Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a dévoilé dans une interview à Reuters ce qu’Ankara considère comme la seule feuille de route viable pour l’avenir de la bande de Gaza. Selon lui, toute tentative de désarmement du Hamas devra être repoussée tant qu’une administration palestinienne civile, indépendante et structurée n’aura pas été mise en place. Cette position, loin d’être nouvelle dans les discours turcs, devient désormais une doctrine officielle que la Turquie entend imposer dans les discussions internationales autour du futur de Gaza.
Fidan détaille un processus en trois étapes que la Turquie défend comme la seule option réaliste. La première consiste en la création d’un comité technique palestinien chargé de gérer les affaires civiles de Gaza. La Turquie insiste sur le fait que cette administration doit être professionnelle, reconnue par les Palestiniens et libérée de toute influence partisane immédiate. La deuxième étape prévoit la mise en place d’une force de police palestinienne restructurée, entraînée et contrôlée uniquement au service de la population locale. Ce n’est qu’à la troisième et dernière étape qu’Ankara estime possible d’aborder la question explosive du désarmement du Hamas.
Selon Fidan, le Hamas aurait même indiqué qu’il serait prêt à transférer la gestion civile de la bande de Gaza à une autorité palestinienne professionnelle dans le cadre d’un accord global. Une affirmation qui, si elle est fidèle à la réalité, marquerait un tournant majeur dans la position du mouvement islamiste. Mais pour Israël, cette hiérarchie proposée — gouvernance d’abord, sécurité ensuite — demeure profondément problématique. Jérusalem considère au contraire que tout futur arrangement doit commencer par la neutralisation militaire du Hamas, non par la réorganisation administrative de la bande.
Dans son interview, Fidan adresse également un avertissement direct à Washington : si le plan américain de cessez-le-feu et de stabilisation n’avance pas vers une nouvelle phase, cela constituera selon lui « un échec majeur pour le monde » et « un échec pour les États-Unis eux-mêmes ». La Turquie cherche clairement à se positionner comme un acteur diplomatique central dans l’après-guerre, et cette critique publique révèle sa volonté de peser davantage dans le processus de reconstruction politique à Gaza.
Un autre point sensible concerne la proposition turque d’appuyer la nouvelle police palestinienne par une force internationale de stabilisation. La Turquie affirme être prête à envoyer des soldats pour participer à cette mission multinationale. Mais Israël s’oppose catégoriquement à toute présence militaire turque dans Gaza, en raison de la proximité politique et idéologique entre Ankara et le Hamas. L’idée que des forces turques puissent opérer à quelques kilomètres du territoire israélien est perçue comme une menace stratégique directe.
Le plan turc, qui se veut structuré et progressif, laisse toutefois plusieurs questions essentielles sans réponse. Comment garantir que le Hamas ne conservera pas ses capacités militaires pendant la transition administrative ? Qui aura autorité pour vérifier le désarmement effectif ? Et comment empêcher une administration civile nouvellement créée d’être infiltrée ou influencée par des éléments hostiles à Israël ? Ces interrogations reflètent le fossé profond entre la vision turque et les impératifs de sécurité israéliens.
Pour Ankara, cette feuille de route représente l’opportunité d’accroître son influence régionale et de se présenter comme le protecteur politique des Palestiniens. Pour Israël, elle constitue un scénario risqué, susceptible de renforcer indirectement le Hamas au lieu de le diminuer. Dans ce contexte, le débat autour du « modèle turc » dépasse largement la stratégie de reconstruction : il s’inscrit dans une lutte d’influence entre puissances régionales, chacune cherchant à déterminer l’avenir géopolitique de Gaza.
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Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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