A quelques heures de Shabath, la communauté juive sur les réseaux sociaux fait face à un événement peu commun suite à un post Facebook publié sur la Page de Thora Box , une association Haredi pour la transmission de la Thora sous forme de Dvar Thora, de vidéos, de films et cours privés organisés en France et en Israel par des rabbanims comme Rav Gabriel DAYAN, Rav Avraham TAIEB , Binyamin BENHAMOU , Dan COHEN, Rav Emmanuel BENSIMON , Rav Garcia ou Rav David TOUITOU et des dizaines d’autres.
Tout a commencé avec un message concernant les Juifs du mouvement réformiste ou libéral, et leur statut sur leur appartenance au peuple Juif. Thora Box a affirmé qu’il est interdit de répondre « Amen » à leur bénédictions dans une synagogue avec la source de Piske Techouvot.
Le Rav Haim Dynovisz qui fait aussi un grand travail vers une communauté juive plus diversifiée avec des centaines de cours vidéo de Torah traitant de tous les grands thèmes de notre temps selon les enseignements du judaïsme, de la Hassidout, du Zohar et de la Kabbala a réagit avec une grande colère suite à ce post, affirmant que les rabbanims de Thora Box étaient des falsificateurs et des bandits et que le Temple avait été détruit à cause de telles positions contre une partie de la communauté Juive ignorante que l’ont pouvait selon la loi considérée comme des « tinokot », des « enfants » et donc ignorants et irresponsables de leur actions :
Le rav Dynovisz a expliqué que la loi (Halah’a) même avec toute son importance doit s’imposer pas avec « la tête » (seh’el) mais avec le cœur (lev) selon ce que dit Rabbi Nahman (Likouté Moharan), afin d’agir avec douceur et amour envers l’ignorant sans forcement le condamner à l’exclusion en se justifiant que la loi de la Thora est la loi sans réfléchir avec le coeur. Il n’appelle pas à modifier ou changer la loi mais à la faire exécuter selon la génération actuelle et l’adapter avec patience et amour pour ne pas diviser. « Le Hah’am est celui qui fait sortir sa sagesse dans le coeur mais pas dans la tête ». Le probleme n’est pas la loi mais comment nous devons l’appliquer sur les autres. Le fait de penser positivement nous éloignera du fanatisme sans faire de mal à autrui selon le Rav Dynovisz.
Comment devient on un fanatique ? -Likoute Moharan- 3 Nov 2019
Suite à la réaction forte du Rav Haim Dynovisz, le Rav Touitou, qui est aussi très présent sur les réseaux sociaux pour ses nombreux cours et qui fait aussi partie de l’équipe de Thora Box a attaqué le Rav Haim en affirmant que ce sont des propos totalement faux, et qui divisent le peuple, et entraînent une grand Hiloul Hachem ( Profanation du Nom de D…)
Mais qu’en-est t’il de cette affirmation concernant les Juifs Libéraux ?
En janvier 2018, le M. Fahri, Juif libéral a posté sur le site de « Thora Box » la question suivante :
Bonjour,
J’ai lu une réponse sur Torah-Box de Rav Avraham Garcia disant qu’un « juif libéral » ne peut compter dans une prière en Minyan, excluant ainsi une grande partie du peuple juif.
Heureusement, d’autres s’emploient à accueillir les très nombreux Juifs sur lesquels vous prononcez vos ‘Hérèm (excommunication).
Votre lecture rigoriste de la Halakha entraîne loin des synagogues et des maisons d’étude. Je déplore votre attitude et vous engage à peser vos paroles comme le préconisent les Pirké Avot.
Puisse ce Chabbath vous permettre une réflexion salutaire.
Daniel Farhi, Juif libéral ne pouvant donc pas prétendre à faire partie d’un de vos Minyanim, se prétendant, circonstance aggravante, rabbin.
La réponse fut donner par l’un des rabbins de l’équipe de Thora Box, Rav Garcia :
Chalom Ouvrakha très cher M. Farhi,
Comme vous le savez, nous avons reçu une Torah avec une transmission très claire dans ses grandes lignes, surtout en ce qui concerne la Halakha.
Toute personne qui dévie de cette Halakha, si c’est par inadvertance ou ignorance, est considérée comme juive à part entière, et le fait même qu’elle vienne à la synagogue prouve un effort (parfois grand) de sa part, et elle est la bienvenue. J’avais d’ailleurs dans ma synagogue quelques juifs qui n’étaient pas religieux et faisaient souvent partie de notre Minyan, ils recevaient toujours un accueil chaleureux, car il y a toujours eu dans notre peuple des religieux et des moins religieux, mais ce qui était important, c’est que les non-religieux avaient toujours conscience de leur statut, et chacun à son niveau comprenait et savait où se trouvait le « vrai » judaïsme…
Malheureusement, notre histoire a dû faire face à des nouveaux mouvements (dont vous faites partie) qui ont voulu métamorphoser notre religion de l’intérieur et nous faire croire que ce sont eux qui détiennent la vérité…
Au passage, ces mouvements, qui ne font que disparaître en entraînant d’autres avec eux et n’attirent en grande partie que les non-juifs, ont été appuyé par un « rabbin » (comme vous, peut-être), qui se nomme Moïse Mendelssohn. L’histoire nous montre bien que ses idées ont très vite mené le peuple juif à mettre de côté la loi juive et à préférer la belle philosophie qui a ouvert la porte à une assimilation grandissante et aux mariages mixtes. Je tiens aussi à souligner que la plupart des enfants et des petits-enfants de Mendelssohn se convertirent au christianisme (« Histoire d’Israël » de Yaffa Ganz, page 255).
On peut donc s’appeler rabbin, mais si on innove des idées autodestructrices, et si on s’efforce de faire croire à notre peuple que la vérité est celle des réformistes et des libéraux, on est aussitôt cataloguer par nos Sages comme étant « Hoté Ouma’hti Ete Harabim », fautant et entraînant les autres à fauter.
Vous devez certainement vous rappeler (si vous êtes rabbin) du faux prophète qui tenta de dévier le peuple d’Israël vers d’autres D.ieu (Parachat Réé 13,2). Je ne crois pas que le verset nous demande de l’accepter, bien au contraire (vous êtes prié de consulter les versets), il s’agit là d’une épreuve, comme nous l’écrit le verset : « Car D.ieu veut vous mettre à l’épreuve pour tester votre foi en Lui ».
Souvenez-vous aussi de cette terrible histoire avec Yérovam ben Névat (Mélakhim 16-26), qui fut « roi d’Israël », mais qui entraîna le peuple dans la faute et le péché par ses reformes.
Notre maître le Rambam (Hilkhot Téchouva chapitre 3, Halakha 6 et 10) nous énumère tous les personnages qui ont fauté et qui ont entraîné les autres dans la faute, parmi eux Yérovam ben Névat. Ce sont des personnes qui n’auront pas de monde futur, nous écrit-il (ses propos sont tirés de la Michna et la Guémara Sanhédrin).
Je n’ai pas l’ombre d’un doute que les mouvements libéraux dont vous faites partie sont inclus dans la sanction réservée au faux prophète, et que ces personnes ont le même statut que celui de Yérovam ben Névat… Vous pouvez être rabbin, roi, et même prophète, mais si vous déviez notre peuple de sa trajectoire spirituelle, vous êtes dès lors exclu.
Est-ce que les sages d’Amsterdam, qui ont excommunié en 1656 Baroukh Spinoza pour ses idées destructrices, ne connaissaient-ils pas les Maximes de nos pères auxquels vous faites référence ?
Il est évident que nos Sages nous demandent d’aimer tous les êtres humains, tant qu’ils ne mettent pas en danger notre peuple… Si un terroriste pénètre dans une synagogue avec une arme à feu, prêt à tuer tous les participants (‘Hass Véchalom), je ne crois pas que le rabbin présent évoquera les propos de nos Sages dans les Maximes de nos pères, qui nous disent d’aimer tous les êtres… car un être qui tue doit être, dans le meilleur des cas, maîtrisé… Ceux qui font fauter notre peuple, le tuent spirituellement. Nos Sages nous disent « Gadol Hama’htio Yotèr Mine Ha’orgo », il est plus grave de faire fauter une personne que de la tuer (Midrach Rabba Parachat Pin’has).
La Torah, c’est comme un jeu d’échecs ou de la musique : les règles sont les mêmes et immuables, mais la façon de jouer ou de composer est relative à chacun ; les ‘Hassidim ont « composé » à leur manière, les Séfarades aussi, et les Ashkénazes ont eux aussi « joué » à leur façon, mais les règles étaient, sont et seront toujours les mêmes. Les mouvements libéraux, quant à eux, ont totalement changé et modifié toutes les règles.
Je pense, avec ces quelques lignes écrites la veille de Chabbath, avoir été compris, et je vous souhaite Chabbath Chalom.
Dans les commentaires qui ont suivi la réponse du Rav Garcia, un intervenant du nom de Moshe S. a donné l’avis de Rav Zamir, concernant les libéraux :
Il ne fait pas de doute que nous devons accorder une pleine légitimité à tous les courants du judaïsme, si temps est qu’ils fassent partie des courants du judaïsme.
Par ailleurs, il est clair qu’à l’instar du christianisme et de l’islam qui sont toutes deux des religions, le judaïsme en est une également (même si de toute évidence, nous ne situons pas le judaïsme, au même niveau que les deux autres religions, celles-ci étant « dérivées » du judaïsme).
A l’évidence, toute personne qui éprouve du mépris vis-à-vis de propos mentionnés dans le livre de référence de la religion chrétienne ou musulmane, ou/et qui renie les fondements mêmes de la religion chrétienne ou musulmane, ne pourra jamais revendiquer de la part des représentants de ces religions, une reconnaissance de sa « voie » comme étant un courant de cette religion sous prétexte que des symboles chrétiens ou musulmans y font partie. Tout au plus, cela serait considéré comme une nouvelle religion ayant emprunté des symboles et caractéristiques chrétiens ou musulmans.
Pareillement, tout individu qui dénigre certains propos figurant dans le livre référence du peuple juif (la Torah) ou/et qui rejette catégoriquement des principes fondamentaux du judaïsme tels que l’interdiction de consommer certains animaux dits impur, l’interdiction de contracter un mariage avec une personne non juive, la croyance en Dieu etc, ne peut se permettre de demander que son attitude soit reconnue comme un courant de la religion juive.
Les chiffres suivants (Les réformés, Édition Manof, p. 50) issus d’un sondage effectué par « Rabbi » Willer auprès des fidèles d’une communauté réformée à Lewis Wale dans le Kentuck (USA), illustrent parfaitement ce qui est écrit précédemment :
25% n’ont pas circoncis leurs fils
68% n’allument pas les bougies de Chabbath
60% célèbrent le nouvel an chrétien avec l’installation du sapin et l’achat de cadeaux
70% pensent que les enfants doivent prendre part aux chorales où sont entonnés des chants chrétiens
50% célèbrent la Pâques chrétienne
59% travaillent le jour de Yom Kippour
80% mangent du ‘Hamets à Pessa’h
50% ne célèbrent pas ‘Hanouka
35% affirment que le judaïsme ne comble pas leurs besoins religieux
30% ne considèrent pas le renouveau du judaïsme(d’après-guerre)comme quelque chose de souhaitable
Paru dans le journal Haarets du 21 juin 1985 :
1. Le centre des « rabbins » réformés dans le New Jersey propose au public dans une de ses circulaires officielles, de célébrer des mariages mixtes, dans une église avec un curé.
2. Une liste de plus de 200 « rabbins » décrits comme « célébrant des mariages sans exiger de conversion au préalable ».
Au passage, vous noterez l’absurdité de l’attribution du titre de rabbin, habituellement réservé à l’élite des personnes observant les préceptes de la Torah, à des individus capables de marier un juif avec une non-juive et vice-versa, alors que ceci est contraire aux prescriptions même de la Torah et à l’intérêt national juif ! Il est clair que cette démarche n’est que de la poudre aux yeux pour tenter de conférer une légitimité juive au culte des réformés par tous les moyens.
Reouven Rivlin, Président de l’état d’Israël (député à l’époque des faits) a affirmé au terme d’une visite auprès d’une communauté réformée aux États-Unis :
« En tant que juif n’observant pas les 613 Mitsvot ni même 13 Mitsvot, j’ai été profondément choqué par ce que j’ai vu. J’ai découvert un groupe qui observait un culte dont le lien avec le judaïsme n’a rien de réel. Je croyais me trouver dans une église ! Je suis entièrement bouleversé. Ceci est de l’idolâtrie, non du judaïsme ! Jusque-là je pensais que les réformés étaient un courant dans le judaïsme ; après avoir visité deux de leurs « synagogues », je suis à présent convaincu que c’est une toute nouvelle religion qui n’a aucun lien avec le judaïsme ! ».
Mr Behnamou de Thora Box a réagit sur la Page Facebook :
» Depuis plusieurs jours, la mauvaise interprétation d’un seul de nos messages a malheureusement déclenché des propos diffamatoires à l’encontre de l’association Torah-Box et des insultes contre le monde de la Torah et des Rabbanim. Il est évident que tous les Juifs sont égaux par rapport à D.ieu et à la Torah et par rapport à leur rôle dans le peuple Juif. Ceci est fort regrettable.
Nous rappelons que l’essentiel de notre activité au quotidien depuis 15 ans est de s’adresser bénévolement aux Juifs les plus isolés dans les 4 coins du monde, jours et nuits, passant une énorme partie de notre temps à répondre, toutes les 4 minutes en moyenne, à toutes sortes de questions d’ordre halakhique ou psychologique, à tout juif ou non-juif qui aurait un besoin. Toute l’année, nous parcourons le monde à la rencontre de chacun, sans distinction de conviction ou d’idéologie et prouvons au quotidien par là notre ouverture vers tous les Juifs, si besoin étant.
Il est regrettable qu’on tente de transformer des débats d’idées en supposé volonté de désunion et de scission dans le peuple de notre part. Torah-Box ne lutte que contre des idées dangereuses, sans viser personnellement des gens et n’acceptera jamais de diffamation à son sujet.
Merci aux très nombreux messages de soutien. Nous continuerons encore plus fort à diffuser le message authentique de la Torah, fidèle à la Halakha, référencé chez nos Sages, avec toujours plus d’ouverture et invitons le public à s’adresser toujours à ceux qu’on critiquent avant de juger.
Binyamin Benhamou – L’équipe Torah-Box – Les Rabbanim
Nous laisserons à chacun de nos lecteurs jugés par lui même la réaction de ces divers rabbanim concernant ce sujet épineux, Shabath Shalom à tous.