Une déclaration explosive d’un élu égyptien relance les tensions à la frontière israélo-égyptienne. Mustapha Bakry, député au Parlement égyptien, avertit qu’en cas de manœuvre d’Israël visant à transgresser les frontières égyptiennes, « les Égyptiens seront à Tel Aviv le lendemain ». Ce propos alimente le spectre d’un élargissement du conflit, dans une région déjà sous haute tension.
Les faits
Sur la chaîne « Sada El-Balad », M. Mustapha Bakry, figure politique égyptienne connue pour ses positions nationalistes et critiques envers Israël, a lancé un ultimatum : « Vous ne franchirez pas nos frontières, et vous ne tuerez pas sur notre sol. L’Égypte ne peut pas être envahie. Et si vous franchissez les frontières pour quelque raison que ce soit, vous nous trouverez le lendemain à Tel Aviv ». (ynetglobal)
Ces propos surviennent dans un contexte tendu : il y a peu, une tentative d’assassinat de dirigeants du Hamas à Doha a provoqué une forte réaction publique en Égypte, où la question palestinienne reste centrale dans l’opinion publique comme dans les discours officiels. (ynetglobal)
Contexte : traités, frontières, réalités géopolitiques
- Traité de paix entre l’Égypte et Israël (1979) : Depuis Camp David, l’Égypte et Israël entretiennent une trêve formelle et des relations diplomatiques officielles. Le traité garantit la souveraineté de l’Égypte sur le Sinaï.
- Situation stratégique du Sinaï : Région sensible, congestion sécuritaire, présence de groupes armés terroristes. L’Égypte y est très vigilante.
- La guerre à Gaza : Le conflit entre Israël et le Hamas s’intensifie. L’Égypte joue un rôle médiateur, notamment vis-à-vis des négociations d’otages ou de cessez-le-feu. (dayan.org)
Réactions officielles
À ce jour, aucun communiqué officiel égyptien n’a confirmé que Bakry parlait au nom du gouvernement. Les propos sont attribués à un parlementaire, dans un contexte de rhétorique nationaliste. Le gouvernement égyptien, sous le président Sissi, tempère habituellement les prises de position extrêmes, tout en affirmant le soutien à la cause palestinienne.
Côté israélien, la réponse publique n’a pas encore été détaillée mais, traditionnellement, ces menaces verbales sont traitées comme des postures politiques, susceptibles de peser sur les équilibres sécuritaires, mais peu susceptibles, selon les analystes, de déboucher sur des actions militaires directes, sauf escalade majeure.
Analyse : posture politique, implications et limites
1. Posture politique et communication intérieure
Mustapha Bakry s’inscrit dans une ligne de discours largement partagée dans certains cercles égyptiens, où la défense de la souveraineté nationale est un thème très fort. Ce type de propos permet de répondre aux attentes de l’opinion publique, très sensible aux souffrances à Gaza, tout en renforçant la stature du député dans le débat national.
2. Risque d’escalade
Des déclarations comme celle-ci tendent à accroître la tension, surtout si elles sont perçues comme préparatoires à de possibles actions militaires. Toutefois, franchir les frontières égyptiennes impliquerait une violation grave du droit international, déclencherait certainement une riposte sévère d’Égypte, qui dispose d’une armée redoutable, appuyée d’accords de défense et de sécurité.
3. La limite du verbe
Il est essentiel de distinguer les menaces verbales des décisions opérationnelles. Jusqu’à présent, le gouvernement égyptien, bien qu’exprimant colère ou inquiétude, opère généralement dans un cadre diplomatique, cherchant à préserver ses accords internationaux, ses intérêts en matière de sécurité, et à éviter une guerre ouverte avec Israël.
Mise en perspective internationale
- Le jeu des alliances : L’Égypte entretient des relations stratégiques avec les États-Unis, certains pays arabes, et dépend également d’une coopération sécuritaire avec Israël, notamment dans le Sinaï. Une rupture ouverte aurait des effets profonds sur les équilibres régionaux.
- Le rôle de la communauté internationale : Les Nations Unies, l’Union européenne, les États-Unis pourraient jouer un rôle de médiation, face à toute escalade ou provocation frontalière.
- Précédents : Des discours similaires ont déjà été tenus pendant des moments de crise – notamment après le 7 octobre 2023 – mais ils ne se sont pas traduits par une action militaire directe d’Égypte contre Israël. (dayan.org)
Conséquences potentielles
- Militaire : Si de véritables actions infranchissables étaient lancées, cela pourrait déclencher une riposte, militariser davantage les frontières, voire étendre le front de conflit.
- Diplomatique : Une tension accrue pourrait compliquer les médiations en cours (cessez-le-feu, libération d’otages). L’Égypte doit ménager ses partenariats tout en respectant un discours nationaliste.
- Sécuritaire : Les lignes logistiques, les contrôles frontaliers (Rafah, Sinaï) pourraient devenir plus stricts, les forces armées égyptiennes mises en alerte.
Alors que Mustapha Bakry élève la rhétorique, l’Égypte se trouve tiraillée entre son désir de protéger son territoire et son rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien. Ce type de déclaration est potentiellement dangereux : il allume un incendie verbal qui, en cas d’escalade mal calculée, pourrait dégénérer en confrontation militaire. Pour Israël, la priorité devra rester la défense de ses frontières et la dissuasion ; pour l’Égypte, éviter qu’un mot ne devienne acte.
À l’échelle régionale, ce genre de tension illustre que les équilibres d’après-guerre ne sont jamais acquis, que chaque déclaration peut devenir un precedent. Dans ce contexte, la stabilité passe par la responsabilité politique, le respect des traités, et une diplomatie forte.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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