« Enquête exclusive » a battu hier tous ses records d’audiences (comme quoi le « sensationnel » paye toujours), l’émission était en partie consacrée au « quartier juif » de Paris. A juste titre, nous étions très nombreux à dénoncer le contenu totalement mensonger et manipulateur de ce reportage. Explications.
Les journalistes (ou plutôt les militants) de cette émission n’ont pas fait un reportage objectif mais une compilation de clichés et d’images qu’ils recherchaient pour un scénario écrit à l’avance.
Ainsi, pas un mot sur les très nombreuses activités culturelles, associatives, religieuses, sociales. Bref sur tout ce qui fait l’âme et le quotidien de la rue des rosiers. Aussi, hormis 10 secondes consacrées à l’attentat contre le restaurant Jo Goldenberg, l’Histoire (pourtant essentielle) de cette rue a totalement été négligée.
Par contre, les « journalistes » de l’émission étaient là pour informer les deux millions de téléspectateurs sur la concurrence qui existe entre trois vendeurs de felafel (avec des interviews à la clé et un scénario digne de « la Vérité si je mens ») ainsi que sur le « business omniprésent » dans cette rue où le journaliste n’hésite pas à dire que même à la synagogue, « le business n’est jamais très loin ».
D’ailleurs, on a tous appris hier soir l’existence d’une certaine prière : « mirha » destinée aux morts et récitée deux fois par jours. Bref, une invention totale, beaucoup de confusions, un travail d’amateur : le journalisme français dans toute sa splendeur.
Mais ce n’est pas tout. Il fallait montrer que les juifs avaient aussi « leur racaille », leur quartier « détaché des lois de la République » et qu’il n y avait pas que le 9-3.
Par conséquent, ils n’ont pas hésité à montrer une image totalement décalée de la réalité quant aux combats menés par la Ligue de Défense Juive.
Bien trop facile de présenter les militants de la LDJ comme des marginaux en interrogeant deux juifs qui ne se reconnaissent pas dans les méthodes de cette organisation et en oubliant au passage de donner la parole aux jeunes (et de plus en plus de moins jeunes) de la communauté qui soutiennent pour la plupart et sans retenue la LDJ qui n’est rien de moins qu’une organisation totalement représentative.
Bien trop facile de ne pas mentionner la réalité de l’antisémitisme en région parisienne, l’impunité totale qui y règne et la nécessité par conséquent de disposer d’un tel groupe de militants prêts à répondre par la force.
Bien trop facile de présenter qu’un seul côté de la LDJ et d’oublier toutes les autres activités de ce mouvement. Ainsi, le communiqué de l’organisation suite à l’émission rappelle que ses militants se caractérisent aussi par leur participation constante aux recherches de personnes disparues, aux visites qu’ils effectuent auprès des malades dans les hôpitaux, au soutien moral auprès des victimes de l’antisémitisme, à la sécurisation bénévole des différents évènements et lieux communautaires, aux prières auprès des familles endeuillées qui ne disposent pas de 10 hommes pour faire un « minyan » ainsi qu’à tous les hommages rendus aux victimes de la Shoah.
Bien trop facile de qualifier les militants de la LDJ de « terroristes » alors qu’ils sont tout simplement lucides, représentatifs, courageux et constituent rien de moins que l’avenir de la communauté juive en France.