Dans un paysage enneigé des montagnes Rocheuses, à Boise, capitale de l’État de l’Idaho, s’est tenue récemment une conférence peu médiatisée mais hautement significative : celle des émissaires du mouvement Loubavitch (Chabad). Venus des quatre coins des États-Unis, du Canada et même d’Amérique latine, des dizaines de Chlou’him (émissaires) se sont rassemblés pour discuter d’un thème brûlant d’actualité : comment préparer les communautés juives du monde à tous les scénarios.

Cette réunion stratégique, bien que discrète, illustre l’approche proactive du mouvement hassidique dans un monde en mutation — bouleversé par l’instabilité politique, les tensions géopolitiques, la montée de l’antisémitisme, mais aussi par des questions internes liées à l’assimilation, à la sécurité des synagogues et à la transmission du judaïsme aux jeunes générations.

L’Idaho, un choix symbolique

Pourquoi l’Idaho, cet État rural et peu peuplé ? Parce qu’il incarne le nouveau visage du judaïsme américain. Des familles juives y ont récemment émigré, fuyant les grandes villes devenues trop chères ou trop violentes. Le Rabbi Loubavitch, de son vivant, encourageait déjà l’implantation de centres juifs dans les endroits les plus reculés.

Résultat : Boise dispose aujourd’hui d’un Beth Habad actif, qui organise des offices, des repas de Shabbat, des cours et assure une présence bienveillante auprès de la petite communauté locale. Ce Beth Habad a accueilli la conférence avec chaleur et efficacité.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

https://infos-israel.news/soutenez-infos-israel-news/

Une mission : renforcer la résilience juive

Le ton est donné dès la première allocution :

« Nous ne sommes pas venus ici pour réagir à la peur, mais pour renforcer l’espérance », déclare le Rav Menahem Mendel Goldberg, coordinateur de la région ouest.

Les intervenants évoquent :

  • La hausse des menaces physiques sur les institutions juives ;
  • L’instabilité croissante des gouvernements ;
  • L’influence corrosive du relativisme moral chez les jeunes.

Chaque session pose une même question centrale : comment assurer la pérennité juive, peu importe le chaos du monde extérieur ?

Un programme varié et percutant

Parmi les ateliers proposés :

  • Sécurité communautaire : avec l’intervention d’experts israéliens en cybersécurité et en protection physique.
  • Enseignement en ligne et engagement digital : comment créer du contenu juif attrayant pour TikTok, YouTube et Instagram.
  • Résilience mentale des rabbanim : un psychologue hassidique a partagé des outils pour gérer l’épuisement moral, très fréquent chez les jeunes envoyés en poste isolé.
  • Préparation à la crise : l’un des points les plus discutés, notamment en cas de rupture de chaîne alimentaire, de coupures d’électricité ou de troubles civils.

Un message clair : Israël au centre

Bien que la conférence soit américaine, Israël a occupé une place de choix. Des messages vidéo de plusieurs Chlou’him en poste à Ashkelon, Sdérot ou Jérusalem ont été diffusés, témoignant du courage des émissaires en temps de guerre.

« Nous tenons à Israël comme à notre propre vie », a déclaré le Rav Levi Raichik de Los Angeles. « Les attaques du 7 octobre n’ont fait que renforcer notre détermination à défendre la vérité et la lumière. »

Le drapeau israélien flottait aux côtés du drapeau américain durant tout l’événement.

Témoignages bouleversants

L’un des moments les plus marquants fut le témoignage du Rav Shneur Zalman Cohen, émissaire dans une ville du Nouveau-Mexique. Après une série d’actes antisémites dans sa communauté, il a failli tout abandonner.

« Mais une lettre du Rabbi, que j’ai relue, m’a rappelé que notre mission n’est pas dépendante des circonstances. Elle est éternelle. »

Sa prise de parole a arraché des larmes à plus d’un participant.

Une conférence tournée vers l’avenir

Les résolutions prises sont ambitieuses :

  1. Former une cellule de réponse rapide pour les incidents de sécurité dans les petites communautés juives.
  2. Multiplier les campagnes éducatives sur les réseaux sociaux avec des influenceurs juifs.
  3. Créer un fonds d’urgence mondial Habad pour financer des opérations de secours, d’évacuation ou de protection.
  4. Lancer un programme de préparation communautaire (type kits de survie, modules de résilience familiale, etc.).

Le mot d’ordre : « Ne pas craindre, mais agir avec sagesse ».

Une fraternité renforcée

Au-delà des discours et ateliers, cette conférence a permis aux émissaires de se retrouver, de se soutenir mutuellement, et de partager leurs défis dans des zones parfois hostiles ou isolées.

Des chants hassidiques, des danses de farbrenguen, et bien sûr des repas de Shabbat ont nourri l’âme autant que le cœur.

Conclusion : « Comme une arche de Noé »

À la fin de la conférence, le Rav Yaakov Farkash a résumé la philosophie du mouvement :

« Dans un monde qui se noie dans le chaos, chaque Beth Habad est une arche. Notre travail est de garder les lumières allumées, de sauver des âmes, et de préparer le monde à la guéoula. »

Cette conférence discrète mais puissante montre que le peuple juif, et en particulier le mouvement Habad, n’attend pas que le monde s’écroule pour se réveiller. Il agit déjà, avec foi, clarté et détermination.