RĂ©action du Hezbollah aprĂšs l’élimination de son chef d’état-major

L’élimination du chef d’état-major du Hezbollah au Liban, survenue quelques heures avant la premiĂšre rĂ©action de l’organisation, a profondĂ©ment secouĂ© la rĂ©gion. Le mouvement chiite, habituellement prompt Ă  menacer, a cette fois rĂ©pondu avec une retenue inhabituelle, trahissant davantage l’embarras stratĂ©gique que la confiance martiale. Tandis que les mĂ©dias arabes relayaient les premiĂšres images du site de l’explosion, IsraĂ«l se prĂ©parait dĂ©jĂ  Ă  l’éventualitĂ© d’une riposte, tout en estimant que le Hezbollah pourrait choisir de s’abstenir, paralysĂ© par la crainte d’une escalade qu’il ne maĂźtrise plus.

Selon les dĂ©clarations rapportĂ©es par l’agence Srogin News et confirmĂ©es par des sources libanaises, le vice-prĂ©sident du conseil politique du Hezbollah, Hachem al-Qamati, a dĂ©clarĂ© que “toutes les options sont ouvertes aprĂšs l’attaque contre un cadre dirigeant”. Une phrase qui, dans le contexte du Hezbollah, relĂšve davantage du rĂ©flexe rhĂ©torique que d’une stratĂ©gie arrĂȘtĂ©e. Les responsables du mouvement, frappĂ©s par la prĂ©cision de l’attaque, savent parfaitement qu’une escalade majeure dĂ©clencherait une rĂ©action israĂ©lienne d’une ampleur sans prĂ©cĂ©dent, au moment mĂȘme oĂč l’organisation est politiquement fragilisĂ©e et militairement sous pression depuis le 7 octobre.

En IsraĂ«l, l’appareil sĂ©curitaire suit heure par heure l’évolution de la situation. Les sources politiques citĂ©es par plusieurs mĂ©dias indiquent que l’évaluation dominante Ă  JĂ©rusalem est que la riposte du Hezbollah “pourrait ne jamais arriver”, ou du moins rester d’une ampleur limitĂ©e. Contrairement aux illusions propagĂ©es dans certains cercles libanais, le Hezbollah n’a aucun intĂ©rĂȘt rĂ©el Ă  ouvrir une guerre totale avec IsraĂ«l alors que l’organisation peine dĂ©jĂ  Ă  gĂ©rer l’instabilitĂ© intĂ©rieure, les sanctions financiĂšres internationales, l’opposition croissante de certains responsables chiites et la pression de la rue libanaise, excĂ©dĂ©e par les destructions provoquĂ©es par les aventures militaires du mouvement.

L’élimination d’Ali Tabatabai constitue un coup majeur Ă  la structure militaire de l’organisation. Selon les analyses publiĂ©es par Reuters et AP, Tabatabai faisait partie du cercle trĂšs restreint supervisant les opĂ©rations directes contre IsraĂ«l, y compris la coordination avec les unitĂ©s dĂ©ployĂ©es le long de la frontiĂšre nord. Le frapper Ă  ce niveau d’exposition signifie non seulement une faille sĂ©curitaire interne — que le Hezbollah tentera sans doute d’étouffer — mais aussi une dĂ©monstration de capacitĂ©s de renseignement israĂ©liennes qui inquiĂšte sĂ©rieusement la direction du mouvement. La mort de Tabatabai intervient Ă©galement Ă  un moment oĂč l’Iran cherche Ă  Ă©viter toute guerre rĂ©gionale susceptible de compromettre ses avancĂ©es diplomatiques et ses projets nuclĂ©aires. Le Hezbollah, en tant que proxy stratĂ©gique, n’a pas la libertĂ© totale qu’il prĂ©tend possĂ©der.

Sur le plan interne, le Liban traverse une crise existentielle. L’État s’effondre, les infrastructures se dĂ©gradent, les hĂŽpitaux manquent de matĂ©riel, l’inflation reste galopante. Dans ce contexte, une escalade avec IsraĂ«l serait perçue par une partie importante de la population comme une catastrophe supplĂ©mentaire, imposĂ©e par une milice qui n’a aucune responsabilitĂ© dĂ©mocratique. Ce climat explique en grande partie la prudence extrĂȘme du mouvement, qui sait que chaque erreur pourrait attiser une colĂšre populaire dĂ©jĂ  brĂ»lante.

La rĂ©action officielle du Hezbollah s’est donc limitĂ©e Ă  une formule vague, presque automatique, laissant clairement entendre que l’organisation n’a pas encore dĂ©fini la moindre rĂ©ponse. Le contraste est d’autant plus saisissant que, dans les minutes ayant suivi l’annonce de la mort de Tabatabai, les rĂ©seaux sociaux liĂ©s Ă  l’organisation s’attendaient Ă  une dĂ©claration martiale, voire Ă  l’annonce d’une salve immĂ©diate de roquettes. Rien de tout cela n’est arrivĂ©. Ce silence, dans la rĂ©gion, vaut aveu de faiblesse. Les responsables israĂ©liens, eux, n’en tirent aucune conclusion hĂątive, conscients que mĂȘme une rĂ©action limitĂ©e peut entraĂźner une escalade involontaire. Les forces de Tsahal restent dĂ©ployĂ©es en Ă©tat d’alerte renforcĂ©e dans le nord, anticipant une attaque ponctuelle, probablement symbolique, permettant au Hezbollah de sauver la face sans se risquer Ă  une guerre frontale.

Au-delĂ  de l’évĂ©nement lui-mĂȘme, cette Ă©limination confirme une rĂ©alitĂ© stratĂ©gique essentielle : le Hezbollah est en position dĂ©fensive. L’organisation tente de concilier la pression iranienne, la colĂšre populaire libanaise et la dissuasion israĂ©lienne, tout en conservant l’image d’un mouvement rĂ©sistant. Mais la frappe d’hier expose ses vulnĂ©rabilitĂ©s, son incapacitĂ© Ă  protĂ©ger ses dirigeants, et surtout la maĂźtrise opĂ©rationnelle d’IsraĂ«l, qui dĂ©montre une fois de plus qu’il peut atteindre, Ă  tout moment, les plus hauts niveaux de l’appareil terroriste.

L’avenir immĂ©diat dĂ©pendra de la dĂ©cision que prendra la direction du Hezbollah dans les prochaines heures. Une rĂ©ponse disproportionnĂ©e provoquerait une campagne israĂ©lienne massive contre ses infrastructures. Une absence de rĂ©action confirmerait la perte d’équilibre stratĂ©gique de l’organisation. Dans les deux cas, IsraĂ«l en sort renforcĂ© : soit par la dĂ©monstration de sa puissance, soit par la preuve de l’efficacitĂ© de sa dissuasion. La mort d’Ali Tabatabai pourrait ainsi marquer un tournant silencieux, mais dĂ©terminant, dans la confrontation avec la milice chiite. Et dans un Moyen-Orient oĂč chaque erreur se paie en dĂ©cennies, le Hezbollah sait qu’une mauvaise dĂ©cision pourrait sceller son affaiblissement pour longtemps.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 – Tous droits rĂ©servĂ©s

 

Â