Que cherche à dissimuler la Croix-Rouge ? L’organisation publie un communiqué surprenant après le transfert d’un corps de Gaza vers Israël

Le communiqué est tombé hier soir, brusquement, comme pour devancer une critique prévisible. Après le transfert depuis Gaza du corps d’un Israélien assassiné par le Hamas, la Croix-Rouge internationale (CICR) a diffusé un message inhabituellement défensif, affirmant n’avoir joué qu’un rôle technique et rejetant toute responsabilité dans la localisation des dépouilles. Une prise de distance qui relance un débat déjà explosif sur l’attitude de l’organisation depuis les massacres du 7 octobre 2023, au cours desquels elle n’a jamais exigé un accès humanitaire aux otages, contrairement aux normes du droit international humanitaire. Une vidéo diffusée sur les réseaux arabes a montré des véhicules du CICR escortant des terroristes armés du Hamas à Rafah, image qui a suscité la colère de nombreuses familles israéliennes.

Depuis plus d’un an, les critiques contre le CICR sont constantes en Israël. Plusieurs rescapés et proches d’otages dénoncent une organisation « absente », voire « complice par inertie », incapable d’imposer au Hamas l’accès aux prisonniers israéliens. Alon Ahel, ancien otage, l’a résumé sans détour dans un entretien à N12 : « Organisation méprisable. Ils n’ont rien fait pour nous ». Les familles rappellent que l’article 126 de la Convention de Genève prévoit explicitement le droit de visite aux détenus — un droit que le Hamas a violé sans que la Croix-Rouge ne dénonce publiquement cette transgression. L’ONU elle-même, dans plusieurs communiqués du Conseil des droits de l’homme, a rappelé que les organisations humanitaires doivent garantir la protection des captifs. Pourtant, le CICR s’est contenté de déclarations neutres, évoquant « des contraintes sécuritaires » pour justifier son absence.

Dans son communiqué, la Croix-Rouge insiste sur un rôle strictement logistique : « À la demande des deux parties, et avec leur accord, nous avons facilité ce soir le transfert d’un corps vers les autorités israéliennes ». Mais ce qui frappe, c’est moins ce qu’ils disent que ce qu’ils ajoutent immédiatement : « L’identification relève exclusivement des autorités israéliennes » et « le CICR n’a aucune responsabilité dans la localisation des dépouilles ». Une formulation rare, presque anxieuse, comme si l’organisation cherchait à désamorcer une accusation avant qu’elle ne soit formulée. Plusieurs commentateurs de Channel 12 ont noté que cette justification anticipée est « tout sauf habituelle » pour le CICR, dont les communiqués sont en général laconiques.

Selon des analystes sécuritaires cités par Ynet, cette réaction trahit l’inquiétude de l’organisation face à l’image très dégradée dont elle souffre en Israël. Depuis la réunion de 2024 entre les familles d’otages et la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, la tension est palpable. Lors de cet échange, des parents ont accusé la dirigeante d’avoir quitté Gaza sans exiger la moindre visite humanitaire auprès des otages gravement malades, en violation flagrante du droit international. Spoljaric avait répondu que « les conditions sécuritaires ne permettaient pas d’entrer dans les zones de combat ». Une réponse jugée inacceptable par les familles, qui rappellent que le CICR a travaillé dans des zones de guerre actives en Syrie, en Afghanistan et au Yémen. Selon Reuters et BBC, le CICR a mené des évacuations sous feu direct dans ces pays : pourquoi pas à Gaza ?

La question de fond persiste : pourquoi la Croix-Rouge ne condamne-t-elle jamais explicitement le Hamas, alors même que ce dernier commet des crimes de guerre documentés par Amnesty International, Human Rights Watch et l’ONU ? Lors des premiers mois suivant les massacres du 7 octobre, le CICR a publié plusieurs communiqués appelant à « la retenue » et à « la protection des civils », sans jamais mentionner le Hamas, ni ses exécutions, ni sa stratégie de boucliers humains. Pour beaucoup de familles israéliennes, cette neutralité affichée ressemble davantage à de la cécité volontaire.

Dans le cas du transfert du corps, le CICR affirme qu’il ne peut agir « qu’avec la coopération des parties ». Pourtant, plusieurs experts notent que le Hamas utilise précisément cette formule comme outil de pression. En acceptant d’agir uniquement lorsque le Hamas l’autorise, l’organisation ne devient-elle pas un instrument involontaire de la guerre psychologique du mouvement terroriste ? Le professeur Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice du Canada et défenseur des droits humains, a rappelé en 2024 dans un rapport publié par l’Institut Raoul Wallenberg que « la Croix-Rouge a l’obligation morale et juridique d’exiger l’accès aux otages, et non de se satisfaire d’un rôle passif ». L’organisation, selon lui, « a échoué à défendre les principes mêmes dont elle se réclame ».

La colère s’exprime aussi sur les réseaux sociaux israéliens, où plusieurs rescapés dénoncent une pointe d’hypocrisie : « Ils sont toujours là pour transporter un corps, mais jamais pour sauver un vivant », écrit une famille. D’autres rappellent que le CICR n’a pas rendu visite à un seul otage israélien depuis le 7 octobre, alors que des enfants, des femmes, des personnes âgées et des blessés graves étaient détenus sans soins. Selon un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU publié en 2024, certains otages souffraient de fractures non traitées, de malnutrition sévère et d’abus continus.

La phrase la plus marquante du communiqué du CICR est peut-être celle-ci : « Nous ne pouvons remplir notre rôle qu’à travers la coopération de toutes les parties ». Traduction, pour beaucoup : nous n’intervenons que lorsque le Hamas le permet. Et c’est bien ce qui alimente le soupçon profond d’une partie de la société israélienne : derrière la neutralité, une forme de résignation qui laisserait l’initiative morale à un groupe terroriste. Dans un contexte où Israël se bat encore pour rapatrier ses otages, cette posture est vécue comme une trahison silencieuse.


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