Dans la nuit du 30 mars 2007, les traces de Dana Rashfi, une IsraĂ©lienne de 25 ans originaire de HaĂŻfa, ont disparu lors dâun court voyage au Mexique. Ce qui Ă©tait prĂ©vu comme des vacances de seulement dix jours est devenu lâun des mystĂšres les plus inquiĂ©tants des IsraĂ©liens disparus Ă lâĂ©tranger. 17 ans se sont Ă©coulĂ©s depuis, et sa famille cherche toujours des rĂ©ponses.
« Dana Ă©tait opiniĂątre dĂšs son plus jeune Ăąge, avec son propre caractĂšre », explique sa sĆur Dalit Rashfi Tor (57 ans). « CâĂ©tait une beautĂ© qui jouait dans les publicitĂ©s dâInabi Tali, mais au-delĂ  de sa beautĂ© extĂ©rieure, elle avait une Ăąme particuliĂšre. DouĂ©e en animation et en doublage, elle aimait la musique et connaissait des groupes et des musiciens. DĂšs son plus jeune Ăąge, elle a choisi dâĂȘtre vĂ©gĂ©tarienne, a Ă©tĂ© sensible aux droits des animaux, a fait partie de lâĂ©quipe de Hadar Yosef. Elle a sorti une chanson intitulĂ©e « Laissez-les grandir tranquillement », elle a rĂ©alisĂ© un clip et Ă©tait pleine de passion pour la crĂ©ation.
La décision spontanée qui a tout changé
Dana nâavait pas du tout prĂ©vu de venir au Mexique. « Dana est dâabord allĂ©e aux Ătats-Unis pendant un mois pour vĂ©rifier les possibilitĂ©s dâĂ©tudes dans le domaine de lâanimation », explique Dalit. « à Los Angeles, chez des proches, elle a vu une annonce dans le journal concernant un « accord » sur Cancun et les sites mayas. Elle avait un billet pour New York une semaine aprĂšs sa disparition. »
Rashfi, qui possĂšde les nationalitĂ©s israĂ©lienne et allemande, est arrivĂ© Ă  Cancun le 26 mars. Le 28 mars, elle a envoyĂ© son dernier email Ă  sa famille : « Jâai atterri Ă  Cancun et je suis arrivĂ©e dans une auberge vraiment sympa », Ă©crit-elle, « Jâai rencontrĂ© des gens trĂšs sympas â deux Français et un Allemand. Je suis sortie avec lâAllemand pour explorez les plages spectaculaires de Cancun. Elle a joint plusieurs photos Ă  lâe-mail et il nây avait aucun signe de dĂ©tresse.
Deux jours aprĂšs le dernier kilomĂštre, le 30 mars, Rashfi est montĂ© dans un bus pour la ville de Tulum. Ă la gare de Playa del Carmen, trois hommes lâont rejoint et ont commencĂ© Ă  lui parler. A leur arrivĂ©e Ă  Tulum, lâun dâeux, lâAmĂ©ricain Matthew Walshio, lâa invitĂ©e Ă  laisser ses affaires dans le « Husha » quâil louait Ă  lâhĂŽtel « Caribbean Sea ». Les trois lui ont proposĂ© de les rejoindre au club « Mazanin », oĂč il y avait un spectacle ce soir-lĂ .
Environ deux semaines aprĂšs la disparition de Dana, ses parents, qui Ă©taient en voyage dans des espaces naturels dâArgentine, ont reçu un mystĂ©rieux e-mail de Walchio. « Il a Ă©crit que les affaires de Dana avaient Ă©tĂ© laissĂ©es chez lui Ă  « Khusha » sur la plage, quâelle sâĂ©tait levĂ©e le matin et avait dit quâelle allait voir les antiquitĂ©s mayas et quâelle nâĂ©tait pas revenue », se souvient Dalit, qui a reçu la nouvelle Ă  au milieu des cĂ©lĂ©brations de son 40e anniversaire.
Trois suspects, zéro réponse
Dans le sac laissĂ© par Dana se trouve un journal dĂ©taillĂ© qui documente sa vie et ses derniers jours. Au fil des pages du journal, des dĂ©tails essentiels sur les hommes quâelle a rencontrĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s. Plus tard, le personnage de Walchio sâest rĂ©vĂ©lĂ© particuliĂšrement inquiĂ©tant. LâenquĂȘte a rĂ©vĂ©lĂ© quâil avait un casier judiciaire comprenant des accusations de trafic de drogue et de viol. Quelques jours aprĂšs la disparition, lorsquâil sâest rendu compte quâil Ă©tait recherchĂ©, il sâest dĂ©pĂȘchĂ© de rentrer aux Ătats-Unis.
Le deuxiĂšme suspect, Oskar Granli, un citoyen norvĂ©gien, a Ă©tĂ© vu sur les camĂ©ras de sĂ©curitĂ© du club assis avec Dana lors du concert. Selon le tĂ©moignage dâun touriste israĂ©lien prĂ©sent sur les lieux, il a Ă©tĂ© vu quitter la fĂȘte avec Dana Ă  1h30 du matin, lui serrant lâĂ©paule et lui disant « allez bĂ©bé ». Granli, qui serait la derniĂšre personne Ă  avoir vu Dana, vit dĂ©sormais Ă©galement aux Ătats-Unis. Son ami Gary Almedal est restĂ© au Mexique et sâest installĂ© Ă  Tulum.
La famille, qui a refusĂ© de lĂącher prise, a engagĂ© des enquĂȘteurs privĂ©s qui ont pu localiser des photos de la fĂȘte et concentrer les soupçons sur les trois hommes. Mais les documents collectĂ©s â des photos du parti et des tĂ©moins israĂ©liens prĂ©sents â nâont jamais fait lâobjet dâune enquĂȘte de la police locale, qui a rejetĂ© les conclusions au motif quâelles avaient Ă©tĂ© obtenues de maniĂšre privĂ©e.
LâenquĂȘte du FBI sâest terminĂ©e par une brĂšve conversation avec Walchio, qui a choisi de garder le silence. Les NorvĂ©giens nâont fait lâobjet dâaucune enquĂȘte â comme mentionnĂ©, une erreur bureaucratique absurde a fait quâils ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Suisses dans le journal de Dana.
Dans le mĂȘme temps, toutes les forces possibles ont Ă©tĂ© utilisĂ©es : le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, un attachĂ© militaire, des Ă©quipes de compagnies dâassurance et de police. La famille a contactĂ© le ministre des Affaires Ă©trangĂšres de lâĂ©poque, Aryeh Deri, a activĂ© Interpol et a immĂ©diatement envoyĂ© des Ă©chantillons dâADN. Des fouilles ont Ă©tĂ© menĂ©es Ă  lâaide de chiens policiers, des dĂ©pliants ont Ă©tĂ© distribuĂ©s et des panneaux dâaffichage ont Ă©tĂ© accrochĂ©s. Ils ont fait appel au gouverneur du Mexique, au prĂ©sident, ont recrutĂ© des communautĂ©s juives, des entreprises et des hommes dâaffaires israĂ©liens. Tout cela, en vain.
Un domaine oĂč lâon peut faire disparaĂźtre un pays
En septembre 2013, six ans aprĂšs la disparition, la famille pensait quâil y avait peut-ĂȘtre un nouvel espoir. Le consul israĂ©lien et lâattachĂ© du ministĂšre de la DĂ©fense ont rencontrĂ© le chef de lâunitĂ© des personnes disparues de la police fĂ©dĂ©rale mexicaine, Salomon Baltazar.
« La police mexicaine nâest pas vraiment une police », dĂ©clare Dalit. « Des milliers de personnes y disparaissent chaque jour, et elles ne comprenaient pas pourquoi nous faisions autant de bruit. Chaque fois quâun corps Ă©tait dĂ©couvert dans la zone, la douleur revenait. Il y avait des gens qui nous disaient avoir vu ou entendu, mais il nây avait rien de concret. 
La famille laissée derriÚre
« Nous avons vĂ©cu des crises au sein de la famille car chacun rĂ©agit diffĂ©remment », reconnaĂźt-elle. « Jâai rĂ©pondu aux emails et jâai Ă©tĂ© interviewĂ© par les mĂ©dias, jâai contactĂ© toutes les personnes importantes. Ma sĆur est plus introvertie et mon frĂšre vit en Espagne. Mes parents, la souffrance quâils traversent est indescriptible. Ils ont quatre enfants et tout Ă  coup un enfant disparaĂźt. »
17 ans plus tard, douleur et espoir sont toujours mĂȘlĂ©s. « Sâil y a une âfermetureâ, une fermeture dâun cercle, vous savez quâil y a eu une âmalchance' », dit Dalit. « Mais quand il nâest pas possible de boucler la boucle, vous voyez quelquâun qui la mentionne et dit âwowâ, ou rĂȘve dâelle, ou entend parler de cas de personnes qui sont rentrĂ©es chez elles aprĂšs des annĂ©es. »
Le dĂ©savantage se fait sentir avec une intensitĂ© particuliĂšre Ă  certaines dates â le jour de la disparition ou lâanniversaire de Dana fin mai. « Nous pensons quel Ăąge elle a aujourdâhui, ce quâelle aurait pu faire. Quand ses amis se marient et accouchent, quand les enfants parlent dâelle et posent des questions sur elle. Lâerreur est que nous continuons et quâelle est partie. »
Le dernier dĂ©clencheur a eu lieu le 7 octobre. « Lâincertitude des familles kidnappĂ©es est exaspĂ©rante et je fais ce que je peux pour les soutenir », dĂ©clare Dalit. « Ceux qui ne savent pas ce qui arrive Ă  leurs enfants, Ă  leurs frĂšres et sĆurs, Ă  leurs proches, câest une horreur mondiale.
Ne perdez jamais espoir
Et le dĂ©savantage de Dana se fait sentir et ne disparaĂźt pas, mĂȘme aprĂšs 17 ans. « Elle nâa en aucun cas disparu de son propre gré », affirme Dalit avec fermetĂ©. « Elle aimait la vie, elle aimait ses parents dâun grand amour, elle vivait avec eux Ă  la maison et ne voulait pas partir. Elle aimait ses neveux. Elle avait prĂ©vu dâĂ©tudier. Elle voulait juste faire un court voyage. »
« Il y a toujours de lâespoir, mĂȘme aprĂšs toutes ces annĂ©es », dĂ©clare Dalit. « Peut-ĂȘtre que demain quelquâun verra lâarticle et se souviendra dâavoir vu une fille au Mexique, confus, ne se souvenant de rien. » Elle reste silencieuse un moment. « Je ne suis ni naĂŻve ni imaginative, mais il ne me reste que cet espoir quâun jour un miracle se produise et quâelle apparaisse. Elle aurait pu avoir un avenir radieux, tant sur le plan professionnel que personnel et familial, en tant que mĂšre et tante. Elle avait toute une vie devant elle.
« Elle a rencontrĂ© de mauvaises personnes au mauvais endroit et elle Ă©tait trop naĂŻve pour reconnaĂźtre le danger », dit-elle. Elle est partie pour lâindĂ©pendance et le monde entier Ă©tait Ă  ses pieds, elle nâavait plus quâĂ  choisir.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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