Alors que l’opposition espérait un vote imminent pour dissoudre la Knesset, une décision juridique vient de repousser toute initiative de ce type. Selon Amit Segal (Channel 12, Israel Hayom), Benjamin Netanyahou a gagné plusieurs semaines cruciales pour stabiliser sa coalition et redéfinir sa stratégie politique. Derrière le calme apparent, c’est une bataille de survie qui se joue.
Dans son analyse publiée samedi soir, Amit Segal révèle un coup de théâtre parlementaire : la Commission juridique de la Knesset a confirmé qu’un nouveau projet de dissolution ne pouvait être déposé sans l’appui d’au moins 61 députés.
Raison : une proposition similaire, rejetée au cours de l’été dernier, ne peut être réintroduite sans majorité absolue.
Résultat : la session d’hiver, qui doit s’ouvrir lundi prochain, s’ouvrira sans aucun texte sur la dissolution. “Une surprise d’octobre”, commente Segal, “car même les partis ultraorthodoxes, censés menacer Netanyahou, ont finalement refusé de signer la pétition.”
(Source : Amit Segal – Israel Hayom, 18 octobre 2025)
Analyse politique — le maître du temps
Pour le Premier ministre, c’est un répit bienvenu. Malade ces dernières semaines, affaibli par les tensions avec Ben Gvir et Smotrich, Netanyahou obtient enfin un intervalle de calme politique.
Selon Segal, sa stratégie est claire : gagner du temps. Il ne veut ni élection anticipée, ni effondrement de coalition avant d’avoir sécurisé plusieurs dossiers internationaux sensibles, notamment les négociations de normalisation avec plusieurs États musulmans.
“Les pays arabes intéressés par un accord de paix exigent de la stabilité. Ils ne signeront pas avec un gouvernement intérimaire”, explique Segal.
Israël, dit-il, est “à un tournant diplomatique historique, et Netanyahou refuse d’en faire un outil électoral.”
Les alliés : entre loyauté et méfiance
Les chefs religieux du Shas et de Judaïsme unifié de la Torah (UTJ), Aryeh Deri et Moshe Gafni, se sont abstenus de toute pression publique. “Ils veulent rester dans le gouvernement — pas le faire tomber”, note Segal.
Cette prudence s’explique : après les tensions autour du service militaire des haredim et les critiques sur la gestion de la guerre, Deri cherche avant tout à éviter un scrutin où la droite religieuse sortirait affaiblie.
Mais Itamar Ben Gvir, lui, continue de menacer : sans application de ses revendications (peine de mort pour les terroristes, offensive totale contre le Hamas), il pourrait “retirer le soutien d’Otzma Yehudit”. Pour l’heure, Netanyahou temporise.
Le facteur Iran — et la carte sécuritaire
Le Premier ministre mise sur la sécurité pour consolider son image. Après les frappes contre les installations iraniennes, il veut apparaître comme l’homme de la stabilité et de la défense nationale.
S’il parvient à présenter un nouvel accord diplomatique avec un pays musulman avant l’hiver — évoqué par Israel Hayom comme “le grand pari de Netanyahou” — il pourrait transformer la conjoncture politique en victoire personnelle.
Les sondages, prudents mais stables
Malgré la fatigue du public, les enquêtes montrent un léger frémissement : selon le dernier sondage de Channel 12, le Likoud remonte à 31 sièges potentiels (contre 28 en août). Une progression modeste, mais suffisante pour décourager l’opposition de tenter un renversement.
Lapid et Gantz, eux, peinent à incarner une alternative claire en période de guerre. “Ils n’ont pas de plan de sécurité crédible”, résume Segal.
La stratégie de l’usure
“Un jour de pouvoir vaut mieux que deux jours d’attente”, aime répéter Netanyahou, cité par Amit Segal.
C’est le cœur de sa méthode : survivre, observer, attendre. Reporter toute décision jusqu’à ce que la situation se retourne à son avantage.
Cette tactique, éprouvée depuis trente ans, lui a déjà permis de traverser d’innombrables crises.
Mais elle a un prix : la paralysie gouvernementale, et la lassitude d’un pays encore sous le choc du 7 octobre.
Benjamin Netanyahou a encore gagné du temps, mais pas la paix.
En verrouillant la Knesset et en désarmant ses adversaires, il s’offre quelques semaines de répit politique — sans résoudre la crise de confiance.
Dans un Israël encore en guerre, le maître du temps continue à jouer aux échecs. Mais chaque case qu’il gagne sur l’échiquier intérieur pourrait lui coûter, demain, une bataille sur le terrain.
Sources principales :
- Amit Segal – Israel Hayom, 18.10.2025 — https://go.amitsegal.co.il/vWajSM
- Times of Israel, “No dissolution bill for Knesset – Netanyahu buys time”, 18.10.2025 — https://www.timesofisrael.com
- Channel 12 News, sondage politique du 17.10.2025 — https://www.mako.co.il/news
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