Le gouvernement au pouvoir en Turquie a présenté une motion au Parlement qui permettrait à des violeurs d’aller se marier avec leurs victimes, comme un moyen d’atténuer les complications juridiques liées au mariage des enfants.
Le Parti de la justice et le développement (AKP) a appuyé une motion, qui a été portée à l’Assemblée générale, jeudi soir, qui « permettrait la libération immédiate de plus de 4000 violeurs condamnés dans les prisons, turques s’ils se marient avec leur petite victime », selon le site Minute Turquie.
L’AKP a défendu la motion en disant qu’il est nécessaire de protéger « les couples » qui ont eu des rapports sexuels consensuels et trop jeune pour se marier légalement.
« Quand un enfant est alors né de cette union non officielle, le médecin met en garde le procureur et l’homme est envoyé en prison, en mettant l’enfant et la mère dans des difficultés financières », a déclaré le ministre de la Justice Bekir Bozdağ, à l’AFP.
La proposition indique qu’en cas de viol d’enfant, si l’acte a été commis sans « force, ou menace, ou de toute autre restriction sur le consentement », et si la victime accepte d’épouser l’agresseur, la peine est reportée.
« Ce que nous faisons, est une recherche de solution à un problème permanent. Ce n’est pas pour protéger le viol, ni protéger les violeurs. Nous cherchons la peine la plus lourde pour les violeurs », a dit Bozdağ à l’agence de nouvelles turques Anadolu.
Les membres de l’opposition parlementaire ont critiqué la motion, en disant qu’elle va « encourager les mariages forcés » et « légaliser le mariage aux violeurs ».
« Si un homme de 50 ou 60 ans se marie avec une fillette de 11 ans après l’avoir violée, elle en subira les conséquences », a déclaré un membre du parti d’opposition CHP, Omer Suha Aldan, sur le Hurriyet Daily en Turquie.
« Si vous lui donnez une passe par le mariage, la jeune fille va vivre dans une prison pour toute sa vie », a ajouté Aldan.
La motion n’a pas recueilli la majorité nécessaire pour le convertir en une loi, en raison de votes contre, du parti Républicain du Peuple (CHP) et le Parti du Mouvement Nationaliste (MHP), mais un second tour de scrutin aura lieu le 22 Novembre.
Si elle devait être adoptée, la motion passerait ensuite au président Erdogan qui pourrait la mettre en vigueur s’il l’approuve.