Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a annoncé ce matin (vendredi) qu’il inviterait le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à visiter Budapest et a affirmé qu’il ne l’arrêterait pas, bien que la Hongrie soit signataire du Statut de Rome qui fonde l’autorité de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions internationales liées aux mandats d’arrêt émis contre des hauts responsables israéliens.

Parallèlement, aux Pays-Bas, le politicien d’extrême droite Geert Wilders, chef du plus grand parti de droite du pays et fervent partisan d’Israël, a annoncé qu’il se rendrait prochainement en Israël pour rencontrer Netanyahou. Dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), Wilders a vivement critiqué les mandats d’arrêt, déclarant que « le monde est devenu fou ».

Wilders a également révélé que son projet de visite en Israël avait été divulgué avant qu’une annonce officielle ne soit transmise à l’ambassade néerlandaise en Israël. Selon lui, « cette fuite met en danger ma sécurité et celle de mes gardes du corps ». Suite à cela, il a demandé à la division nationale des enquêtes des Pays-Bas d’ouvrir une enquête criminelle.

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Soutien des dirigeants européens et contexte

Le soutien des dirigeants européens survient dans le cadre de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, soupçonnés de crimes de guerre dans la bande de Gaza. Un mandat d’arrêt a également été émis contre le dirigeant du Hamas, Mohammed Deif.

Selon la CPI, il existe des « raisons de croire » que Gallant et Netanyahou sont responsables de crimes de guerre à Gaza, notamment l’utilisation de la famine comme arme de guerre, des meurtres, des persécutions et d’autres « actes inhumains ». La déclaration de la Cour précise que la publication des mandats d’arrêt vise à « servir les victimes et leurs familles ».

La CPI a également affirmé qu’Israël n’était pas en droit de contester la compétence de la Cour sur cette affaire. Cette déclaration intervient après plusieurs mois d’efforts israéliens, soutenus par d’autres pays, pour réfuter cette compétence. La CPI a rejeté ces arguments aujourd’hui sans ambiguïté.

Orbán, qui assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne, a souligné que malgré cette invitation, il serait difficile pour Netanyahou de se rendre en Hongrie sans traverser l’espace aérien d’États signataires du Statut de Rome, ce qui signifie que le risque d’arrestation persiste.

Risque d’arrestation dans 124 pays

Si Netanyahou ou Gallant se rendent dans l’un des 124 pays qui reconnaissent la juridiction de la CPI, ils risquent d’être arrêtés et extradés. Parmi ces pays figurent les 27 États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, tous les pays d’Amérique du Sud et centrale, le Canada, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, entre autres.

En revanche, les pays qui ne reconnaissent pas la CPI incluent les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde, la plupart des pays arabes, africains et asiatiques, ainsi que la Turquie.

Un scénario dangereux pour Netanyahou et Gallant

Bien que les États-Unis ne reconnaissent pas la CPI et n’arrêteraient donc pas Netanyahou s’il s’y rendait, son avion devrait survoler l’Europe pour atteindre les États-Unis. Il n’est pas garanti que les autorités européennes accordent un droit de passage à son avion, et même si elles le faisaient, un atterrissage d’urgence dans un pays signataire pourrait entraîner son arrestation. Conformément au Statut de Rome, ce pays aurait l’obligation de le présenter à un juge, de notifier la CPI et de prolonger sa détention jusqu’à la fin des procédures.

Une arrestation pourrait se conclure par une incarcération dans un centre de détention de la CPI aux Pays-Bas en vue d’un procès.

Autorité de la CPI et mandats d’arrêt

La CPI a jusqu’à présent émis 65 mandats d’arrêt pour des accusations de crimes contre l’humanité. C’est la première fois que des mandats sont émis contre des représentants d’une démocratie. Parmi les individus recherchés figurent le président russe Vladimir Poutine, l’ancien président soudanais Omar el-Béchir et l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

Sur ces 65 mandats, 21 personnes ont été extradées et sont actuellement détenues à La Haye, 4 ont été jugées et acquittées, et 11 ont été condamnées. La dernière condamnation concerne Al-Hassan Ag Abdoul Aziz de Mali, reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et condamné à 10 ans de prison.

Menaces pour Israël et la « loi sur l’invasion de La Haye »

Au-delà des aspects judiciaires, la décision de la CPI place Israël dans une position délicate au sein de la communauté internationale, ouvrant la voie à des sanctions potentielles, allant d’un embargo sur les armes à des mesures économiques.

Enfin, il convient de noter que le Congrès américain a adopté une loi surnommée « loi sur l’invasion de La Haye » après la création de la CPI. Cette loi autorise le président des États-Unis à utiliser tous les moyens nécessaires pour libérer des citoyens américains ou leurs alliés détenus à la demande de la CPI.