Portugal : le premier “oui” à l’Eurovision et le refus de boycotter Israël

Pour la première fois depuis le début de la polémique entourant la participation d’Israël à l’Eurovision 2026, une voix dissonante et assumée s’est fait entendre au Portugal. Alors que treize des seize artistes sélectionnés pour le Festival da Canção, le concours national portugais servant de sélection à l’Eurovision, ont annoncé leur intention de boycotter la compétition internationale en cas de victoire, le groupe Bandidos do Cante a choisi une autre voie. Leur message est clair : s’ils remportent la sélection nationale, ils représenteront le Portugal à l’Eurovision, sans condition et sans boycott.

Cette prise de position intervient dans un climat particulièrement tendu, où la participation d’Israël à l’Eurovision est devenue un sujet de controverse politique et idéologique dans plusieurs pays européens. Alors que certains artistes et syndicats culturels appellent à la marginalisation d’Israël sur la scène musicale internationale, Bandidos do Cante affirment vouloir replacer la musique au centre du débat. Leur déclaration publique, publiée sur leurs réseaux sociaux, a rapidement attiré l’attention des médias portugais et internationaux.

Originaire de la région de l’Alentejo, le groupe est composé de cinq amis d’enfance et s’inscrit dans la tradition du cante alentejano, un genre vocal polyphonique interprété a cappella, reconnu en 2014 par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Leur démarche artistique repose sur la transmission d’un héritage musical profondément enraciné dans la culture populaire portugaise, tout en l’adaptant à une sensibilité contemporaine.

Dans leur communiqué, les membres du groupe ont pris soin de souligner qu’ils ne jugeaient pas les choix de leurs collègues. « Nous avons chacun nos sensibilités, nos opinions et nos convictions personnelles », écrivent-ils, ajoutant qu’il leur semble impossible d’imposer une position politique unique au nom d’un collectif artistique. Selon eux, la richesse de leur musique naît précisément de cette diversité de points de vue et de cette capacité à dialoguer malgré les désaccords.

Leur message insiste sur une idée centrale : la musique n’est pas seulement un outil de protestation, mais avant tout un langage universel capable de créer des ponts entre les peuples. « Nous croyons que le Festival da Canção et l’Eurovision existent pour célébrer les chansons, les compositeurs et les artistes », expliquent-ils, rappelant que ces scènes ont historiquement servi à rapprocher des sociétés divisées, notamment en période de crise.

Cette position tranche nettement avec celle des artistes favorables au boycott, qui s’appuient sur un nouveau règlement du Festival da Canção. Celui-ci permet désormais au vainqueur de refuser de représenter le Portugal à l’Eurovision, une possibilité inexistante les années précédentes. Ce changement réglementaire a ouvert la voie à une fronde sans précédent au sein de la sélection portugaise, transformant le concours en champ de bataille idéologique.

La télévision publique portugaise RTP a néanmoins confirmé sa participation à l’Eurovision 2026, prévue à Vienne, en Autriche. La chaîne a rappelé qu’elle soutenait les règles de l’Union européenne de radio-télévision (EBU) et qu’elle avait voté en faveur du maintien d’Israël au sein de la compétition. Cette position a provoqué des tensions internes, certains employés exprimant leur désaccord avec la ligne officielle.

Dans ce contexte, la déclaration de Bandidos do Cante apparaît comme une rare note d’optimisme. Le groupe affirme que, s’il est choisi pour représenter le Portugal, il le fera « avec responsabilité, respect et dignité », en portant la culture portugaise « aux quatre coins du monde ». Ils insistent sur une approche positive, fondée sur l’unité et la conviction que la musique peut rapprocher les individus, même lorsque le monde semble aller dans la direction opposée.

Des voix extérieures à la sélection portugaise ont également exprimé des positions similaires. L’ancienne gagnante irlandaise de l’Eurovision Dana Rosemary Scallon a récemment rappelé que l’essence du concours était de créer un espace sûr où la musique prime sur la politique. De même, l’artiste grecque Xannova Xan a souligné que l’Eurovision devait rester une compétition artistique et non idéologique.

Alors que plusieurs pays ont annoncé leur retrait de l’Eurovision 2026, la position portugaise reste observée de près. Si un artiste favorable au boycott venait à remporter le Festival da Canção, la RTP devrait décider s’il faut choisir un autre représentant ou modifier le processus de sélection. À l’inverse, une victoire de Bandidos do Cante enverrait un signal fort en faveur d’une Eurovision recentrée sur sa vocation culturelle.

Dans une saison marquée par les polémiques, les déclarations de boycott et les fractures idéologiques, le choix de Bandidos do Cante rappelle que l’Eurovision demeure, pour beaucoup, un espace de rencontre et d’expression artistique. Leur prise de position pose une question centrale : la musique peut-elle encore être un lieu de rassemblement, indépendamment des conflits politiques ? Pour ce groupe portugais, la réponse est sans équivoque.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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