Premier accroc France-Israël : la remise en cause d’un accord sur les drones. De nombreux industriels, politiques, francophones israéliens voulaient connaître la vision de la France de Hollande (photo) vis à vis d’Israël. Ils sont gatés.
La France le fait souvent : un mauvais choix industriel qui va lui coûter encore une fois très cher. Sachant que les israéliens sont les meilleurs dans le monde en matière de drones (les Français le savent), le nouveau pouvoir fait exactement ce qu’il ne faut pas faire : se plier à un lobby qui finalement semble plus intéressé au savoir-faire américain plutôt qu’israélien ! Un excellent article ci-dessous fait le point sur ce dossier complexe. (D.A.)
Selon (1) : « Le premier contrat d’armement du nouveau pouvoir socialiste sera-t-il un achat auprès de l’industrie américaine ? Selon nos sources, “on va acheter des Prédators” dit-on aujourd’hui dans l’entourage du ministre de la Défense. Une décision qui serait difficile à justifier en période de “redressement productif” et de réduction de crédits. Si elle est prise, elle devrait faire l’objet de tout un habillage politico-médiatique. Officiellement, aucune position n’a été arrêtée et le ministre de la défense, lors de sa nomination, avait indiqué vouloir tout remettre à plat. Nous y sommes.
L’affaire pourrait se jouer en trois temps :
1) La prolongation de l’actuel système de drone Male (Moyenne altitude longue endurance) Harfang de l’armée de l’air, dont le contrat de maintenance, avec EADS, arrive à son terme courant 2013. Le Harfang, qui a été engagé en Afghanistan et en Libye, est un système en voie d’obscolescence rapide… Mais c’est le seul que possède l’armée de l’air, au nombre de quatre. Sauf à renoncer totalement à cette capacité, jugée stratégique, il va donc falloir faire encore avec lui…
2) A plus long terme, l’idée de construire un drone (classe 4 tonnes) européen n’est pas entièrement enterrée. Un accord avait été signé entre la France et le Royaune-Uni, impliquant Dassault-Aviation et BAe pour la production du Telemos, à l’horizon 2020. De nouveaux accords devaient être conclus lors du Salon aéronautique de Farnborough, début juillet, mais l’affaire a été repoussée à la demande de Paris. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian doit se rendre à Londres le 24 juillet et les drones seront au menu des conversations.
Le ministère de la Défense fait l’objet de fortes pressions de la part d’EADS (où l’on compte de nombreux réseaux proches des socialistes) pour ne pas être exclus de ce programme, confié pour la partie française à Dassault. Cela pourrait également signifié le retour de l’Allemagne dans le duopole franco-britannique qui n’a guère les faveurs de l’Elysée. Quelle que soient les décisions prises sur le Télémos, il ne sera pas en service avant au moins dix ans. Il faut donc un programme intermédiaire.
3) On pensait avoir trouvé la solution l’été dernier avec la décision de franciser, chez Dassault, le drone israélien Heron TP sous le nom de Voltigeur. Ce choix israélien n’était pas nouveau puisque les deux modèles précédents achetés pour l’armée de l’air (Hunter et Harfang) étaient de conception israélienne. Mais la décision du ministre Gérard Longuet a été combattue vivement par EADS (toujours sa rivalité avec Dassault) et par les militaires (EMA et Armée de l’air) qui ne juraient que par l’achat sur étagère du drone américain Predator B (Reaper).
Celui-ci pourrait faire son grand retour, officiellement comme solution transitoire. Deux pays européens en sont déjà équipés : le Royaume-Uni et l’Italie. Une forme de “mutualisation” pourrait même être évoquée. En mars 2011, l’hypothèse de co-localiser le futur escadron français de drones Reaper avec celui des Britanniques avait déjà été évoquée. Mais les Britanniques sont complètement intégrés au dispostif américain de l’US Air Force a tel point que l’unité qui les met en oeuvre, le 39 Squadron de la RAF est installé sur la base de Creech… au Nevada ! A l’époque, l’idée avancée par l’Armée de l’air était d’installer l’escadron français outre-atlantique, notamment pour bénéficier de la couverture satellitaire et d’une plus grande facilité de circulation aérienne ! Pas sûr que l’idée soit encore à la mode.
Pas plus d’ailleurs que celle d’armer les drones. Dans certains cercles du pouvoir socialiste, on semble aujourd’hui réticent à équiper les drones de missiles ou de bombes, comme le sont ceux des Américains. Pas politiquement correct ! Comme s’il y avait une différence entre recevoir une bombe larguée d’un avion piloté à bord ou piloté depuis le sol. Mais les campagnes des ONG contre la politique d’Obama ont trouvé des oreilles attentives à gauche…
Les drones semblent être un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire en matière d’industrie de défense. Un proche du ministre en convient : “l’appareil militaro-industriel a massacré les drones” depuis une quinzaine d’années, constate-t-il, sans trop se pencher sur la responsabilité des politiques, droite et gauce confondus. Mais on semble bien parti pour écrire un nouvel épisode de cette saga lamentable. Le marché mondial reste dominé par les Américains et les Israéliens. Et les forces françaises ne savent pas quels drones – que tout le monde juge aujourd’hui indispensables – elles auront dans trois ans. Sacrée réussite ! « Jean-Dominique Merchet
Par Daniel Assayah (Tel-Aviv)
Si j’en crois cet article il y aurait donc des « lobbys » en France ? Mais qu’est ce que vous me dites là !!!
La france pourrait aussi se tourner vers l’Iran, pas mal classé à l’échelle internationale dans l’industrie des Drones 🙂 vous croyez pas ? ça diversifie les sources, ça rabaisse certains caquets et surtout ça coute moins cher.