Quand le ministre iranien des Affaires étrangères déclare : « Netanyahou a raison »

La diplomatie moyen-orientale n’est jamais avare en paradoxes, mais la déclaration d’Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, a surpris même les observateurs les plus aguerris. Mardi soir, le haut diplomate a publié un message sur X (ex-Twitter) dans lequel il critiquait frontalement le Premier ministre australien Anthony Albanese… tout en validant une partie des propos de Benjamin Netanyahou, son ennemi juré.

« Je n’ai pas l’habitude de rejoindre la position de criminels de guerre recherchés », a écrit Araghchi, visant le chef du gouvernement israélien. « Mais Netanyahou a raison sur un point : le Premier ministre australien est bien un politicien faible ».

Cette sortie inattendue survient dans un contexte tendu. Quelques heures plus tôt, le service de renseignement australien (ASIO) avait accusé l’Iran d’être derrière deux attaques antisémites visant la communauté juive locale. En réaction, Canberra a annoncé l’expulsion de l’ambassadeur iranien.

Araghchi a rejeté les accusations avec emphase, invoquant l’histoire : « L’Iran abrite l’une des plus anciennes communautés juives au monde. Des dizaines de synagogues sont encore actives sur notre sol. Accuser Téhéran de cibler de tels lieux à l’étranger est dénué de toute logique ». En miroir, il a accusé l’Australie de se plier aux pressions israéliennes, arguant que « Canberra paie le prix de son soutien populaire à la cause palestinienne ».

Ce mélange d’attaque et d’alignement partiel illustre le double discours classique de Téhéran : nier toute responsabilité dans des actes hostiles contre les Juifs, tout en entretenant une rhétorique anti-israélienne virulente. Le paradoxe, cette fois, tient au fait que le ministre iranien s’appuie sur la critique formulée par Netanyahou pour mieux délégitimer un dirigeant occidental.

Le timing est révélateur. L’Iran traverse une période d’isolement croissant, après que l’Europe a réactivé le mécanisme de sanctions de l’ONU sur son programme nucléaire【https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nucléaire_de_l%27Iran】, et que plusieurs pays occidentaux, dont l’Australie, dénoncent son rôle dans la déstabilisation régionale. Dans ce contexte, Araghchi cherche à retourner la situation à son avantage, en se posant en victime d’un « complot occidental » orchestré par Israël.

Pour Israël, cette déclaration démontre une fois de plus la duplicité iranienne. Alors que Téhéran revendique son rôle de protecteur d’une minorité juive sur son sol, son régime finance le Hamas et le Hezbollah, organisations désignées terroristes par l’Occident【https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamas】. La contradiction est flagrante : invoquer le respect des synagogues iraniennes tout en cautionnant la destruction d’Israël.

Enfin, ce duel verbal témoigne de l’extension mondiale du bras de fer israélo-iranien. Après l’Europe, les États-Unis et le Moyen-Orient, c’est désormais l’Australie qui devient un théâtre de confrontation diplomatique. Le geste d’Albanese – expulser un ambassadeur – est rare et symbolise la montée des tensions.

Que le ministre iranien en vienne à dire « Netanyahou a raison » n’est pas un signe de rapprochement, mais plutôt une manœuvre calculée : utiliser l’ennemi pour frapper un adversaire tiers. Une stratégie cynique, mais révélatrice d’un régime qui, acculé par les sanctions et l’isolement, tente de détourner l’attention vers d’autres cibles.

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