La panne mondiale qui inquiete : la faille de Cloudflare qui a paralysé X, ChatGPT et des milliers de services dans le monde

Une défaillance technique chez Cloudflare a provoqué l’une des plus importantes interruptions d’accès à Internet de ces dernières années. Pendant plusieurs heures, X, ChatGPT et des milliers de sites essentiels ont été hors service. Si l’origine n’est pas une attaque cyber, l’incident souligne un risque majeur : la dépendance de l’écosystème numérique mondial à quelques infrastructures critiques, dont la moindre faille peut provoquer un séisme global.

La matinée du 18 novembre 2025 restera dans l’histoire récente du numérique. Plusieurs millions d’utilisateurs, d’un bout à l’autre de la planète, se sont retrouvés soudainement incapables d’accéder à leurs applications quotidiennes. Parmi elles : X (ancien Twitter), ChatGPT, mais aussi des plateformes de rencontres, des outils de travail, des services vidéo et même… des sites de surveillance des pannes eux-mêmes.

Cette paralysie généralisée a rapidement été attribuée à Cloudflare, géant mondial des infrastructures Internet, qui assure la sécurité, le filtrage, la protection contre les attaques DDoS et la gestion du trafic pour une partie immense du web. Comme l’a confirmé l’entreprise dans un communiqué officiel publié sur son statut public et repris par Reuters et The Verge, la panne s’explique par un fichier de configuration défectueux destiné à améliorer la gestion du trafic malveillant. Le fichier a provoqué une crash-loop logicielle, entraînant l’arrêt de nœuds critiques utilisés par les clients de Cloudflare.

Ce n’était pas une cyber-attaque, mais la démonstration brutale qu’un simple fichier mal paramétré peut faire vaciller une partie d’Internet.


Un effet domino immédiat : X, ChatGPT et des milliers de services inaccessibles

Les premiers rapports sont tombés vers 10h00, heure israélienne. Des milliers d’utilisateurs rapportaient que X affichait une erreur interne, tandis que ChatGPT présentait un message inhabituel :
« Veuillez autoriser l’accès via challenges.cloudflare.com », preuve que la couche d’authentification de Cloudflare était elle-même défaillante.

Selon les données du site Downdetector, relayées par Associated Press, plus de 5 000 signalements simultanés ont été enregistrés en quelques minutes pour X seul. Les utilisateurs des États-Unis, d’Europe et du Moyen-Orient — dont Israël — ont expérimenté les mêmes symptômes.

Parmi les plateformes touchées figuraient :
– des services professionnels comme Canva, Notion ou Wix ;
– des outils techniques (scripts API, services de monitoring) ;
– des plateformes de streaming et de retouche d’image ;
– des sites d’actualités dépendant des CDN Cloudflare.

Même des entreprises d’e-commerce ont vu leurs pages de paiement tomber, un phénomène qui pourrait, selon Bloomberg Tech, représenter des millions de dollars de pertes cumulées en quelques heures.


Cloudflare reconnaît une erreur interne, mais prévient : d’autres perturbations sont possibles

Dans son communiqué officiel, cité par BBC Technology, Cloudflare a présenté ses excuses et précisé que le problème provenait d’une application incorrecte d’un fichier de configuration destiné aux systèmes de gestion du trafic hostile.
Autrement dit : une protection ajoutée pour sécuriser le web… a temporairement brisé une partie du web.

Les ingénieurs ont dû rétablir les nœuds un par un, dans un processus long et délicat. Cloudflare a expliqué que le réseau mondial compte plus de 300 villes et plus de 100 pays, ce qui signifie que le moindre correctif doit être propagé de manière progressive pour éviter une seconde interruption.

À 19h00 (heure locale), la plupart des services étaient de retour, mais l’entreprise prévenait encore, comme le rapporte AP News, que « certains clients pourraient ressentir des lenteurs ou des rafraîchissements instables durant la phase de stabilisation ».


Une dépendance dangereuse : Internet repose sur quelques piliers fragiles

L’incident Cloudflare met en lumière un problème profond, déjà souligné après les pannes d’AWS en octobre et de Microsoft Azure en novembre : la concentration de l’infrastructure numérique mondiale entre les mains de très peu d’acteurs.

Selon les estimations de Cloudflare et confirmées par CNBC, l’entreprise protège environ 20 % des sites web mondiaux. Autrement dit, une défaillance de Cloudflare équivaut à une défaillance d’un cinquième d’Internet.

Cette centralisation constitue un risque stratégique majeur. Israël, dont de nombreux services administratifs, médias, startups et entreprises high-tech s’appuient sur les CDN Cloudflare, observe attentivement ces signaux d’alerte. Les experts du cyber israélien, cités par Haaretz Tech, rappellent que cette dépendance peut constituer une vulnérabilité dans un contexte où les guerres hybrides se jouent désormais aussi sur le terrain numérique.


Quelles leçons pour Israël et le reste du monde ?

Pour les spécialistes interrogés par Globes, la panne illustre la nécessité de :
– diversifier les fournisseurs de CDN ;
– renforcer les techniques de redondance ;
– exiger des audits plus transparents des géants de l’infrastructure ;
– améliorer la résilience nationale pour les sites critiques (santé, sécurité, institutions).

Dans un contexte de tensions géopolitiques et de menaces cyber régulières contre Israël — notamment de la part de groupes affiliés à l’Iran — un incident d’origine interne mais d’amplitude mondiale doit être considéré comme un avertissement stratégique.

L’interruption de X et de ChatGPT, deux outils massivement utilisés par les journalistes, les analystes et les citoyens, a également souligné combien la circulation de l’information peut dépendre de facteurs techniques extérieurs, indépendants des États.


Un retour progressif à la normale — mais une confiance ébranlée

Dans l’heure qui a suivi la restauration des services, les utilisateurs du monde entier ont confirmé le retour à la normale. Cependant, les discussions sur la fragilité structurelle d’Internet se multiplient.
Comme l’écrit The Guardian, « ce qui s’est passé aujourd’hui rappelle que l’Internet n’est pas un nuage abstrait, mais une architecture physique vulnérable ».

Israël, dont l’économie numérique repose en grande partie sur ces infrastructures mondiales, ne peut ignorer ce signal.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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