreuses ou les jeunes en voyage d’étude.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a promis que « personne ne sera abandonné. L’État prendra ses responsabilités ».

Une situation sous évaluation constante

Le ministère de la Défense réévalue quotidiennement la situation sécuritaire. Des modèles de simulation sont utilisés pour prévoir le moment où les vols pourront reprendre sans mettre en danger les passagers ni le personnel aérien.

Le retour à la normale dépendra de la capacité de dissuasion israélienne, mais aussi de l’attitude de l’Iran et de ses supplétifs au Liban, au Yémen et en Syrie. Pour l’heure, les risques d’une nouvelle salve de missiles ou d’infiltrations de drones restent élevés.

Un peuple uni malgré l’éloignement

Malgré l’angoisse, les Israéliens à l’étranger font preuve d’une solidarité remarquable. Des groupes d’entraide ont vu le jour sur les réseaux sociaux, proposant logements, repas, traductions ou démarches administratives.

Le chef de l’État, Isaac Herzog, a adressé un message vidéo émouvant à la diaspora israélienne :

« Même si vous êtes loin, nous pensons à vous. Le lien entre nous dépasse les frontières. Israël vous attend, en sécurité, dès que cela sera possible. »

Conclusion : une décision difficile mais responsable

En fermant temporairement son ciel à ses propres citoyens, Israël démontre une nouvelle fois sa capacité à faire passer la sécurité avant toute autre considération. C’est une décision lourde, mais assumée, car chaque vie israélienne compte.

Et lorsque l’heure du retour viendra, elle sera vécue non comme une routine, mais comme une victoire de la vigilance, de la résilience et de l’unité nationale.