Rav Yigal Levinstein : « S’éloigner de la place des otages comme du feu »

La phrase est tombée comme un couperet : « S’éloigner de la “place des otages” comme du feu et ne pas y mettre les pieds. La gauche utilise les religieux. Ils détruisent tout ce qu’ils touchent. » Par ces mots, le rabbin Yigal Levinstein, figure connue du courant national-religieux et fondateur de la yeshiva d’Eli, a déclenché un débat brûlant au sein de la société israélienne. Ses propos, relayés sur les réseaux sociaux et commentés par Arutz Sheva, traduisent une exaspération croissante face à la politisation d’un lieu devenu emblématique : la “place des otages” à Tel-Aviv.

Créée spontanément après le 7 octobre, la place a d’abord symbolisé la douleur et la solidarité. Des familles y ont pleuré leurs proches, des Israéliens de toutes tendances y ont prié ensemble. Mais au fil des mois, le lieu a changé de nature. Les banderoles “Ramenez-les à la maison” se sont mêlées aux pancartes “Élections maintenant”, et la scène de recueillement s’est transformée en tribune anti-gouvernementale. Pour le rav Levinstein, ce glissement est une trahison du sens originel : « Ces gens exploitent la souffrance pour démolir l’unité d’Israël. Ils ne cherchent pas la vérité ni la compassion, mais la chute du gouvernement », a-t-il affirmé lors d’un cours diffusé à ses élèves.

Ses mots résonnent dans un climat politique tendu. Alors que la libération des otages vivants a provoqué une joie nationale, une partie de la gauche tente de prolonger la contestation. Certains militants du camp de Kaplan affirment que “le combat n’est pas terminé”, exigeant la démission de Netanyahou et une “refondation démocratique”. Pour Levinstein, cette posture est indécente : « Ils ont crié “ramenez-les tous maintenant” — maintenant qu’ils sont revenus, ils crient “renvoyez le gouvernement tout de suite” », ironise-t-il. Le rabbin voit dans cette attitude une dérive morale : celle d’un courant qui transforme chaque tragédie en opportunité politique.

Le débat dépasse la seule figure du rav Levinstein. Il pose une question centrale : à qui appartient la mémoire ? Peut-on manifester pour les otages sans instrumentaliser leur sort ? Des voix modérées, y compris dans le camp religieux, reconnaissent la nécessité de préserver un espace d’expression pour les familles, mais dénoncent la manipulation orchestrée par certaines ONG proches de l’opposition. Selon Reuters, plusieurs associations internationales ont cessé de participer aux rassemblements, craignant “une dérive politisée et partisane”. La “place des otages” est devenue le miroir des fractures israéliennes : compassion d’un côté, agitation idéologique de l’autre.

Pour le gouvernement, ces tensions ne sont pas anodines. Elles montrent que, même après la victoire militaire et le retour des captifs, la bataille de l’opinion se poursuit. Les autorités religieuses appellent à un retour à la décence et au silence intérieur. “Nous devons prier, pas manifester”, a déclaré Levinstein. En filigrane, son message dépasse la polémique : il rappelle que la résilience d’Israël repose sur sa foi, pas sur ses slogans. Alors que certains veulent raviver la discorde, d’autres, à l’image du rav d’Eli, appellent à refermer les plaies pour que le pays puisse enfin guérir.


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