En Israël, la société est secouée par les images insoutenables des otages encore prisonniers dans les tunnels du Hamas. La colère, la tristesse et la mobilisation pour leur libération devaient occuper tous les esprits en ce 9 Av, jour de deuil pour la destruction du Temple et symbole de toutes les tragédies juives.
Pourtant, dans une partie de la presse haredi, un autre sujet occupe l’espace : comment contourner l’interdiction traditionnelle de manger de la viande pendant les Neuf Jours… pour pouvoir savourer un cholent.
Le rabbin Yehouda Hazan, proche de plusieurs grands rabbins, a publié un texte indigné après avoir vu dans une boutique de cholent célèbre une annonce promettant : « Chaque étudiant qui termine une massekhet (traité talmudique) pendant la nuit de jeudi recevra un cholent à la viande gratuit. »
Le rabbin s’insurge :
« Est-ce pour un morceau de viande que nous vendons l’essence de ces jours ? La Shekhina crie, et nous sommes censés partager Sa douleur. Les Sages ont institué l’abstinence de viande pour nous relier à la destruction du Temple, pas pour que nous cherchions à en échapper par des ruses culinaires. »
Il va plus loin, dénonçant une « superficialité croissante » : culte de certaines figures, recherche de pratiques religieuses « soft » moins contraignantes, événements festifs même au Shabbat sur la plage avec musique, qui diluent la gravité spirituelle.
Dans son texte, Hazan met en garde :
« Les Neuf Jours ont été institués pour réfléchir, se connecter, ressentir. Au lieu de cela, on cherche comment remplir nos ventres. C’est l’exact opposé de l’esprit de ces jours. »
Ce contraste est d’autant plus choquant dans le contexte actuel : alors que 50 Israéliens sont toujours otages à Gaza, dont certains dans un état critique, que des familles supplient qu’on ne les oublie pas, et que chaque minute compte, une partie de la discussion publique dans certains cercles religieux se concentre… sur le menu du Shabbat.
Le parallèle est brutal : d’un côté, des vies suspendues dans les ténèbres de tunnels terroristes, de l’autre, des débats pour savoir comment justifier un repas de fête. Et cela, en plein Tisha BeAv, jour où le peuple juif est censé se souvenir de toutes ses pertes et de toutes ses douleurs collectives.
Il ne s’agit pas ici de juger les traditions culinaires, mais de rappeler une évidence : si nous oublions la souffrance de nos frères pour un plat de cholent, nous avons perdu le sens même de notre solidarité nationale et spirituelle.
➡️ Voir aussi :
.