PEUR ET POPULISME EN ISRAËL – Par Rony Akrich

Il y a mille et une maniĂšre, distinctes, d’entendre les diffĂ©rents programmes de la politique politicienne.

L’horizon classique et indĂ©crottable du manichĂ©isme droite-gauche rĂšgne en maĂźtre sur la majoritĂ© des gouvernements europĂ©ens et IsraĂ©liens  depuis longue date et concerne principalement l’économie et la sĂ©curitĂ©. Un nouvel espace se fait jour, plus que jamais aujourd’hui, il interpelle notre savoir et bouleverse nos acquis : la mondialisation et les savoirs pluriels de nos sciences. Un Ă©norme fossĂ© se creuse au sein mĂȘme des peuples, entre ceux qui se tournent vers l’écologie pure et dure, la globalisation et le capitalisme outrancier et ceux qui soutiennent bec et ongles les pouvoirs traditionnels, la religion Ă©tablie, le nationalisme, etc
 Ces deux poids deux mesures sont essentiels pour mieux apprĂ©hender les rĂ©alitĂ©s de notre quotidien en politique.

J’aimerais exprimer ici mes difficultĂ©s avec une autre dimension, un renouveau, certes un peu partout dans le monde, mais d’une dimension politique plus fondamentaliste. J’abhorre de toutes mes forces la politique populiste Ă©rigĂ©e sur la peur, l’émotion des primates et la haine de l’autre. AprĂšs tant de siĂšcles de drames et de tragĂ©dies, n’y a-t-il point d’hommes et de programmes politiques capables de penser l’espoir ?

Tentez-vous de comprendre sincĂšrement le paysage politique honteux d’aujourd’hui, lorsqu’autant de dĂ©mocraties s’effondrent ?

L’actualitĂ© sombre et affligeante de pays tels que le BrĂ©sil, la Hongrie, l’Italie, les Philippines, la Pologne, le Venezuela et les États-Unis Ă©veille plus d’une crainte, quant au devenir de la dĂ©mocratie et de son aptitude Ă  garantir les droits civils et fonciers.

Nul besoin d’ĂȘtre fĂ©ru en science politique pour savoir comment les forces antidĂ©mocratiques en Italie et en Allemagne, avant la Seconde Guerre mondiale, eurent un tel soutien populaire. La rĂ©ponse est toute simple : faire appel aux peurs ancestrales et offrir la gloriole. La peur du dĂ©sordre communautaire, de la disparition des rĂšgles sociales fixĂ©es, frayeur d’une immigration de masse, crainte des troubles civils qui suivirent la plupart des rĂ©volutions et le dĂ©sarroi populaire face aux consĂ©quences des crises Ă©conomiques. L’habiletĂ© des pouvoirs Ă  encenser les peurs primaires des citoyens offrit une rĂ©colte plus qu’avantageuse pour les extrĂȘmes en Italie, en Espagne et en Allemagne. De tout temps, un gouvernement Ă©tabli sur la peur conforte les partis conserva-teurs et nationalistes, tandis qu’un gouvernement Ă©tabli sur l’espoir conforte les Ă©lans politiques progressistes et dĂ©mocratiques.

Ce n’est pas un scoop que de faire remarquer les succĂšs politiques de nombreuses forces anti-immigrĂ©s et nationalistes en Europe, ils reposent tous sur l’agencement d’une politique de peur pour l’électorat.

Les infĂąmes de la gouvernance israĂ©lienne n’ont rien Ă  envier aux politicards occidentaux. Ils dĂ©clament, s’exclament Ă  longueur de journĂ©e sur les mĂȘmes inepties de la pensĂ©e frauduleuse. L’ennemi nous menace de toute part Ă  nos frontiĂšres, notre armĂ©e est parmi les plus puissante, le terrorisme oĂč qu’il soit craint nos tentacules, notre Ă©conomie est l’alliĂ©e des meilleurs dans la course au libre-Ă©change, Ă  l’économie de marchĂ©, au capitalisme mondial.

Malheureusement cette politique de la peur n’est guĂšre Ă©tayĂ©e par les faits du quotidien : on meurt au multiple dans les accidents de la route, la ‘mal bouffe’, la surcharge pondĂ©rale et autres calamitĂ©s touchant l’ensemble de notre pays.

Maintenant comme alors, la politique de la peur s’appuie sur des faits ou une argumentation rationnelle toute subjective. Les personnes qui ont peur ne tiennent pas compte des vraies rĂ©alitĂ©s et c’est sur ce sujet que nos politiciens jouent cette rengaine qu’ils connaissent par cƓur.

Ce qui manque toutefois, c’est un pouvoir qui puisse offrir de l’espoir, ouvrir une perspective et octroyer la confiance en un devenir meilleur. Cessez de nous faire miroiter le miroir aux alouettes ! Il y a peu de temps encore, nous espĂ©rions en l’État-providence, il devait apporter pour tous, selon les marchands, une vie meilleure et participer Ă  une plus grande paritĂ©.

Je cherche et quĂȘte consciencieuse-ment, mais je ne croise nulle part une politique attentive de gauche ou de droite qui me laisserait un tant soit peu d’espoir quant Ă  un meilleur devenir. Les griefs relatifs Ă  tout ce que nous devrions craindre, c’est-Ă -dire l’ensemble des domaines concernant l’homme et son ĂȘtre, sont pratiquement sans fin. Les rĂ©formes proposĂ©es par l’oligarchie politique et la ploutocratie marchande sont du type ‘soins dentaires plus subventionnĂ©s’, ce qui est certes trĂšs bien mais ne concourt pas au renouveau de l’espoir.

Beaucoup d’entre nous doutent de plus en plus, au vu et su du spectacle politique des partis gĂ©nĂ©reusement offert par les intĂ©ressĂ©[e]s (au propre comme au figurĂ©).

Peu de  perspectives dans une arĂšne oĂč les acteurs Ă©crivent eux-mĂȘmes leur scenario et oĂč l’on se met seul en scĂšne, au nez et Ă  la barbe du peuple dĂ©chu et non-reprĂ©sentĂ©.

Ces politiques n’ont aucun programme socio-Ă©conomique concernant les masses laborieuses et les classes moyennes, comment pourrait-on ainsi crĂ©er  une sociĂ©tĂ© fondamentalement meilleure ?

Je suis intimement persuadĂ© qu’il y a beaucoup plus Ă  perdre si, et quand, les forces politiques,  qui souhaitent sauvegarder une sociĂ©tĂ© juste, dĂ©mocratique, Ă©galitaire et fondĂ©e sur la fraternitĂ©,  s’inscrivent au registre de la politique de la peur.

Depuis toujours, la peur s’est avĂ©rĂ©e ĂȘtre l’arme capitale des politiques rĂ©actionnaires.

OĂč se trouve-t-elle, cette politique fondĂ©e sur l’espoir?


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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