Les avions de la compagnie iranienne Mahan Air, affiliée aux Gardiens de la révolution, transportent à la fois des passagers et des armes pour le Hezbollah. Bien que le droit international permette à Israël d’intercepter ces cargaisons, la situation est plus complexe qu’elle n’en a l’air.

Une situation sous contrôle mais délicate

Récemment, un Airbus A340 de Mahan Air a été intercepté par l’armée de l’air israélienne lors d’un vol vers la Syrie. Les pilotes israéliens ont ordonné au vol de faire demi-tour, affirmant que l’avion transportait des armes destinées au Hezbollah. Les pilotes iraniens ont obéi, et l’incident s’est terminé sans confrontation directe.

Pourtant, ces vols ne sont pas rares, et Israël est souvent confronté à la question suivante : pourquoi ne pas détruire ces avions directement ?

Les enjeux stratégiques et éthiques

  • Le cadre juridique et les preuves nécessaires
    Le droit international, via la Charte de l’ONU (article 51) et la Convention de Chicago, permet l’interception de menaces imminentes dans un contexte de guerre ou de défense légitime. Cependant, Israël devrait prouver que l’avion transportait des armes. Cela impliquerait de révéler des sources et des méthodes de renseignement sensibles, ce qui pourrait compromettre la capacité future à détecter de nouvelles menaces.
  • Les risques de représailles
    L’Iran possède des avions de chasse comme le F-14 équipés de missiles longue portée capables d’intercepter des cibles israéliennes. Une attaque israélienne contre un avion civil pourrait entraîner des représailles, augmentant les tensions et le risque pour l’aviation commerciale israélienne.
  • Le précédent historique et la sensibilité éthique
    Israël conserve une approche prudente dans ses actions militaires, notamment depuis l’incident tragique de 1973 où un Boeing 727 libyen, égaré au-dessus du Sinaï, a été abattu, causant la mort de 108 passagers. Cet événement a profondément marqué Israël, renforçant l’idée qu’il est impératif de minimiser les pertes civiles.

Pourquoi ne pas tirer ?

  • Impact stratégique limité : Abattre un avion transporterait un message fort, mais l’effet dissuasif serait probablement temporaire. L’Iran trouverait rapidement des alternatives pour continuer ses livraisons d’armes.
  • Conservation des ressources : Les missiles air-air, comme l’AIM-120, sont coûteux, et leur utilisation doit être justifiée par un impact stratégique clair.
  • Préserver les alliances internationales : Une telle action pourrait nuire aux relations d’Israël avec des pays tiers, notamment ceux survolés par ces avions, qui pourraient refuser à l’avenir de laisser passer des vols israéliens dans leur espace aérien.

Conclusion

Israël privilégie actuellement l’interception et la dissuasion sans recourir à des frappes directes sur les avions civils, même utilisés à des fins militaires. Cela reflète une stratégie basée sur une combinaison d’éthique, de prudence diplomatique et de calcul stratégique.

L’objectif principal reste de neutraliser les menaces tout en évitant des escalades inutiles qui pourraient coûter cher en vies humaines et en crédibilité internationale.