Quand Echorouk recycle les Protocoles des Sages de Sion en une « une » de 2025

L’Algérie voulait améliorer son image internationale. Raté. Le quotidien Echorouk, l’un des plus lus du pays, a cru bon de publier un article titré « Les Juifs derrière chaque crime ». Une trouvaille sortie tout droit des vieilles théories du complot du XIXe siècle, qui ne dépareillerait pas dans une édition jaunie des Protocoles des Sages de Sion. Résultat : scandale international, critiques des ONG, embarras diplomatique et un parfum d’années 30 revenu dans les colonnes d’un journal du XXIe siècle.

Une rhétorique de haine recyclée

Dès l’introduction, le ton est donné : les Juifs seraient derrière toutes les catastrophes, du temps du prophète Mohammed jusqu’aux crises contemporaines. Une rhétorique qui associe religion, émotion et géopolitique pour transformer une communauté entière en bouc émissaire. Comme le note Associated Press, ce type de discours alimente « une vision binaire du monde qui nie la complexité des rapports de force » (AP News).

Les accusations sans preuves pleuvent : les Juifs manipuleraient la finance, les médias, les États-Unis, et même certains pays arabes qualifiés de « traîtres » parce qu’ils auraient, horreur suprême, des liens avec Israël.

Des conséquences explosives

Sur le plan intérieur, une telle rhétorique crée un climat délétère. Elle désigne un « ennemi intérieur », suggère que des citoyens algériens pourraient être complices d’un complot mondial, et ouvre la voie à la stigmatisation. L’histoire montre que ces discours sont le carburant des violences : ce qui commence par un article peut finir en pogrom.

À l’international, l’effet est désastreux. Déjà critiquée par le Département d’État américain et par plusieurs ONG de défense des droits humains (Human Rights Watch, ADL), l’Algérie s’expose à de nouvelles pressions et à un isolement diplomatique. Comme le résume The Guardian, « dans un monde où la lutte contre les discours de haine est une priorité, l’Algérie joue contre son propre camp » (The Guardian).

Le paradoxe algérien

Ironie suprême : alors qu’Alger tente de se présenter comme un acteur de paix dans la région et un médiateur crédible sur les dossiers libyen ou sahélien, son plus grand quotidien verse dans la haine brute. Comment prétendre rassembler autour de la sécurité et du développement quand on diffuse des slogans qui divisent et attisent la peur ?

Ce double langage illustre une contradiction structurelle : un pouvoir qui cherche à briller sur la scène internationale mais laisse prospérer chez lui un discours qui le discrédite.

Une vieille recette qui ne marche plus

En réalité, ce type d’articles n’a rien de nouveau. C’est le recyclage éculé des théories complotistes qui voient la main des Juifs derrière chaque événement du monde arabe. Mais en 2025, cette recette ne fonctionne plus : Internet, les ONG et les médias internationaux scrutent chaque publication. L’époque où l’on pouvait agiter un « complot juif » sans conséquences diplomatiques est révolue.

Avec son titre « Les Juifs derrière chaque crime », Echorouk franchit la ligne rouge du journalisme pour tomber dans la propagande antisémite la plus grossière. À court terme, cela flatte les instincts les plus bas d’une partie du lectorat. À long terme, cela abîme la cohésion nationale, fragilise la région et isole l’Algérie sur la scène internationale.

Au lieu d’éduquer, la presse verse dans l’incendie. Une stratégie de court terme qui risque de coûter cher : diplomatiquement, économiquement, et surtout moralement.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés