Suite à l’inculpation grave d’Eli Feldstein, ancien porte-parole du Premier ministre, et d’un réserviste de Tsahal, des rabbins de la mouvance sioniste religieuse ont adressé une lettre aux responsables de la sécurité israélienne. Ils ont averti que l’arrestation et les enquêtes concernant ces deux hommes pourraient avoir de « graves conséquences » et dénoncé ce qu’ils qualifient de calomnie injustifiée.

Une lettre de soutien des rabbins

Parmi les signataires de la lettre figurent d’éminents rabbins tels que Dov Lior, ancien rabbin de Kiryat Arba, Eliezer Melamed, rabbin de Samarie, Shmuel Eliyahu, rabbin de Safed, ainsi que d’autres chefs de yeshivot et institutions religieuses. Ils dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une politique de discrimination dans les enquêtes menées par les institutions de sécurité.

Les rabbins ont écrit :

« Nos fils et étudiants combattent avec un dévouement sans faille sur tous les fronts, certains enterrant leurs proches, d’autres les accompagnant dans les hôpitaux et les centres de réhabilitation. Pourtant, nous observons une tendance flagrante de traitement différencié entre différents secteurs, ce qui mine la confiance du public envers le système. »

« En pleine guerre, nous sommes témoins de la négligence des institutions qui traitent certains des mobilisés comme s’ils étaient les pires ennemis. Leur nom est sali par des accusations mensongères, ils sont menottés comme des terroristes et privés de droits fondamentaux. »

Ils ont également souligné :

« Le capitaine Feldstein et d’autres soldats font l’objet d’enquêtes pour des fuites, dans des conditions difficiles dignes de celles imposées aux terroristes, tandis que d’autres fuites ne sont pas du tout investiguées. Ces soldats sont interrogés, alors que des commandants ayant failli à leur devoir lors de Sim’hat Torah n’ont pas été inquiétés ni sanctionnés. »

Critique des institutions de sécurité

Dans leur lettre, les rabbins ont sévèrement critiqué les institutions de sécurité et accusé ces dernières de mener l’enquête pour détourner les critiques des défaillances majeures.

 « Les soupçons de mise en danger de la sécurité de l’État, qui s’avéreront sans aucun doute être infondés, constituent une tâche noire pour le système militaire et le Shabak. Il est clair que rejeter la responsabilité sur d’autres vise à détourner les critiques de ceux qui portent eux-mêmes la responsabilité des graves défaillances. Nous exigeons une révision complète de la gestion des événements, avant Sim’hat Torah et jusqu’à aujourd’hui, afin d’empêcher que des intérêts divergents influencent le processus. »

Réactions des rabbins

Les rabbins soutiennent que ces accusations visent à détourner l’attention des défaillances des dirigeants responsables des événements de Sim’hat Torah (7 octobre), un jour marqué par des attaques meurtrières. Ils appellent à une révision complète de la gestion de l’enquête et des responsabilités concernant les échecs sécuritaires.

Ils concluent leur lettre par une demande explicite :

« Les accusations portées contre Feldstein et le réserviste, que nous sommes convaincus de voir réfutées, ternissent l’image des institutions militaires et du Shabak. Ces enquêtes doivent être revues pour ne pas servir d’alibi à des intérêts personnels ou politiques. »

Inculpations et charges

Feldstein est accusé de divulgation de secrets d’État dans une intention perçue comme nuisible à la sécurité nationale, un délit passible de réclusion à perpétuité. Le réserviste, quant à lui, est accusé de transmission illégale d’informations confidentielles, de falsification et de vol de documents. L’enquête pourrait également aboutir à d’autres inculpations dans cette affaire.

L’acte d’accusation décrit également comment Feldstein aurait tenté de manipuler l’opinion publique à travers ces informations, contactant divers conseillers du Premier ministre pour orchestrer des fuites médiatiques, notamment au Bild. Cependant, l’acte d’accusation souligne qu’il n’y a aucune preuve d’implication directe de Benjamin Netanyahou dans cette affaire.

Plus de détails sur l’affaire des « fuites » par Feldstein :

Hier, des accusations lourdes ont été portées contre Feldstein. Il est accusé de divulgation intentionnelle d’informations secrètes dans le but de nuire à la sécurité nationale, une infraction passible de la réclusion à perpétuité, ainsi que de détention illégale d’informations classifiées et d’obstruction à la justice. Le réserviste est également inculpé pour cinq chefs d’accusation incluant la divulgation de documents secrets, l’obstruction à la justice et le vol de documents par une personne autorisée. D’autres inculpations pourraient suivre dans cette affaire.

Feldstein, selon l’acte, a envoyé un message WhatsApp à Yonatan Urich, conseiller principal du Premier ministre, le 6 juin 2024 :

« Un officier supérieur, une de mes sources dans Aman, veut transmettre des documents avec une urgence immédiate au Premier ministre. Du matériel dingue. »

Il a ensuite écrit :

« Ne réponds pas et ne m’appelle pas, ce que je prépare pour ce week-end vaut un million de dollars. »

Peu après, il a ajouté :

« Et j’ai besoin du Premier ministre pour ça. »

Par la suite, le 13 juin et le 4 juillet, d’autres tentatives ont été faites pour transmettre des informations classifiées à Feldstein. Le 7 août, lui et le réserviste ont fixé un rendez-vous au quartier général de la Kirya à Tel-Aviv. Le 1er septembre, dans le cadre des préparatifs médiatiques pour répondre à l’émotion publique causée par l’élimination des otages, et motivé par son désir de manipuler le discours public, Feldstein a décidé d’utiliser une information classifiée qu’il avait reçue le 7 juin 2024.

Selon l’acte d’accusation, Feldstein a qualifié ces informations de « critiques » et a cherché à les transmettre à des journalistes locaux avant de décider de les faire publier à l’étranger pour contourner la censure israélienne. Le document en question contenait des renseignements sur des négociations avec le Hamas et a été jugé dangereux pour la sécurité nationale.

Lorsqu’il a essayé de transmettre cette information au journaliste Raviv Golan de la chaîne Keshet pour publication, Feldstein a compris que la censure militaire rejetterait sa diffusion, craignant que des sources de renseignement sensibles d’Israël ne soient exposées. Il s’est donc tourné vers Yonatan Urich, conseiller principal de Netanyahou, en lui demandant : « Qui as-tu à l’étranger pour brûler quelque chose de gros ? » avant d’ajouter : « Quelque chose de gros se prépare. »

Urich a ensuite dirigé Feldstein vers Israël « Srulik » Einhorn, un autre conseiller de Netanyahou, en raison de ses liens avec le journal Bild en Allemagne. Selon l’acte d’accusation, Einhorn a contacté un journaliste du Bild pour organiser la publication de l’information, tandis que Feldstein tenait Urich informé de ses démarches. Plus tard, Feldstein a demandé à Einhorn si le document avait été publié, et Einhorn lui a confirmé qu’il serait publié le lendemain.

Le lendemain, une partie significative du document a effectivement été publiée, selon l’acte d’accusation, accompagnée de citations partielles. Après cette publication, Feldstein a continué à se préparer à d’autres articles dans les médias israéliens basés sur ce document. Urich lui a écrit : « Prends ton temps, le boss est content. » Feldstein a ensuite informé Urich et Ofer Golan, un autre porte-parole de Netanyahou : « J’ai rassemblé les documents, il faut les transmettre au boss. »

L’acte d’accusation indique que le document transmis par Feldstein au journal *Bild* n’a pas été porté à la connaissance du Premier ministre Benjamin Netanyahou, car il était jugé non pertinent par rapport à d’autres informations plus récentes disponibles auprès des services de renseignement. Ces dernières ont été transmises aux décideurs politiques conformément aux protocoles habituels.

L’enquête révèle que les réunions au cours desquelles le réserviste a remis les informations classifiées à Feldstein ont eu lieu dans une synagogue sur la base militaire de la Kirya, à Tel-Aviv.

Il est important de noter que, selon l’acte d’accusation, aucune implication directe de Benjamin Netanyahou n’a été mentionnée dans cette affaire.