Pas une simple frappe – une guerre : la destruction du programme nuclĂ©aire iranien ne sera pas un « coup de tonnerre et c’est fini »

Les experts sont unanimes : la destruction des installations nucléaires iraniennes ne sera pas un événement ponctuel, mais une guerre prolongée.

« Les installations sont rĂ©parties sur plus d’une demi-douzaine de sites, certains fortifiĂ©s et enterrĂ©s en profondeur. »
« Il se peut qu’on ne puisse pas toutes les dĂ©truire, et il est probable qu’une capacitĂ© nuclĂ©aire rĂ©siduelle survive Ă  l’attaque. »
« Il est possible que l’opportunitĂ© actuelle dĂ©passe le risque, en ce qui concerne une action prĂ©ventive contre le programme nuclĂ©aire iranien. »

Une opération, mais pas une fin

Des commandos parachutĂ©s Ă  des milliers de kilomĂštres, des bombardiers larguant des tonnes d’explosifs pour frapper sous terre
 Peu importe la forme, l’idĂ©e d’une attaque contre l’Iran pour l’empĂȘcher d’acquĂ©rir l’arme nuclĂ©aire semble s’éloigner.

Donald Trump a déclaré au New York Times :

« Je ne suis pas pressé de faire ça », freinant ainsi une éventuelle frappe, préférant la voie diplomatique.
Un responsable israĂ©lien a toutefois assurĂ© Ă  Reuters qu’IsraĂ«l n’avait pas abandonnĂ© cette option.

Une comparaison trompeuse : ce n’est ni l’Irak ni la Syrie

À la diffĂ©rence des frappes israĂ©liennes rĂ©ussies contre les rĂ©acteurs nuclĂ©aires en Irak (1981) et en Syrie (2007), le cas iranien est plus complexe.
Ces deux programmes étrangers suivaient la voie du plutonium, concentrés sur un seul site.
Le programme iranien repose sur l’enrichissement de l’uranium, et l’Iran possĂšde un savoir-faire local profondĂ©ment enracinĂ©.

Selon Danny Citrinowicz, ancien chef du département Iran au renseignement militaire israélien :

« Les Iraniens maĂźtrisent toute la chaĂźne, de l’extraction jusqu’à l’enrichissement. Il ne s’agit pas d’une simple frappe – c’est une guerre. »
« Ils rĂ©agiront avec force, ce programme est le cƓur du rĂ©gime. »

La frappe ne serait que le début

Selon Michael Eisenstadt du Washington Institute, les installations nuclĂ©aires iraniennes sont dispersĂ©es, protĂ©gĂ©es, parfois enterrĂ©es, et ne peuvent pas toutes ĂȘtre dĂ©truites en une seule opĂ©ration.

« Une campagne prolongée serait nécessaire, combinant attaques militaires, opérations clandestines, diplomatie et sanctions économiques. »

Aprùs une premiùre attaque, l’Iran chercherait à reconstruire, voire à cacher des installations secrùtes dans des zones civiles.

Les risques d’une telle opĂ©ration

Eisenstadt énumÚre des scénarios inquiétants :

  • Capture de soldats israĂ©liens ou amĂ©ricains
  • Prise d’otages de Juifs iraniens ou de binationaux
  • Escalade rĂ©gionale
  • Attentats terroristes
  • Perturbation du trafic pĂ©trolier dans le Golfe Persique

Ce qu’on pourrait obtenir

Un excellent renseignement, des armes de prĂ©cision et une stratĂ©gie innovante pourraient causer des dĂ©gĂąts significatifs aux infrastructures iraniennes. Eisenstadt parle mĂȘme d’un moment favorable, aprĂšs les rĂ©cents coups portĂ©s par IsraĂ«l Ă  l’Iran et ses alliĂ©s.

Mais il tempĂšre :

« MalgrĂ© des frappes efficaces, des stocks d’uranium enrichi pourraient subsister – de quoi fabriquer 2 Ă  3 bombes. »

Un changement de régime ?

Un effondrement militaire pourrait provoquer un soulĂšvement populaire, comme en Syrie en 2024.
Mais Eisenstadt avertit :

« On ne peut pas fonder une stratégie sur une hypothÚse aussi incertaine. »

Et le pétrole ?

L’Iran pourrait bloquer le dĂ©troit d’Ormuz ou attaquer les infrastructures Ă©nergĂ©tiques rĂ©gionales.
Les États-Unis pourraient alors demander Ă  l’Arabie saoudite d’augmenter sa production – ce qui devient plus complexe avec le rapprochement entre Riyad et TĂ©hĂ©ran.

Le rîle des États-Unis est crucial

Deux plans israéliens envisagés nécessitent une implication américaine directe.
Citrinowicz précise :

« L’Iran redoute bien plus une menace amĂ©ricaine qu’israĂ©lienne. Le vrai levier est Ă  Washington. »

Un accord vaut-il mieux qu’une frappe ?

Citrinowicz pense qu’un bon accord est possible :

« Un retour en arriĂšre de 18 mois dans le programme nuclĂ©aire, en Ă©change d’un allĂšgement des sanctions. »
Mais l’accord doit ĂȘtre solide :

  • Enrichissement limitĂ© Ă  3,67 %
  • QuantitĂ© d’uranium enrichi fortement rĂ©duite
  • Pas de date d’expiration
  • Retrait des stocks existants
  • Encadrement des centrifugeuses avancĂ©es

Il met en garde contre un accord vide, signĂ© juste pour dire qu’un accord existe.

Et Israël ?

Une frappe israĂ©lienne seule serait extrĂȘmement risquĂ©e, et ne se produirait probablement qu’en dernier recours absolu.
Eisenstadt conclut par une citation qui reflÚte cette différence culturelle :

« Les AmĂ©ricains demandent toujours : ‘Dis-moi comment ça se termine.’ Les IsraĂ©liens, eux, croient — selon Ben Gourion — que pour ĂȘtre rĂ©aliste en IsraĂ«l, il faut croire aux miracles. »


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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